A. Le vieil homme et l'oiseau
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Amanda.
July_C
Admin
Sherkane
Myrte
9 participants
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A. Le vieil homme et l'oiseau
Il habite ici, au pied du phare.
On a détruit tous les bâtiments de la station météorologique sauf sa maison, délabrée comme lui.
Les roses du papier peint se sont fanées.
C’est un vieux loups solitaire, un voyageur immobile.
Evgenia le prenait en photo chaque jour.
Elle ne comprenait pas comment il pouvait rester aussi seul depuis si longtemps, sans parler à personne. Elle lui a offert une perruche pour lui tenir compagnie et a dit de lui apprendre à parler, un mot par jour. Elle a sans doute eu cette idée pour l’obliger à parler.
Il n’est pas sur que les perruches parlent.
Lorsqu’il lui donne ses graines, il lui dit « manger », puis quand il se couche « dormir » et quand il se lève « matin »
Hier, dans sa cage, elle regardait par la fenêtre et il lui a dit « neige »
C’est l’heure. Il relève la température du vent, le taux d’humidité, la pression atmosphérique et la qualité de la neige de la toundra.
Lorsqu’il revient, le vent s’engouffre par la porte et il dit « vent ».
Mais il n’aime pas voir son oiseau dans une cage.
Ce soir, il a laissé sa porte ouverte et il l’observe à la dérobée.
La perruche s’est approchée de l’ouverture, s’est perchée sur le seuil de la cage et a incliné sa petite tête dans tous les sens, comme pour explorer l’immensité de la maison.
Il lui tourne le dos pour ne pas l’effaroucher.
C’est alors qu’il entend un bruissement d’aile et qu’il sent une petite chose se poser sur son épaule.
Il ose à peine respirer. Sa main s’arrête de transmettre les impulsions en morse à la radio.
Dans les écouteurs, Boris ne tarde pas à se manifester :
« Ben qu’est-ce que tu fabriques Slava ? Tu t’arrêtes en pleine phrase ? On en était à la pression atmosphérique. »
Et, c’est alors que la perruche se met à chanter comme jamais il ne l’avait entendue. Ses petits cris stridents emplissent l’espace.
Slava médusé, sous le charme de cette étrange mélodie, a coupé la radio.
Il avait oublié le chant des oiseaux. On n’entend rien dans la toundra. Juste le souffle du vent.
L’oiseau est là, posé sur son épaule et s’égosille. Le vieil homme attendri se laisse envouter par sa musique, puis, il se met à chantonner comme pour accompagner son petit compagnon.
L’oiseau cesse de vocaliser, penche sa tête, l’écoute et reprend de plus belle.
Un merveilleux duo est né, une chorale improvisée, dans cette cabane en bois au milieu des immenses plaines.
Aujourd’hui, Slava est resté au lit. Il a de la fièvre depuis plusieurs jours, mais ce matin ça ne va pas du tout. Il n’a plus de force.
L’oiseau, désormais libre, hors de sa cage, sautille sur le lit, vient lui piquer le nez.
Le vieil homme ne réagit plus. Il est de plus en plus faible.
Quand, au bout de trois jours sans nouvelles de lui, l’équipe de la météorologie inquiète a débarqué dans sa maison, le vieil homme était mort et un oiseau sautillait sur lui en disant : « Ben qu’est-ce que tu fabriques Slava ? »
On a détruit tous les bâtiments de la station météorologique sauf sa maison, délabrée comme lui.
Les roses du papier peint se sont fanées.
C’est un vieux loups solitaire, un voyageur immobile.
Evgenia le prenait en photo chaque jour.
Elle ne comprenait pas comment il pouvait rester aussi seul depuis si longtemps, sans parler à personne. Elle lui a offert une perruche pour lui tenir compagnie et a dit de lui apprendre à parler, un mot par jour. Elle a sans doute eu cette idée pour l’obliger à parler.
Il n’est pas sur que les perruches parlent.
Lorsqu’il lui donne ses graines, il lui dit « manger », puis quand il se couche « dormir » et quand il se lève « matin »
Hier, dans sa cage, elle regardait par la fenêtre et il lui a dit « neige »
C’est l’heure. Il relève la température du vent, le taux d’humidité, la pression atmosphérique et la qualité de la neige de la toundra.
Lorsqu’il revient, le vent s’engouffre par la porte et il dit « vent ».
Mais il n’aime pas voir son oiseau dans une cage.
Ce soir, il a laissé sa porte ouverte et il l’observe à la dérobée.
La perruche s’est approchée de l’ouverture, s’est perchée sur le seuil de la cage et a incliné sa petite tête dans tous les sens, comme pour explorer l’immensité de la maison.
Il lui tourne le dos pour ne pas l’effaroucher.
C’est alors qu’il entend un bruissement d’aile et qu’il sent une petite chose se poser sur son épaule.
Il ose à peine respirer. Sa main s’arrête de transmettre les impulsions en morse à la radio.
Dans les écouteurs, Boris ne tarde pas à se manifester :
« Ben qu’est-ce que tu fabriques Slava ? Tu t’arrêtes en pleine phrase ? On en était à la pression atmosphérique. »
Et, c’est alors que la perruche se met à chanter comme jamais il ne l’avait entendue. Ses petits cris stridents emplissent l’espace.
