A. Foule sentit mentale

Longtemps je me suis couché de bonne heure, parce que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, comme disait feu mon père. De plus on a l'avenir devant soi tant qu'on ne fait pas demi-tour, selon l'enseignement du Sâr Rabindranath Duval, qui fut mon maître à panser mes blessures égocentriques. Et grâce à Francis,  Blanche devint mon âme. Comme quoi il faut savoir se donner en spectacle, être seul au milieu de la foule et se faire remarquer d'une manière intelligente ou imbécile, c'est selon qui on a devant soi.

Mais il y a aussi la vie devant soi, et ce n'est pas Romain Gary qui me contredira.
Pour en profiter, pour voir loin devant soi, encore faut-il que les autres ne vous fassent pas de l'ombre en permanence.

« Ôte-toi de mon soleil », cria l'homme au tonneau au roi de  Macédoine, parce qu'il n’appréciait pas qu'il lui demanda s'il allait encore reprendre  de la salade.
Et ce n'est pas parce qu'un plus contemporain proclamait « marche à l'ombre » qu'il convenait d’obtempérer aveuglément, pas plus que l'on n’obéit à une foule en délire qui voudrait vous phagocyter, vous amener à une pensée unique, qui par définition ne peut être qu'idiote étant donné que « quand on est plus de quatre on est une bande de cons » comme disait Georges.
Il est inutile de se coucher de bonne heure  pour aller hurler à l’aube avec les loups, défiler en bande en ligue en procession, la bannière dans une main, et le couteau dans l'autre.

Je préférais me coucher de bonheur, pour ne pas voir et entendre toutes les abyssales bêtises que les foules scandent dans les rues, et que l'ensemble des médias nous répercute, parce que ces derniers ne savent pas faire autre chose que répéter bêtement ce que d'autres ont dit… tout aussi bêtement d'ailleurs.

Aussi, mieux vaut que j'arrête là, étant moi-même de la crème d'andouilles.