A - Décalage
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A - Décalage
Longtemps je me suis couchée de bonne heure.
Forcément, je me levais de bonne heure aussi.
Cela a duré quelques années et il me semblait que quelque chose se passait.
J'ai mis du temps à mettre le doigt sur ce qui me gênait.
Et puis, ça m'est tombé dessus d'un seul coup.
Les autres se couchaient et se levaient de plus en plus tard.
Dans le monde hyper formaté dans lequel je vivais, je commençais à me sentir mal à l'aise.
Ainsi, j'étais toujours la première arrivée au bureau et forcément on me regardait d'un sale œil lorsque je partais de bonne heure, ma journée de travail bouclée.
Les magasins, les administrations ouvraient aussi de plus en plus tard, il m'était de plus en plus difficile de mener mes démarches à bien ou de faire les boutiques.
En revanche ce qui était bien, c'était les activités extra-professionnelles. Avant je devais attendre le soir pour m'y rendre, mais maintenant je n'avais presque plus à patienter avant d'y aller.
Côté programmes de télé, je passais aux séries de l'après-midi.
J'ai vraiment commencé à m'inquiéter lorsque je suis tombée sur les dessins animés du matin, et que les dépanneurs et les médecins me faisaient payer le tarif de nuit pour leurs prestations.
Dans les rues, je croisais de moins en moins de monde.
Au travail, j'étais seule dans les bureaux. Mes collègues et mes hiérarchiques me contactaient messagerie, tout un pan de ma vie semblait s'effacer. Pourtant personne ne me demanda de modifier mes horaires.
Petit à petit, même ces contacts commencèrent à se raréfier. Dans les rues, les personnes que j'apercevais se conduisaient comme si elles rentraient d'une longue nuit de bringue.
Etant habituée à la solitude, je dois avouer qu'au début je prenais un certain plaisir à déambuler ou à faire mes courses tranquillement sans être bousculée, à profiter du soleil.
A l'inverse, j'avais de plus en plus de mal à dormir, il y avait tellement de vacarme dehors. Lorsque j'entre-ouvrais mes volets, je voyais beaucoup de circulation, les gens parlaient fort, claquaient leurs portes, il y avait beaucoup de voitures sur les routes.
J'essayai bien de me coucher et de me lever plus tard, mais rien à faire.
Et puis, un jour ou plutôt une nuit, je me suis obligée à me lever et à descendre dans la rue, je m'attendais à la bousculade à laquelle j'avais été habituée dans ma jeunesse lorsque je n'étais pas en décalage. Mais non, rien, plus rien. Je ne croisais plus que des ombres, dans un silence ouaté. J'essayai bien d'adresser la parole à ces silhouettes évanescentes mais je les voyais tourner la tête en tous sens et leurs regards me traversaient purement et simplement.
Il a bien fallu que je me rende à l'évidence. J'étais une solide parmi des milliards de fantômes et je dois vivre avec que je me couche tôt ou tard.
Forcément, je me levais de bonne heure aussi.
Cela a duré quelques années et il me semblait que quelque chose se passait.
J'ai mis du temps à mettre le doigt sur ce qui me gênait.
Et puis, ça m'est tombé dessus d'un seul coup.
Les autres se couchaient et se levaient de plus en plus tard.
Dans le monde hyper formaté dans lequel je vivais, je commençais à me sentir mal à l'aise.
Ainsi, j'étais toujours la première arrivée au bureau et forcément on me regardait d'un sale œil lorsque je partais de bonne heure, ma journée de travail bouclée.
Les magasins, les administrations ouvraient aussi de plus en plus tard, il m'était de plus en plus difficile de mener mes démarches à bien ou de faire les boutiques.
En revanche ce qui était bien, c'était les activités extra-professionnelles. Avant je devais attendre le soir pour m'y rendre, mais maintenant je n'avais presque plus à patienter avant d'y aller.
Côté programmes de télé, je passais aux séries de l'après-midi.
J'ai vraiment commencé à m'inquiéter lorsque je suis tombée sur les dessins animés du matin, et que les dépanneurs et les médecins me faisaient payer le tarif de nuit pour leurs prestations.
Dans les rues, je croisais de moins en moins de monde.
Au travail, j'étais seule dans les bureaux. Mes collègues et mes hiérarchiques me contactaient messagerie, tout un pan de ma vie semblait s'effacer. Pourtant personne ne me demanda de modifier mes horaires.
Petit à petit, même ces contacts commencèrent à se raréfier. Dans les rues, les personnes que j'apercevais se conduisaient comme si elles rentraient d'une longue nuit de bringue.
Etant habituée à la solitude, je dois avouer qu'au début je prenais un certain plaisir à déambuler ou à faire mes courses tranquillement sans être bousculée, à profiter du soleil.
A l'inverse, j'avais de plus en plus de mal à dormir, il y avait tellement de vacarme dehors. Lorsque j'entre-ouvrais mes volets, je voyais beaucoup de circulation, les gens parlaient fort, claquaient leurs portes, il y avait beaucoup de voitures sur les routes.
J'essayai bien de me coucher et de me lever plus tard, mais rien à faire.
Et puis, un jour ou plutôt une nuit, je me suis obligée à me lever et à descendre dans la rue, je m'attendais à la bousculade à laquelle j'avais été habituée dans ma jeunesse lorsque je n'étais pas en décalage. Mais non, rien, plus rien. Je ne croisais plus que des ombres, dans un silence ouaté. J'essayai bien d'adresser la parole à ces silhouettes évanescentes mais je les voyais tourner la tête en tous sens et leurs regards me traversaient purement et simplement.
Il a bien fallu que je me rende à l'évidence. J'étais une solide parmi des milliards de fantômes et je dois vivre avec que je me couche tôt ou tard.
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A - Décalage
A la lecture de ton texte, j'ai été aussi désorientée que ton héroïne, ce qui est sans doute la preuve de ton talent. J'avoue cependant que je n'ai pas compris la cause initiale de ce "décalage" horaire. Mais, peut-être n'y a t-il rien à comprendre...
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A - Décalage
Tu as tout-à-fait raison, il n'y a rien à comprendre chacun peut interpréter comme il veut !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A - Décalage
Moi j'aime bien cette atmosphère qui prend racine dans le réel et qui flirte ensuite avec le fantastique. Et puis une "solide" entourée d'ombres, c'est très symbolique aussi.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A - Décalage
Je ne sais pas qui à dit : "Le monde appartient à ceux qui se lèvent trop"
Ce que je crois , c'est que ce n'est pas forcément vrai par les temps qui courent ...
Ce qui m'apparait avec ton texte, c'est que l'héroïne de cette histoire n'en a pas tiré profit.
Quoique selon les dernières lignes, lle y a gagné un joli poste d'observation !
Ce que je crois , c'est que ce n'est pas forcément vrai par les temps qui courent ...
Ce qui m'apparait avec ton texte, c'est que l'héroïne de cette histoire n'en a pas tiré profit.
Quoique selon les dernières lignes, lle y a gagné un joli poste d'observation !
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
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