Slava médusé, sous le charme de cette étrange mélodie, a coupé la radio.
Il avait oublié le chant des oiseaux. On n’entend rien dans la toundra. Juste le souffle du vent.
L’oiseau est là, posé sur son épaule et s’égosille. Le vieil homme attendri se laisse envouter par sa musique, puis, il se met à chantonner comme pour accompagner son petit compagnon.
L’oiseau cesse de vocaliser, penche sa tête, l’écoute et reprend de plus belle.
Un merveilleux duo est né, une chorale improvisée, dans cette cabane en bois au milieu des immenses plaines.
Aujourd’hui, Slava est resté au lit. Il a de la fièvre depuis plusieurs jours, mais ce matin ça ne va pas du tout. Il n’a plus de force.
L’oiseau, désormais libre, hors de sa cage, sautille sur le lit, vient lui piquer le nez.
Le vieil homme ne réagit plus. Il est de plus en plus faible.
Quand, au bout de trois jours sans nouvelles de lui, l’équipe de la météorologie inquiète a débarqué dans sa maison, le vieil homme était mort et un oiseau sautillait sur lui en disant : « Ben qu’est-ce que tu fabriques Slava ? »
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Le vieil homme et l'oiseau
J'aime beaucoup comment tu fais évoluer la relation de Slava avec sa perruche :
"il n’aime pas voir son oiseau dans une cage"
Cela correspond bien au Slava que nous fait découvrir Evgenia
"il n’aime pas voir son oiseau dans une cage"
Cela correspond bien au Slava que nous fait découvrir Evgenia
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Le vieil homme et l'oiseau
Par moment ton texte est très poétique .
Il avait oublié le chant des oiseaux. On n’entend rien dans la toundra. Juste le souffle du vent:
Tu as raison, il y avait sans doute bien longtemps que Slava n'avait pas entendu un chant d'oiseau et j'imagine aussi que Slava n'aime pas voir les oiseux en cage.
Une fin bien triste pour Slava mais un échange entre l'homme et l'oiseau tres intense .
Il avait oublié le chant des oiseaux. On n’entend rien dans la toundra. Juste le souffle du vent:
Tu as raison, il y avait sans doute bien longtemps que Slava n'avait pas entendu un chant d'oiseau et j'imagine aussi que Slava n'aime pas voir les oiseux en cage.
Une fin bien triste pour Slava mais un échange entre l'homme et l'oiseau tres intense .
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Le vieil homme et l'oiseau
Touchée par ton texte et la relation entre l'homme solitaire et son oiseau !
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A. Le vieil homme et l'oiseau
J'ai beaucoup aimé te lire, l'atmosphère que tu crées, les liens qui se nouent, le chant de l'oiseau dans la toundra...
Par contre je reste dubitative quant à la toute dernière phrase que tu fais dire à l'oiseau...
Il aurait répété, " vent "neige" etc...D'accord.
Mais là, toute une suite de mots, je n'y crois pas.
Dommage.
Ton texte est excellent, il se suffit à lui-même.
Perso, j'enlèverais la dernière phrase, mais c'est ton choix !
Par contre je reste dubitative quant à la toute dernière phrase que tu fais dire à l'oiseau...
Il aurait répété, " vent "neige" etc...D'accord.
Mais là, toute une suite de mots, je n'y crois pas.
Dommage.
Ton texte est excellent, il se suffit à lui-même.
Perso, j'enlèverais la dernière phrase, mais c'est ton choix !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Le vieil homme et l'oiseau
Comme Nerwen tu as choisi de t'intéresser à cette petite bête. C'est charmant cette manière d'ouvrir la cage et ce début de complicité entre eux, mais pourquoi faire mourir Slava c'est bien triste !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A. Le vieil homme et l'oiseau
Merci pour vos remarques. Pour répondre à Amanda, j'ai voulu écrire un texte fantastique.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Le vieil homme et l'oiseau
Un joli texte, à mi chemin entre le réalisme et le conte ou le récit fantastique. Que Slava ouvre la cage me parait logique. Il y a une contradiction entre cet homme épris de liberté et l’oiseau en cage.
A part la fin, tout est à la limite du réalisme et du fantastique, par exemple, la façon dont il lui apprend les noms des éléments naturels que son métier est d’observer est logique, même si elle est sans doute peu vraisemblable. C’est ce décalage et aussi des traits poétique, qui font l’intérêt de ce texte.
A part la fin, tout est à la limite du réalisme et du fantastique, par exemple, la façon dont il lui apprend les noms des éléments naturels que son métier est d’observer est logique, même si elle est sans doute peu vraisemblable. C’est ce décalage et aussi des traits poétique, qui font l’intérêt de ce texte.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A. Le vieil homme et l'oiseau
J'aime beaucoup ton approche de la vie difficile de Slava, son enrichissement par la création de relations affectives avec l'oiseau, jusqu'à l'émerveillement final de son chant. Le fin, en forme de surprise, nous plonge en effet dans le conte fantastique.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Le vieil homme et l'oiseau
Beaucoup de poésie dans ton texte. Un fond poétique qui adoucit le rythme des phrases courtes qui ponctuent la vie répétitive et somme toute monotone de Slava. Qu'une petite perruche va bouleverser. Un beau texte.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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