A - Allez, viens, Merna, viens ...

Si elle est en retard, c'est qu'elle viendra.
Ouais, enfin, l’espoir fait vivre.
Et puis, mon papounet et moi, on a tout notre temps.
Il a mis sa plus belle cravate,
Le gilet et le veston donnent comme un air de costume trois-pièces.
Dommage que le pantalon soit quelque peu tire-bouchonné …

Moi, avec ma casquette informe, mon col de chandail trop large,
J’ai tout l’air du Gavroche.
Non ! Je n’ai pas envie de monter sur les barricades
Et le papounet,
La Révolution, il s’en contrefiche.

Pensez-donc : il est amoureux …
Même que ça le rend tout chose.
Il ne voit pas le temps passer.
Alors, comme Charles, on attend.

On tue le temps
On n’est pas des charlatans,
Enfin, on n’est plus …
Parce qu’avec le papounet vitrier,
On était un peu limites.

J’aimais bien moi, casser les carreaux.
Pas si facile, faut bien viser
Et s’éclipser  vite fait
Avant l’arrivée de la mégère et son balai,
Voire le policeman  
Son œil torve  et sa grosse moustache.

Aujourd’hui, on est sur une  autre planète
Au pays des songes, là où l’amour est roi.

Merna, l’écuyère,
Elle a tapé dans l’oeil de mon papounet …
Viendra, viendra pas ?
Peu importe le retard
On a le temps …

Mais il y  a Rex, le funambule
Qu’est-ce qu’il a de plus que mon papounet,
Le fildefériste ?

Il est si bon, mon papounet
Qu’il est prêt à partager
Merna et son sourire enjôleur.


Qu’elle pose sur lui
Son regard de chatte
Et il fond de bonheur
Et il rit, il rit …
Alors, il est si beau, mon papounet
Qu’on croirait le soleil !


Allez, Merna,
Viens, Merna.