A. Les esclaves
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Sherkane
Amanda.
Escandélia
tobermory
8 participants
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A. Les esclaves
Il y a très longtemps, le petit peuple des émoticônes, familièrement appelés smileys, vivait sur son île un bonheur sans nuage. Tous jouissaient de leurs émotions en toute liberté. Leurs émotions, c'est-à-dire chacun la sienne. Le rire pour le clan des Lol, la honte pour celui des Shame, le sourire pour les Smile, la stupéfaction pour les Shocked, la tristesse pour les Sad etc. Ah quelle joie de vivre ses émotions à sa guise dans sa petite tête !
Un jour un navire apparut à l’horizon, un bateau fureteur qui surfait drôlement sur un réseau de vagues pas très net. Sur son grand mât flottait un pavillon arborant ce signe mystérieux : @.
- Attention dit un Shocked, c’est le signe des pirates du Web, sauvons nous !
Trop tard, les intrus envahirent bientôt l’île et n’eurent aucune peine à capturer les inoffensives et minuscules créatures qu’ils entassèrent par milliers dans un grand coffre.
- Que vont-ils faire de nous ? gémit un Sad, plus triste que jamais ;
- C’est peut-être juste un canular et ce soir on nous hébergera dans un hôtel de luxe ! dit un Mr Green dans un rire plus jaune que vert.
Une fois le navire accosté, les hommes conduisirent les malheureux sur un marché pour les vendre comme esclaves. Ils avaient été victimes de négriers modernes !
- Ohé, Mesdames et Messieurs, criaient les trafiquants ne vous fatiguez plus à manifester vos émotions, ces mignons smileys le feront pour vous ! Voyez comme ils sont expressifs ! 50 Euros le lot de 10 !
Tout le stock fut écoulé en un rien de temps et les malheureux smileys se retrouvèrent confinés dans les ténèbres des bas-fonds des mémoires d’ordinateurs. De temps à autre, vous en choisissiez un et vous le trainiez à coups d’impulsions électriques jusqu’à l’écran afin qu’il exprime à votre place vos sentiments favoris.
A mesure qu’ils les exploitaient ainsi, les trimballant, pauvres nomades, d’un site à l’autre, les hommes, eux, se vidaient de tout affect, de toute émotion. Un clavier d’ordinateur sous une main, un Smartphone ou un i phone dans l’autre, à l’abri d’avatars trompeurs, ils se robotisaient, télésnobant conjoint, enfants, chien, chat, poisson rouge. Leur cœur finit par se racornir et tomber en poussière, suivi par leurs mains, qui abandonnèrent les claviers. Les smileys purent enfin sortir de leurs prisons et regagner leur île, tout jubilants d’émotions sans maîtres.
Un jour un navire apparut à l’horizon, un bateau fureteur qui surfait drôlement sur un réseau de vagues pas très net. Sur son grand mât flottait un pavillon arborant ce signe mystérieux : @.
- Attention dit un Shocked, c’est le signe des pirates du Web, sauvons nous !
Trop tard, les intrus envahirent bientôt l’île et n’eurent aucune peine à capturer les inoffensives et minuscules créatures qu’ils entassèrent par milliers dans un grand coffre.
- Que vont-ils faire de nous ? gémit un Sad, plus triste que jamais ;
- C’est peut-être juste un canular et ce soir on nous hébergera dans un hôtel de luxe ! dit un Mr Green dans un rire plus jaune que vert.
Une fois le navire accosté, les hommes conduisirent les malheureux sur un marché pour les vendre comme esclaves. Ils avaient été victimes de négriers modernes !
- Ohé, Mesdames et Messieurs, criaient les trafiquants ne vous fatiguez plus à manifester vos émotions, ces mignons smileys le feront pour vous ! Voyez comme ils sont expressifs ! 50 Euros le lot de 10 !
Tout le stock fut écoulé en un rien de temps et les malheureux smileys se retrouvèrent confinés dans les ténèbres des bas-fonds des mémoires d’ordinateurs. De temps à autre, vous en choisissiez un et vous le trainiez à coups d’impulsions électriques jusqu’à l’écran afin qu’il exprime à votre place vos sentiments favoris.
A mesure qu’ils les exploitaient ainsi, les trimballant, pauvres nomades, d’un site à l’autre, les hommes, eux, se vidaient de tout affect, de toute émotion. Un clavier d’ordinateur sous une main, un Smartphone ou un i phone dans l’autre, à l’abri d’avatars trompeurs, ils se robotisaient, télésnobant conjoint, enfants, chien, chat, poisson rouge. Leur cœur finit par se racornir et tomber en poussière, suivi par leurs mains, qui abandonnèrent les claviers. Les smileys purent enfin sortir de leurs prisons et regagner leur île, tout jubilants d’émotions sans maîtres.
Dernière édition par tobermory le Ven 24 Mar - 10:48, édité 1 fois
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A. Les esclaves
Quel texte ! une vraie réussite pour nous faire la démonstration qu'à force de se complaire dans des trucs et des machins sans âmes, on fini par perdre la sienne. Tout en finesse et subtilité! si j'osais je te gratifierais d'un bravo, d'un 10/10 , je me prosternerais à tes pieds mais tu cartonnes, quel talent, vive toi !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Les esclaves
Une fable jubilatoire qui finit bien, vraiment je salue ton imagination et je suis ravie aussi de te voir à,nouveau écrire ici, tu nous as manqué !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Les esclaves
J'adore tout particulièrement la première partie de ton texte J'aime l'idée de ce peuple d'émoticônes
Un texte plein d'humour et au rythme enlevé
Un texte plein d'humour et au rythme enlevé
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Les esclaves
Je n'utiliserai plus les émoticônes sans penser à cette histoire...
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Les esclaves
Superbe ! Et ouf ça se termine bien pour nos petits amis
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A. Les esclaves
Leur cœur finit par se racornir et tomber en poussière,
N'est-ce pas ce qui va arriver aux prochaines générations de fanatiques de l'écran tactile ?
Une fable qui, sous son côté humoristique, invite à la réflexion ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Les esclaves
Merci pour vos commentaires !
Amanda : en effet, j'avais décroché. C'est une question de rythme : quand on est dedans, tout est est plus facile.
Si je loupe un jeu pour une raison ou une autre, pour le suivant je vais me dire "le sujet ne m'inspire pas" et le suivant, encore moins. Donc ne pas se demander si ça inspire ou non, mais se lancer. J'espère que je réussirai à suivre ce conseil...
Amanda : en effet, j'avais décroché. C'est une question de rythme : quand on est dedans, tout est est plus facile.
Si je loupe un jeu pour une raison ou une autre, pour le suivant je vais me dire "le sujet ne m'inspire pas" et le suivant, encore moins. Donc ne pas se demander si ça inspire ou non, mais se lancer. J'espère que je réussirai à suivre ce conseil...
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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