A - Peu importe le flacon
+2
Admin
catsoniou
6 participants
Page 1 sur 1
A - Peu importe le flacon
Il voulait un crayon, un crayon à papier, le même que dans son enfance, un simple crayon à papier.
Parce que pour le porte-plume et l’encrier fixé dans un trou de la table d’écolier, c’était encore trop tôt : ils étaient réservés aux grands. Ceux qui ne faisaient pas de pâtés sur la page.
A propos de page, question de bon sens, écrire de gauche à droite contrariait sa tendance naturelle. Gaucher, il se refusait à la logique des droitiers. Beaucoup plus tard, il apprendra que ce n’était pas si absurde *. Mais, fallait quand même pas pousser la maîtresse qui avait concédé la possibilité d’user du fameux crayon avec la main gauche. Bon garçon, il se plia à la discipline …
Conjuguée avec l’écriture, il y eut la lecture pour laquelle, il fut rapidement pris de passion. La Comtesse de Ségur, Erkmann-Chatrian, RL. Stevenson, D. Defoe et bien d’autres permirent d’échapper à la banalité quotidienne de la campagne. Il y avait aussi La Fontaine, Victor Hugo ou encore Lamartine, mais là, il s’agissait de lectures imposées qu’il fallait restituer le lendemain. On appelait cette gymnastique la récitation. N’était-ce pas l’initiation à la prise de parole ?
En guise d’interprétation, les premières rédactions et, pour celles et ceux qui poursuivront les études, les dissertations seront en quelque sorte des consignes d’écritures contenant leur lot de contraintes …
Mais point de clavier, écran et autres correcteurs d’orthographe doublés du dictionnaire des synonymes sans lesquels on ne saurait plus écrire. Et il y a ce puits de science qu'est le NET ... Cependant, il y a toujours dans la maison, ici et là, un crayon à papier bien utile pour pallier au fonctionnement aléatoire du stylo-bille, ou encore pour quelque croquis ou dessin.
Peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. L’essentiel n’est-il pas de prendre plaisir à coucher sur le papier, fut-ce par l’intermédiaire de l’ordinateur, des textes plus ou moins longs ?
Le petit dernier, fils de paysans modestes, ne pouvait imaginer qu’en prolongement du crayon à papier, il y aurait les livres à porter à son actif. On lui eut dit cela qu’il se fut sans doute écrié :
- Le Père Noël, j’y crois pas trop …
Tant cela paraissait improbable, lui qui en guise d’avenir, ne voyait guère plus loin que le cul des vaches qu’il amenait au pré et qui, relativement sages, lui permettaient de s’évader par la lecture. L’écriture, à part les exercices obligés, ça viendrait plus tard, beaucoup plus tard.
Aujourd’hui, au risque de passer pour immodeste, je me dis qu’il a fait bon usage du premier crayon à papier. S’en souvenir avec un brin de nostalgie n’interdit pas d’applaudir au progrès qui permet, à tout un chacun, plus facilement qu’hier, d’écrire et être lu à des kilomètres et, cerise sur le gâteau, quasi gratuitement.
Et il faut bien se rendre à l’évidence avec une once de regret : un jour, je m’en irai sans avoir tout dit …
* https://www.superprof.fr/blog/sens-ecriture-langue-arabe /
Parce que pour le porte-plume et l’encrier fixé dans un trou de la table d’écolier, c’était encore trop tôt : ils étaient réservés aux grands. Ceux qui ne faisaient pas de pâtés sur la page.
A propos de page, question de bon sens, écrire de gauche à droite contrariait sa tendance naturelle. Gaucher, il se refusait à la logique des droitiers. Beaucoup plus tard, il apprendra que ce n’était pas si absurde *. Mais, fallait quand même pas pousser la maîtresse qui avait concédé la possibilité d’user du fameux crayon avec la main gauche. Bon garçon, il se plia à la discipline …
Conjuguée avec l’écriture, il y eut la lecture pour laquelle, il fut rapidement pris de passion. La Comtesse de Ségur, Erkmann-Chatrian, RL. Stevenson, D. Defoe et bien d’autres permirent d’échapper à la banalité quotidienne de la campagne. Il y avait aussi La Fontaine, Victor Hugo ou encore Lamartine, mais là, il s’agissait de lectures imposées qu’il fallait restituer le lendemain. On appelait cette gymnastique la récitation. N’était-ce pas l’initiation à la prise de parole ?
