A. Au coin !
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Martine27
Cassy
Feuilledethé
Nerwen
8 participants
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A. Au coin !
Lorsque s’en vient le soir, les ombres s’allongent sur le mur et je revois la scène…
J’ai trois ans à peine, et, bien que le mur soit parfaitement rectiligne, je suis « au coin », une des nombreuses brimades que mon jeune âge m’expose à subir. Subir est un bien grand mot, mais, si comme moi, vous étiez nanti d’une sœur ainée qui rêvait d’être maîtresse d’école, vous comprendrez ce que je veux dire.
Dès que la cloche la libère de la salle de classe, elle se précipite chez nous pour son jeu favori. Moi, je suis trop petit, je ne vais pas encore à la Communale. Quelquefois, maman me laisse à ce qui n’est plus la salle d’asile mais pas encore tout à fait l’école maternelle. Je n’aime pas ! La plupart de mes semblables y sont braillards et morveux, mais la dame qui nous garde n’a rien de la maîtresse comme l’imagine ma sœur. Elle a la voix douce et quand elle nous prend dans ses bras pour nous consoler d’un genou écorché ou d’une bosse, une bonne odeur de talc et de verveine nous enveloppe que c’est un plaisir de se faire câliner… Pour un peu je ferais exprès de prendre un gadin…
Mais avec ma Colette, c’est une autre chanson ! Pour elle, la qualité première de la maîtresse est la sévérité. Elle ne s’en laisse pas compter et, à l’aide de punitions et de menus sévices corporels, elle dompte tout son petit monde. Moi en l’occurrence, et quelquefois, une ou deux de ses horribles poupées dépenaillées…
Quand retenti la voix autoritaire : « Va au coin ! » je n’ai garde de pleurnicher, se serait m’exposer à une autre sanction. Là, le nez collé contre le mur qui sent le salpêtre, je ne bouge pas, pendant qu’elle-même, bien dans son rôle, pose des opérations sur le mur devenu tableau noir, à l’aide d’une pierre calcaire en guise de craie. Tout à l’heure, elle va me demander de les résoudre et, bien sûr, le cancre de sa classe ne pipera mot…
« A genoux ! », alors, je tire très fort sur mes chaussettes pour protéger les dits genoux des cailloux de la cour.
Ce que je déteste le plus, ce sont les coups de baguette sur le bout des doigts réunis. Ça fait un mal de chien et quelquefois, je ne peux retenir un hurlement, un peu forcé je l’avoue, histoire de voir ma mère venir m’arracher des mains de ma tortionnaire qui feint l’innocence et l’incompréhension devant tant d’ingratitude. Après tout, c’est pour m’endurcir en vue de la grande école !
Ma sœur est devenue une excellente maîtresse d’école. Ses instincts de dominatrice se sont sans doute éteints quand elle a grandi et quand je lui rappelle ces scènes, elle dit que j’exagère et que j’étais son petit frère préféré…
J’ai trois ans à peine, et, bien que le mur soit parfaitement rectiligne, je suis « au coin », une des nombreuses brimades que mon jeune âge m’expose à subir. Subir est un bien grand mot, mais, si comme moi, vous étiez nanti d’une sœur ainée qui rêvait d’être maîtresse d’école, vous comprendrez ce que je veux dire.
Dès que la cloche la libère de la salle de classe, elle se précipite chez nous pour son jeu favori. Moi, je suis trop petit, je ne vais pas encore à la Communale. Quelquefois, maman me laisse à ce qui n’est plus la salle d’asile mais pas encore tout à fait l’école maternelle. Je n’aime pas ! La plupart de mes semblables y sont braillards et morveux, mais la dame qui nous garde n’a rien de la maîtresse comme l’imagine ma sœur. Elle a la voix douce et quand elle nous prend dans ses bras pour nous consoler d’un genou écorché ou d’une bosse, une bonne odeur de talc et de verveine nous enveloppe que c’est un plaisir de se faire câliner… Pour un peu je ferais exprès de prendre un gadin…
Mais avec ma Colette, c’est une autre chanson ! Pour elle, la qualité première de la maîtresse est la sévérité. Elle ne s’en laisse pas compter et, à l’aide de punitions et de menus sévices corporels, elle dompte tout son petit monde. Moi en l’occurrence, et quelquefois, une ou deux de ses horribles poupées dépenaillées…
Quand retenti la voix autoritaire : « Va au coin ! » je n’ai garde de pleurnicher, se serait m’exposer à une autre sanction. Là, le nez collé contre le mur qui sent le salpêtre, je ne bouge pas, pendant qu’elle-même, bien dans son rôle, pose des opérations sur le mur devenu tableau noir, à l’aide d’une pierre calcaire en guise de craie. Tout à l’heure, elle va me demander de les résoudre et, bien sûr, le cancre de sa classe ne pipera mot…
« A genoux ! », alors, je tire très fort sur mes chaussettes pour protéger les dits genoux des cailloux de la cour.
Ce que je déteste le plus, ce sont les coups de baguette sur le bout des doigts réunis. Ça fait un mal de chien et quelquefois, je ne peux retenir un hurlement, un peu forcé je l’avoue, histoire de voir ma mère venir m’arracher des mains de ma tortionnaire qui feint l’innocence et l’incompréhension devant tant d’ingratitude. Après tout, c’est pour m’endurcir en vue de la grande école !
Ma sœur est devenue une excellente maîtresse d’école. Ses instincts de dominatrice se sont sans doute éteints quand elle a grandi et quand je lui rappelle ces scènes, elle dit que j’exagère et que j’étais son petit frère préféré…
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Au coin !
Bien vue ces relations frère/sœur. Serait-ce du vécu ?
Feuilledethé- Kaléïd'habitué
- Humeur : pas glop !
Re: A. Au coin !
Vécu ou pas, tres joliment écrit, tu as complètement intégré à ton texte tous les éléments de la photo cela prouve qu'une fois adultes les frères et sœurs ont les mêmes souvenirs mais pas le même ressenti .
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A. Au coin !
Heureusement que c'était son petit frère préféré !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A. Au coin !
Bien écrit, et très agréable à lire.
Et puis, chaque famille se doit d'avoir son souffre-douleur…
Quant à l'institutrice… est-ce qu'elle n'a pas eu, plus tard, comme élève un certain Emmanuel ?
Et puis, chaque famille se doit d'avoir son souffre-douleur…
Quant à l'institutrice… est-ce qu'elle n'a pas eu, plus tard, comme élève un certain Emmanuel ?
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Au coin !
est-ce qu'elle n'a pas eu, plus tard, comme élève un certain Emmanuel ?
Alors, elle aurait du le "tanner" davantage, il en aurait eu marre de l'école, et il serait peut-être aujourd'hui technicien de surface.
Sinon, moi, petit dernier, j'ai eu une soeur de deux ans mon aînée qui savait aussi se montrer assez teigne ...
Belle transposition de la photo de la consigne
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Au coin !
Pas très sympathique la grande sœur! Une vraie teigne
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Au coin !
Belle opposition entre la maîtresse gentille et la grande sœur sadique. Heureusement qu'elle s'est calmée en devenant adulte. Et elle croit peut-être vraiment au "petit frère préféré" On arrange souvent ses souvenirs de la façon la plus favorable.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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