A- Chaos
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Escandélia
Amanda.
Admin
titruk
AlainX
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A- Chaos
Chaos.
Ce n'était pas la première, ni la dernière, il le savait très bien. Il y en aurait d'autres, beaucoup d'autres.
Ce n'était pas d'aujourd'hui, encore moins d'hier. Cela remontait peut-être à la nuit des temps. Mais que savait-il de la nuit des temps ? Dylan n'était là que depuis si peu au regard de l'univers. Cela n'avait d'ailleurs guère d'importance. La relativité est une fluctuance.
Ce qu’il connaissait, c’était ce monde chaotique dans lequel il était tombé le jour de sa naissance. C'était à peine hier, ou avant-hier, ou alors c'était il y a longtemps. Vingt ans, peut-être ? La mémoire est une contraction du temps.
En fait de contraction, il y avait cette crampe qui ne le quittait plus. Une lancinance dans la jambe gauche. C'était pénible cette douleur sourde qui parfois se faisait vive. À bien y réfléchir, cependant, ce n'était pas grand-chose quand on songe à la situation qui était la sienne.
Dylan en avait une autre de crampe, dans la nuque. Celle-là était une nécessité de survie. Il fallait bien la supporter, vaille que vaille. C'était ainsi, y compris pour les autres. Ces proches qui ne l'étaient pas, ces obligés que l'on ne se choisit pas et qu'il faut considérer comme des camarades.
Des heures. Allongé à même le sol, au flanc de cette butte, la tête relevée pour tenter de voir à travers ce qui restait d'une herbe qui avait dû être un peu folle autrefois. Car c'était bien de la folie dont il s'agissait. Cette folie de conquête pour gagner du terrain. Comment penser qu'une vie valait quelques mètres carrés.
À cause de la crampe dans la nuque, le casque se faisait de plus en plus pesant. Il avait l'impression qu'il pénétrait son cerveau. Ça ou autre chose, quelle différence dans cet enfer.
Et puis cela recommença. Une nouvelle rafale. Dylan appuya mécaniquement sur la détente. Comme par réflexe, en fermant les yeux. Cela n'avait aucune importance, on ne visait personne, on tirait, comme ça, vers l'avant, frénétiquement jusqu'à ce que le chargeur se vide.
Pourquoi ? À quoi cela servait-t-il ? Y avait-il encore un ennemi en face?
L'autre jour, John, lors d'un répit, d'une respiration glauque, avait murmuré :
— Et si en face c’était seulement des armes automatiques ?
Il avait insisté sur le mot « seulement ».
Des armes automatiques, évidemment, comme les leurs. Mais peut-être qu'elles se déclenchent toutes seules, dès que quelque chose se met à bouger. Eux par exemple.
Peut-être qu'il n'y a même pas d'ennemis physiquement présents.
Peut-être que l’on se battait contre « du rien ».
Si c'était vrai, quelle absurdité, c'était la troisième année.
Dylan avait répliqué :
— John, tu te rends compte de ce que tu dis ?
— Oui, j’en suis bien conscient.
— Mais alors, qu'est-ce qu'on fait là ?
John eut juste le temps de lui répondre :
— La réponse, mon ami, se trouve dans le vent de la balle qui siffle à ton oreille.
La balle en question arracha la carotide de John. Le sang gicla. Dylan reçut un jet sur le visage. il pensa :
— whore shit !
Ce fut tout.
Ce n'était pas la première, ni la dernière, il le savait très bien. Il y en aurait d'autres, beaucoup d'autres.
Ce n'était pas d'aujourd'hui, encore moins d'hier. Cela remontait peut-être à la nuit des temps. Mais que savait-il de la nuit des temps ? Dylan n'était là que depuis si peu au regard de l'univers. Cela n'avait d'ailleurs guère d'importance. La relativité est une fluctuance.
Ce qu’il connaissait, c’était ce monde chaotique dans lequel il était tombé le jour de sa naissance. C'était à peine hier, ou avant-hier, ou alors c'était il y a longtemps. Vingt ans, peut-être ? La mémoire est une contraction du temps.
En fait de contraction, il y avait cette crampe qui ne le quittait plus. Une lancinance dans la jambe gauche. C'était pénible cette douleur sourde qui parfois se faisait vive. À bien y réfléchir, cependant, ce n'était pas grand-chose quand on songe à la situation qui était la sienne.
