A. L'artiste incompris

Voici ma version avec les autres mots obligés  suggérés par Cassy (voir les commentaires sur la consigne) citrouille ; chaperon rouge ; hooligans ; fumette ; neige ; poudre de perlimpinpin.


C’est un peu par hasard que j'avais rencontré   Jacques Hadit, le célèbre critique d'art de la revue « Pop’Art et Crème de Nuit », dont d'ailleurs il était le fondateur.
Enfin, par hasard, n'exagérons rien. C'est quand même moi qui exposais mes œuvres lumineuses, sur ce mur de pierre,  dans l’entrepôt de 2800 m² de cette usine désaffectée.
il n’y avait que ce couple comme accrochage. Il fallait traverser tout le dépôt pour s'en approcher en suivant une allée constituée par des faux arbres en fil de fer et papier crépon.

Comme l'expo faisait du bruit dans le canard local, Jacques Hadit se déplaça en personne. J'aurais dû me réjouir compte tenu du succès de sa revue. Mais les critiques de ce type n'étaient en réalité que de la poudre de perlimpinpin jetée aux yeux des imbéciles qui ne connaissent rien à l'art. La preuve en est que Jacques Hadit ne comprit rien à mon exposition pourtant évidente. Je signifiais la puissance lumineuse de l'amour intégral dans un contexte onirique de l'enfance transcendée.
Il ne réalisa pas que je mettais en scène le chaperon rouge dans la forêt et que cette jeune personne tombait amoureuse d'un prince charmant auparavant citrouille.
J'avais totalement revisité les contes de l'enfance dans une démarche intellectuello-psychédélique d’une TransVérité Primitive. C’était quand même hyper limpide comme lecture artistique et le premier pékin amateur comme moi de fumette, ne pouvait que s'en rendre compte instantanément.

Néanmoins, même si je considérais Jacques Hadit comme totalement ignare de l'art contemporain, je l'invitai quand même le soir chez moi, à la petite réception que j'avais organisée. Me voir en compagnie de cette célébrité, même s'il s'agit d'un usurpateur, ne pouvait que me faire gagner en notoriété. Malheureusement, il arriva très en retard et prétendit que la neige venait de tomber et qu'il avait dû rentrer chez lui se changer ayant fait une chute et souillé son beau costume. Évidemment je ne l'ai pas cru, car c'était un costume blanc qu'il portait à l'expo. Si encore il avait inventé n'importe quelle autre histoire, c’eut été amusant. Tiens par exemple qu'il avait été attaqué dans la rue par des hooligans sortant  d'un match de foot ! Une telle version aurait au mois eu l’apparence d'une vague TransVérité Primitive.

Donc, lorsqu'il arriva, la plupart des invités étaient partis. Il déboucha lui-même la dernière bouteille de champagne, emplit deux coupes, une pour lui et il tendit l'autre à ma femme. Aussitôt il se mit à lui faire du gringue tout en m'ignorant superbement. C'en était trop ! Une TransVérité Homicide  grimpait peu à peu dans mes neurones. C'est alors que fort heureusement le téléphone sonna. C'était la police qui me demandait si je n'avais pas vu un homme revêtu d'un costume blanc, parce qu'on venait de retrouver un supporter du LOSC (Les Oubliés du Sporting Club) qui sortait du match de foot féminin LES BERGERONNETTES / LES CIGALES, et qui s'était fait agresser par un homme en blanc, selon les témoins. La police se demandait si je ne l’avais pas entrevu dans mon immeuble, où il se serait peut-être réfugié.

J’ai répondu que non.