A. La femme en rouge
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AlainX
Escandélia
tobermory
7 participants
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A. La femme en rouge
- Vous permettez que je m’assoie à côté de vous ?
- Faites, faites ma chère, tenez, prenez mon siège.
- Merci mais je préfère l’herbe, je serai plus près de votre pantalon
- Oh, schoking !
- C’est juste que j’adore ce pantalon jaune, tellement printanier. Et classe aussi.
- Vous trouvez, vous êtes bien la seule de toute cette maison de retraite, ils disent que je ressemble à un perroquet comme ça, en bleu et jaune. Qu’est-ce que j’en ai a faire du moment que je suis à l’aise. J'aime l'habit confortable, mais j'ai la trouille de la charentaise. En charentaises, on se traîne, En charentaises on est des morts-vivants. Les charentaises, ça ramasse la poussière. Avec les charentaises, on tombe en poussière avant d’être enterré. Dîtes donc, on dirait qu’elle vous plait l’étoffe de mon pantalon, ça fait cinq minutes que vous la tripotez.
- Pour une fois que je vous ai sous la main, j’en profite. Et ma robe, elle vous plait ? Je l’ai choisie pour vous. Une robe rouge, ça ne vous rappelle rien ?
- Ah, laissez-moi deviner… le rouge, le panier, la plus jolie fille de l’endroit… mais bien sûr, vous êtes le petit chaperon rouge en visite chez sa grand-mère. Les grands-mères, ça n’est pas ce qui manque, ici.
- Tout faux, je travaille ici ; oh, pas glorieux, je suis femme de ménage.
- Une femme de ménage en robe rouge, jamais remarqué.
- Parce que j’ai toujours une blouse, une blouse rose, c’est l’uniforme ici ; on nous déguise en bonbons écœurants, des sucreries pour vieillards gourmands. A propos de gourmand, regardez ce qu’il y a dans mon panier…
- Des framboises, toutes fraiches.
- On dit que c’est aphrodisiaque.
- Alors si j’y goûte, je vais vous embrasser
- Goutez, goutez ! Mais d’abord, avec ma robe rouge, est-ce que je vous rappelle quelqu’un ?
- Ça, ça dépend de qui je suis, et qui je suis-je ne vous le dirai pas.
- Je le sais qui vous êtes.
- Vous croyez ? On va faire un test. Je croque une framboise, comme ça je vais avoir envie de vous embrasser.
- Sinon vous n’auriez pas envie ?
- Si bien sûr, mais là, ça sera une pulsion irrésistible. Voilà
- ….
- Maintenant, dîtes moi qui vous a embrassé.
- Peut-être Victor, peut-être Antoine, ou encore Miche, Winnie l’ourson, Le Marquis de Bellegarde ou même l’abbé Dubois… schoking ! Mais j’aimerais que ce soit Etienne.
- Alors, c’est Etienne !
- Dans ce cas il faut continuer la scène, comme avec la femme en rouge.
- Quelle coquine !
- La coquine, elle s’appelle Lucie
- Allons-y, c’est l’heure du film à la télé de la salle commune, on sera tranquille.
- Surtout, ne leur dites pas qui je suis, Il n’y a que la directrice qui est au courant, les autres sont trop nazes et trop bigleux pour me reconnaitre. Pour eux, je suis un vieillard comme les autres. Et je resterai un vieillard authentique.
Cris dans le couloir, on frappe à la porte :
- Lucie, Lucie dépêchez-vous, le film commence !
- Pitié, laissez-moi, je suis fatiguée, je me repose.
- Mais c’est un film avec Jean Rochefort ! Vous avez toujours dit que vous étiez amoureuse de lui, vous ne pouvez pas louper ça !
- Faites, faites ma chère, tenez, prenez mon siège.
- Merci mais je préfère l’herbe, je serai plus près de votre pantalon
- Oh, schoking !
- C’est juste que j’adore ce pantalon jaune, tellement printanier. Et classe aussi.
- Vous trouvez, vous êtes bien la seule de toute cette maison de retraite, ils disent que je ressemble à un perroquet comme ça, en bleu et jaune. Qu’est-ce que j’en ai a faire du moment que je suis à l’aise. J'aime l'habit confortable, mais j'ai la trouille de la charentaise. En charentaises, on se traîne, En charentaises on est des morts-vivants. Les charentaises, ça ramasse la poussière. Avec les charentaises, on tombe en poussière avant d’être enterré. Dîtes donc, on dirait qu’elle vous plait l’étoffe de mon pantalon, ça fait cinq minutes que vous la tripotez.