Dylan en avait une autre de crampe, dans la nuque. Celle-là était une nécessité de survie. Il fallait bien la supporter, vaille que vaille. C'était ainsi, y compris pour les autres. Ces proches qui ne l'étaient pas, ces obligés que l'on ne se choisit pas et qu'il faut considérer comme des camarades.
Des heures. Allongé à même le sol, au flanc de cette butte, la tête relevée pour tenter de voir à travers ce qui restait d'une herbe qui avait dû être un peu folle autrefois. Car c'était bien de la folie dont il s'agissait. Cette folie de conquête pour gagner du terrain. Comment penser qu'une vie valait quelques mètres carrés.
À cause de la crampe dans la nuque, le casque se faisait de plus en plus pesant. Il avait l'impression qu'il pénétrait son cerveau. Ça ou autre chose, quelle différence dans cet enfer.
Et puis cela recommença. Une nouvelle rafale. Dylan appuya mécaniquement sur la détente. Comme par réflexe, en fermant les yeux. Cela n'avait aucune importance, on ne visait personne, on tirait, comme ça, vers l'avant, frénétiquement jusqu'à ce que le chargeur se vide.
Pourquoi ? À quoi cela servait-t-il ? Y avait-il encore un ennemi en face?
L'autre jour, John, lors d'un répit, d'une respiration glauque, avait murmuré :
— Et si en face c’était seulement des armes automatiques ?
Il avait insisté sur le mot « seulement ».
Des armes automatiques, évidemment, comme les leurs. Mais peut-être qu'elles se déclenchent toutes seules, dès que quelque chose se met à bouger. Eux par exemple.
Peut-être qu'il n'y a même pas d'ennemis physiquement présents.
Peut-être que l’on se battait contre « du rien ».
Si c'était vrai, quelle absurdité, c'était la troisième année.
Dylan avait répliqué :
— John, tu te rends compte de ce que tu dis ?
— Oui, j’en suis bien conscient.
— Mais alors, qu'est-ce qu'on fait là ?
John eut juste le temps de lui répondre :
— La réponse, mon ami, se trouve dans le vent de la balle qui siffle à ton oreille.
La balle en question arracha la carotide de John. Le sang gicla. Dylan reçut un jet sur le visage. il pensa :
— whore shit !
Ce fut tout.
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A- Chaos
Brrrr !!!! une histoire qui fait froid dans le dos de réalisme !!!
titruk- Prend ses marques
- Humeur : joviale
Re: A- Chaos
Une histoire réaliste et terrible, extrêmement bien écrite . Quand tu écris ainsi, je suis fan inconditionnelle parce que tu m'embarques complètement dans ton histoire
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A- Chaos
Un rappel de l'horreur et l'absurdité des guerres menées par de jeunes GI's qui la plupart du temps ne savaient même pas pourquoi ils se battaient.
Ils y allaient, c'est tout...
ILs nous ont quand même sauvés en 1944, ne l'oublions pas.
Ton texte esdt une excellente piqûre de rappel.
Ils y allaient, c'est tout...
ILs nous ont quand même sauvés en 1944, ne l'oublions pas.
Ton texte esdt une excellente piqûre de rappel.
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A- Chaos
En lisant ton texte AlainX, s'affiche automatiquement devant mes yeux, cette affiche symbole de la paix au Viet Nam
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- Chaos
J'ai cherché sur le web la traduction de "Whore shit"....
Un texte engagé que n'auraient pas démenti Joan Baez et Bob Dylan
Un texte engagé que n'auraient pas démenti Joan Baez et Bob Dylan
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A- Chaos
Quelle évocation de l'absurdité et de l'horreur de la guerre !
Ton texte prend les tripes tant il semble réaliste !
Ton texte prend les tripes tant il semble réaliste !
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A- Chaos
Les hommes sont des dingues ! J'ai bien aimé le fait d'avoir donné le nom de Dylan à ton personnage, on se demande vraiment ce qu'il vient faire dans cette histoire, là c'est directement le prix nobel de la Paix qui peut être visé
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A- Chaos
Moi, j'ai été frappée par le détachement de ton personnage qui constate les faits et subit son sort, comme ce doit être le cas dans la réalité de la guerre. La conclusion est terrible nous prend à la gorge.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
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