A - Je pars.

J'ai pris ma décision. Je ne sais pas de quoi sera fait demain, quelle couleur aura le ciel... Peu importe, je pars.
Évidemment, cela ressemble à une déclaration à l'emporte-pièce. C'est peut-être parce que j'ai pris ma décision rapidement, mais ça fait longtemps que j'y pense.

J'ai eu une très belle vie, une vie remplie, riche. J'ai eu de beaux enfants. Ils sont grands maintenant,  ils font leur vie et c'est bien comme ça.
J'ai aimé aussi. Follement, dangereusement, de tout mon corps et de toute mon âme. Certains m'ont dit “viens je t'emmène” et je les ai suivis le cœur battant... d'autres m’ont abandonnée sur place sans un regard en arrière. Eh oui, c’est ça aussi, la vie.

J'ai la chance de n'avoir aucun regret. C'est pas donné à tout le monde, quand même…
J'ai avancé, toujours plus loin, toujours plus haut... Je me suis intéressée à mon voyage, sans le subir... j'ai même accepté les embûches sur mon chemin. J'ai tracé ma route en conscience et j'en suis fière.

J'ai donné ce que je pouvais, je veux dire donner pour donner, pas pour recevoir en retour, quoi d'ailleurs ? Une hypothétique reconnaissance ? Foutaises… On ne donne pas pour recevoir, on donne pour se faire plaisir et parce qu'on peut le faire.
J'ai donné mon temps, ma vie pour mes enfants, mes maris, mes amants, mes amis…  alors maintenant c'est à moi que je vais penser, que je vais donner.

J'en ai marre qu'on me dise bats-toi, résiste encore et encore...Et si j'ai pas envie de me battre ? Et si je ne veux plus être en résistance mais en résilience, en acceptation, en lâcher-prise ? Et si j'ai juste envie d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte, plus tendre, plus confortable ?
Message personnel à tous les empêcheurs de tourner en rond : j'en ai fini avec tout ça, avec vos règles, avec vos lois ! Désormais, la loi c'est moi !  
Je vais devenir le dictateur de mes envies les plus folles et vous n'aurez rien à dire.

Car j'ai encore des envies, des rêves. Si je les empile les uns contre les autres, ils ont de quoi m’occuper des dizaines d'années, des centaines de jours, des milliers d'heures. Bien plus d'heures que ce qu'il me reste à vivre.
Je n'ai plus de temps à perdre.

Demain, à l'heure du petit-déjeuner, ils auront beau venir toquer à ma porte, personne ne répondra. Je serai partie.
Avec Pierre, de la chambre 13.  
Terminé la maison de retraite, bonjour la Nationale 7 ! Celle de nos vacances, celle de l'été, un été éternel, interminable.

Ma dernière aventure ? Oui sûrement.
Mais de loin la plus belle, non ?