A. Faillite

Que voulez-vous, il paraît que c'est une suite logique... J'avais pourtant pris à cœur mon travail.

J'en ai vu défiler, moi, des familles. Grandes ou petites, heureuses ou malheureuses. Des mamies farcies de chats, des papis ronchons, des mamans célibataires. Et même des filles de joies. On y parlait toute les langues. Il y avait de la Vie à la grande époque. Je résonnais de toutes mes cages d'escaliers et brillait parfois tard dans la nuit grâce à mes noctambules.

Oh non, je n'avais pas la classe qu'un Hossmanien qui vous regarde méprisant du haut de ses plafonds sculptés. Mais moi, tout ce monde, je le tenais au chaud d'un hiver rigoureux. Bien sur, ils avaient pour quelques économies substantielles oubliés de m'isoler. Mais je faisais de mon mieux et on était si nombreux....

Puis les enfants ont grandis, et de graffitis en tags qu'on a omit de masquer, on m'a décrépit. On ne refaisait plus mes peintures qui s'écaillaient doucement. On m'a abandonné. J'étais trop vieux... pas assez performant face aux jeunes BBC de quelques étages à peine. Et puis il y avait les squatteurs...
J'étais devenue une tâche dans le paysage. Il fallait moderniser le quartier. Y sortir une tour de fer et de verre qui aurait fait briller le nouveau quartier d'affaire.

Un jour, on m'a totalement vidé. De mes derniers humains....puis de mes fenêtres et de tout ce qu'ils auraient pu récupérer. Quelques semaines plus tard, ils ont déposé des petits paquets un peu partout dans mes fondations.

Et j'ai entendu le décompte. 10...9....8...7....6....je m’imprègne une dernière fois de la vue unique de la ville que m'offrait ma hauteur... 5...4....Au loin sur la colline j'aperçois un petit comité venu voir le spectacle. Je crois reconnaître quelques têtes. Celles qui versent une larme. 3...2... Je dois leur dire....1....0... La vie continue....

Bon retour à la maison Titruk

Se mettre dans la peau d'un immeuble, en voilà une idée qu'elle est bonne !
Belle description de la vie dans ce lieu, hélàs voué à la destruction.
La vie continue...
Contente de te retrouver aussi ! Tu recommences avec talent !


La modo que je suis, se doit de te conseiller de relire ton texte et de corriger les fôtes.....

Excellente manière de traiter la consigne, donner vie à un immeuble juste avant sa destruction! Une belle écriture aussi.

Moi qui prétends  toujours que les maisons ont une âme...
Vraiment une bonne idée  d'avoir pris la consigne sous cet angle!

Et pourtant on dit souvent que ces immeubles sont "sans âme" En fait ils ont celle des gens qui y vivent. On imagine très bien les habitants riant et s'interpellant ou s’invectivant derrière ces fenêtres. En tous cas,comme il se décrit dans ton texte, cet immeuble avait une âme.