- Pour une fois que je vous ai sous la main, j’en profite. Et ma robe, elle vous plait ? Je l’ai choisie pour vous. Une robe rouge, ça ne vous rappelle rien ?
- Ah, laissez-moi deviner… le rouge, le panier, la plus jolie fille de l’endroit… mais bien sûr, vous êtes le petit chaperon rouge en visite chez sa grand-mère. Les grands-mères, ça n’est pas ce qui manque, ici.
- Tout faux, je travaille ici ; oh, pas glorieux, je suis femme de ménage.
- Une femme de ménage en robe rouge, jamais remarqué.
- Parce que j’ai toujours une blouse, une blouse rose, c’est l’uniforme ici ; on nous déguise en bonbons écœurants, des sucreries pour vieillards gourmands. A propos de gourmand, regardez ce qu’il y a dans mon panier…
- Des framboises, toutes fraiches.
- On dit que c’est aphrodisiaque.
- Alors si j’y goûte, je vais vous embrasser
- Goutez, goutez ! Mais d’abord, avec ma robe rouge, est-ce que je vous rappelle quelqu’un ?
- Ça, ça dépend de qui je suis, et qui je suis-je ne vous le dirai pas.
- Je le sais qui vous êtes.
- Vous croyez ? On va faire un test. Je croque une framboise, comme ça je vais avoir envie de vous embrasser.
- Sinon vous n’auriez pas envie ?
- Si bien sûr, mais là, ça sera une pulsion irrésistible. Voilà
- ….
- Maintenant, dîtes moi qui vous a embrassé.
- Peut-être Victor, peut-être Antoine, ou encore Miche, Winnie l’ourson, Le Marquis de Bellegarde ou même l’abbé Dubois… schoking ! Mais j’aimerais que ce soit Etienne.
- Alors, c’est Etienne !
- Dans ce cas il faut continuer la scène, comme avec la femme en rouge.
- Quelle coquine !
- La coquine, elle s’appelle Lucie
- Allons-y, c’est l’heure du film à la télé de la salle commune, on sera tranquille.
*****
Quelques minutes plus tard, ils sont dans le lit de la jeune femme, robe rouge, pantalon jaune et gilet bleu posés sur une chaise.- Surtout, ne leur dites pas qui je suis, Il n’y a que la directrice qui est au courant, les autres sont trop nazes et trop bigleux pour me reconnaitre. Pour eux, je suis un vieillard comme les autres. Et je resterai un vieillard authentique.
Cris dans le couloir, on frappe à la porte :
- Lucie, Lucie dépêchez-vous, le film commence !
- Pitié, laissez-moi, je suis fatiguée, je me repose.
- Mais c’est un film avec Jean Rochefort ! Vous avez toujours dit que vous étiez amoureuse de lui, vous ne pouvez pas louper ça !
Dernière édition par tobermory le Jeu 12 Oct - 19:18, édité 3 fois
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A. La femme en rouge
Et voilà le suspens rompu ! Sont -ils assez bigleux les autres pour ignorer le personnage ? Sont-ils faussement naïfs ? Un beau dialogue en tout cas, avec plein d'allusions discrètes.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. La femme en rouge
Une chouette idée ce dialogue....
Et surtout assez conforme au personnage de Rochefort et à sa vie… avec les femmes notamment…
j'ai beaucoup aimé son long monologue vers le début : « c'est juste que j'adore ..... etc. »
tout à fait des propos qu'aurait pu tenir Rochefort. !
Comme d'habitude, tu excelles…
Et surtout assez conforme au personnage de Rochefort et à sa vie… avec les femmes notamment…
j'ai beaucoup aimé son long monologue vers le début : « c'est juste que j'adore ..... etc. »
tout à fait des propos qu'aurait pu tenir Rochefort. !
Comme d'habitude, tu excelles…
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. La femme en rouge
En lisant les propos du personnage masculin, j'avais la voix de Jean Rochefort dans l'oreille. Donc c'est une réussite, bravo !
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. La femme en rouge
Bien d'accord avec Myrte, la voix était bien là !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A. La femme en rouge
Tout bon texte qui campe très bien le personnage. Un flirt réjouissant à lire.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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