En guise d’interprétation, les premières rédactions et, pour celles et ceux qui poursuivront les études, les dissertations seront en quelque sorte des consignes d’écritures contenant leur lot de contraintes …
Mais point de clavier, écran et autres correcteurs d’orthographe doublés du dictionnaire des synonymes sans lesquels on ne saurait plus écrire. Et il y a ce puits de science qu'est le NET ... Cependant, il y a toujours dans la maison, ici et là, un crayon à papier bien utile pour pallier au fonctionnement aléatoire du stylo-bille, ou encore pour quelque croquis ou dessin.
Peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. L’essentiel n’est-il pas de prendre plaisir à coucher sur le papier, fut-ce par l’intermédiaire de l’ordinateur, des textes plus ou moins longs ?
Le petit dernier, fils de paysans modestes, ne pouvait imaginer qu’en prolongement du crayon à papier, il y aurait les livres à porter à son actif. On lui eut dit cela qu’il se fut sans doute écrié :
- Le Père Noël, j’y crois pas trop …
Tant cela paraissait improbable, lui qui en guise d’avenir, ne voyait guère plus loin que le cul des vaches qu’il amenait au pré et qui, relativement sages, lui permettaient de s’évader par la lecture. L’écriture, à part les exercices obligés, ça viendrait plus tard, beaucoup plus tard.
Aujourd’hui, au risque de passer pour immodeste, je me dis qu’il a fait bon usage du premier crayon à papier. S’en souvenir avec un brin de nostalgie n’interdit pas d’applaudir au progrès qui permet, à tout un chacun, plus facilement qu’hier, d’écrire et être lu à des kilomètres et, cerise sur le gâteau, quasi gratuitement.
Et il faut bien se rendre à l’évidence avec une once de regret : un jour, je m’en irai sans avoir tout dit …
* https://www.superprof.fr/blog/sens-ecriture-langue-arabe /
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A - Peu importe le flacon
... Et le petit dernier devint le grand Cats . Il fallait y croire au Père Noël
J'aime beaucoup ton texte qui nous replonge dans ton enfance
J'aime beaucoup ton texte qui nous replonge dans ton enfance
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A - Peu importe le flacon
Quel beau retour dans le passé... Et un brin nostalgique.... Qui m'a fait penser à la petite école de village, et classe, qui m'a permis de goûter aux mots et aux crayons....
Bravo...
Un fil très bien mené !!
Bravo...
Un fil très bien mené !!
Xavier Eblo- Kaléïd'habitué
- Humeur : Zen
Re: A - Peu importe le flacon
Ça m'a fait plaisir de te lire. Je suis inscrite sur kalé depuis septembre et j'ai déjà "usé " trois cahiers de brouillons pour écrire mes textes, je suis encore la petite élève qui essaie 'd'avoir de bons points! Défense de rire.
Vraiment bravo pour ce que tu m'as rappelé comme souvenirs!
Vraiment bravo pour ce que tu m'as rappelé comme souvenirs!
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A - Peu importe le flacon
Moi qui te suis depuis longtemps, Cats, je te dis carrément qu'il n'est pas question de modestie dans le cas de ce petit garçon, mais bien de courage,de travail acharné, de lutte !
C'est entre autres pour cela que j'aime te lire !
C'est entre autres pour cela que j'aime te lire !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A - Peu importe le flacon
Ton texte nous ramène sur les bancs d'école et à la découverte de l'écriture par ce petit garçon qui ne voyait, en guise d'avenir, guère plus loin que le cul des vaches... C'est peut-être cela qui a affamé son imagination et développé son talent !
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|