A- Fiction...

C'était un mardi, je me souviens bien, J'avais acheté le journal pour avoir le programme du cinéma. Grande amatrice du septième art, je profitais toujours des réductions offertes par mon opérateur téléphonique.
Ce jour là je fus interpellée par un titre qui faisait la une sur cinq colonnes, pas une de moins.
Il était question d'une récente découverte scientifique qui allait faire couler beaucoup d'encre, même révolutionner tous les paramètres de notre existence.
Des chercheurs venaient de mettre au point une technique d'exploration à distance.
Ainsi, on pourrait dans un avenir proche, savoir si oui où non la planète mars était habitée, et par qui. On saurait si la calotte glacière de mercure contient du pétrole, de l'eau ou du gaz liquide. On saurait aussi avec précision quelle est la profondeur  et l’épaisseur du noyau de notre propre planète. Quelle est la distance précise de la terre à n'importe quel astre. Aussi si la vie est possible dans un autre système que notre bon vieux système solaire.
Mieux encore, assorti d'un détecteur de pensée on pourrait sonder les âmes. C'est à dire savoir ce qui se passe dans la tête de tout un chacun, à la seconde près.

Certains pensaient qu'il y avait là un moyen efficace de combattre le terrorisme et le grand banditisme. Il suffisait de renforcer les moyens de la police scientifique. Cela pouvait être également un outil au service des recruteurs et restructurateurs  en entreprise afin d'avoir un personnel docile et corvéable à merci. Comment embaucher ou licencier les bonnes personnes sans se tromper ni prendre de risque: Avec de tels  moyens, fini les grèves et les revendications. Fini aussi la criminalité dite sociale : celle qui consiste à faire valoir ses droits que des patrons voyous bafouent impunément.
En deux coups de clic, tout serait possible. Fini les espions, les sous marins, les taupes et autres caméras de surveillance, fini donc aussi les assauts contre les forces de police, les règlement de compte entre bandes rivales, les enquêtes longues et fastidieuses, les primes de licenciement à verser aux syndicalistes récalcitrants. Fini d'ailleurs les syndicalistes récalcitrants.

Seulement voilà, il y avait un hic : Qu'allait-on faire de tous ces gens devenus inutiles ? A commencer par les fonctionnaires de police, les juges, les magistrats, les gardiens de prison ? Et les autres : tous ceux à qui on enlèverait le pain de la bouche ? Tant de questions dont les décideurs se contrefichaient.  Si ce n'était le coût exorbitant et la lourdeur d'un tel dispositif, pour sûr qu'ils l'auraient déjà testé.