A.Promo

Tout à l’heure, je fouillerai dans les armoires. Il faudra que je fasse de la place pour caser ce monticule de linge propre. D’habitude, pas de problème, avec tout le lavage en retard que je me traîne. Manier le battoir, j’ai horreur de ça, alors, je fais le minimum. Mais là, je vais profiter de l’occasion pour tout faire d’un coup. Ce sera ça de fatigue en moins et du temps en plus pour lire mon feuilleton. C’est ma voisine Madame Mijaurette qui m’a appris la nouvelle :

- Figure-toi que le Titanic-lavomatic est arrivé chez nous : il est au port.
- C’est quoi ce truc, un cirque ?
- Non, c’est un bateau-lavoir.
- ???
- Un paquebot, sur le flanc il y a des espèces de gros hublots, tu balance ton linge là dedans et je ne sais pas ce qui se passe à l’intérieur, mais un moment après, ça te recrache la pile lavée, essorée, repassée, pliée. Tu n’as plus qu’à la rapporter à la maison et à la ranger dans ton armoire. C’est ça le progrès !
- Ça doit couter bonbon !
- Pas de souci, ils font une opération de promotion pour se faire connaitre. Il faut y être à 3 heures précises. Tu n’auras qu’à venir avec moi.

J’ai bien rangé dans les armoires et après le déjeuner,  la Mijaurette est passée me chercher, tirant un chariot où on a entassé nos monticules de linge sale. Et on a pris la direction du port. C’était vrai, ce qu’elle avait dit, la voisine : le bateau était juste contre le quai avec une vingtaine grandes ouvertures rondes. Il y avait déjà plein de femmes qui étaient là avec leurs panières et on s’est précipitées pour avoir chacune notre hublot.
A 3 heures, une voix venue du pont a retenti : « bienvenue Mesdames ! » et nous a donné les instructions. C’était très simple, on enfournait notre linge par l’ouverture et on attendait. On a attendu un petit moment. Tout d’un coup le bateau s’est mis à vibrer, une espèce de ronronnement puissant.
- C’est le moteur qui savonne et qui bat le linge a dit ma voisine. Et en effet la voix a lancé : « la lessive est bientôt terminée, Mesdames ! » Je me suis avancée vers l’ouverture pour regarder ; et là, deux mains solides comme des battoirs  ont surgi des entrailles ténébreuses du bateau. Deux mains vigoureuses qui m’ont agrippée et tirée vers l’intérieur. J’avais beau me débattre et hurler de terreur, en vain.

[center] *****[center]

Le bateau rugit et s’éloigne, s’éloigne vers le large. Il n’y a plus personne sur le quai, juste un alignement de panières vides.

Au début, j'avais envie de courir te rejoindre sur ce bateau-lavoir !
Maintenant je m'enfuis à toutes jambes !

Quelle superbe idée que ce bateau-lavoir-Titanic..... !!
On se régale du concept si bien inventé ! et si bien décrit !
Et puis...
La fin....
ARF !!! L'horrible !
Bref tout ce que j'aime dans ce genre de texte court !

J''adore l'idée du bateau-lavoir détournée...

Une fin de texte cauchemardesque qui ressemble à une allégorie. Le progrès trompe-l'oeil ?

Figure-toi que le Titanic-lavomatic est arrivé chez nous : il est au port.
- C’est quoi ce truc, un cirque ?
- Non, c’est un bateau-lavoir.

Le ton est donné, c'est drôlissime

Deux mains vigoureuses qui m’ont agrippée et tirée vers l’intérieur.

Fantasme : j'eusse aimé être celui qui saisit à bras le corps ces jolies femmes  


A tober  :  

Excellent! Inventif !

A lire ton texte, j'ai bien cru que tu étais toi aussi parti sur "l'ile de l'éternité"* !



* Extrait du livre : "A vélo pour l'éternité" que je vous invite à lire ou relire.

Quelle imagination ! La fin est si bien amenée qu'on en reste sur le... quai !

Quelle chute inattendue... après le moment plaisant, c'est le cauchemar.