A - Je me souviens...
+6
Ataraxie
Myrte
Nerwen
Zéphyrine
Amanda.
Pati
10 participants
Page 1 sur 1
A - Je me souviens...
— Je me souviens le premier stylo-plume offert par mes parents, brun marbré avec sa plume dorée. Et le frisson quand j’ai trempé la plume dans la petite bouteille d’encre noire.
— Je me souviens les cendres qui tombaient sur la veste du papé, sa clope maïs qui s’éteignait sans cesse et qu’il rallumait en me faisant un clin d’oeil.
— Je me souviens avoir dû me battre pour travailler un jour sur deux, devant ce médecin qui voulait que je ne travaille plus du tout
— Je me souviens la sensation de ton petit poing serré au creux de ma main, moi devenue maman pour la première fois, te couvant du regard toute la nuit.
— Je me souviens du tic-tac rageur de la machine à écrire, et ses touches du milieu qui toujours s’emmêlaient comme des amantes.
— Je me souviens du mange-disque du même orange criard que les cercles ouverts sur le papier peint.
— Je me souviens du jour où Prévert est mort. Je mangeais une orange et j’ai pleuré.
— Je me souviens du premier jour d’école, j’étais la plus grande, ils me surnommaient la girafe et se moquaient de mon accent du Sud-Ouest.
— Je me souviens des boites rondes de carensac que j’achetais avant d’aller en cours et que je grignotais un par un.
— Je me souviens la piscine découverte, le goût de ta peau, quand tu sortais de l’eau, mélange de chlore et de soleil
— Je me souviens du bruit de la porte quand elle s’est refermée derrière toi.
— Je me souviens le goût de mes larmes quand j’ai vu mon genou sans pansements, ce n’était plus mon os mais une pièce de rechange.
— Je me souviens le toit terrasse de l’aéroport d’Orly, le vent dans les cheveux et le crissement des pneus quand l’avion atterrit.
— Je me souviens les coups de ciseaux dans mes longs cheveux, pour ma 1ère rentrée scolaire.
— Je me souviens le chemin de roses rouges qui reliait le portail de ta maison à ton lit, et toi dedans, qui m’attendais en souriant.
— Je me souviens les fous rires nocturnes, pendant l’écriture d’un roman à quatre mains.
— Je me souviens mon père qui me dit qu’il ne m’a jamais vu marcher sans boiter.
— Je me souviens la morgue, et la femme sur le banc qui m’a tendu une flasque d’un alcool que je n’ai pas reconnu, et nos regards vides fixés sur la Seine.
— Je me souviens les pots de colle blanche à l’odeur forte d’amande, et la petite spatule qu’on trempait dedans.
— Je me souviens la poupée sur le sol du terminal d’Orly Sud en juillet 1983, et l’odeur insoutenable de poudre, et les taches de sang sur le carrelage, et du silence.
— Je me souviens les nuits à attendre ton retour, assise dans le noir les bras croisés sur mon ventre.
— Je me souviens du figuier, de son ombre, de la voix qui chante pendant que je m’endors pour une sieste estivale.
— Je me souviens de la 403 noire de mon père, et lui demander toutes les 10mn si on arrive bientôt.
— Je me souviens les liasses de 15 pages (ou 10 je ne sais plus) qu’il fallait plier avant de les relier, et mon émotion à voir le livre se constituer sous les doigts agiles de l’amie.
— Je me souviens des mains farinées de mamé, quand elle étalait la pâte feuilletée sur toute la longueur de sa table de cuisine, et comme elle était fine et transparente,et la couleur de la tourtière, quand elle sortait du four.
— Je me souviens les cendres qui tombaient sur la veste du papé, sa clope maïs qui s’éteignait sans cesse et qu’il rallumait en me faisant un clin d’oeil.
— Je me souviens avoir dû me battre pour travailler un jour sur deux, devant ce médecin qui voulait que je ne travaille plus du tout
— Je me souviens la sensation de ton petit poing serré au creux de ma main, moi devenue maman pour la première fois, te couvant du regard toute la nuit.
— Je me souviens du tic-tac rageur de la machine à écrire, et ses touches du milieu qui toujours s’emmêlaient comme des amantes.
— Je me souviens du mange-disque du même orange criard que les cercles ouverts sur le papier peint.
— Je me souviens du jour où Prévert est mort. Je mangeais une orange et j’ai pleuré.
— Je me souviens du premier jour d’école, j’étais la plus grande, ils me surnommaient la girafe et se moquaient de mon accent du Sud-Ouest.
— Je me souviens des boites rondes de carensac que j’achetais avant d’aller en cours et que je grignotais un par un.
— Je me souviens la piscine découverte, le goût de ta peau, quand tu sortais de l’eau, mélange de chlore et de soleil
— Je me souviens du bruit de la porte quand elle s’est refermée derrière toi.
— Je me souviens le goût de mes larmes quand j’ai vu mon genou sans pansements, ce n’était plus mon os mais une pièce de rechange.
— Je me souviens le toit terrasse de l’aéroport d’Orly, le vent dans les cheveux et le crissement des pneus quand l’avion atterrit.
— Je me souviens les coups de ciseaux dans mes longs cheveux, pour ma 1ère rentrée scolaire.
— Je me souviens le chemin de roses rouges qui reliait le portail de ta maison à ton lit, et toi dedans, qui m’attendais en souriant.
— Je me souviens les fous rires nocturnes, pendant l’écriture d’un roman à quatre mains.
— Je me souviens mon père qui me dit qu’il ne m’a jamais vu marcher sans boiter.
— Je me souviens la morgue, et la femme sur le banc qui m’a tendu une flasque d’un alcool que je n’ai pas reconnu, et nos regards vides fixés sur la Seine.
— Je me souviens les pots de colle blanche à l’odeur forte d’amande, et la petite spatule qu’on trempait dedans.
— Je me souviens la poupée sur le sol du terminal d’Orly Sud en juillet 1983, et l’odeur insoutenable de poudre, et les taches de sang sur le carrelage, et du silence.
— Je me souviens les nuits à attendre ton retour, assise dans le noir les bras croisés sur mon ventre.
— Je me souviens du figuier, de son ombre, de la voix qui chante pendant que je m’endors pour une sieste estivale.
— Je me souviens de la 403 noire de mon père, et lui demander toutes les 10mn si on arrive bientôt.
— Je me souviens les liasses de 15 pages (ou 10 je ne sais plus) qu’il fallait plier avant de les relier, et mon émotion à voir le livre se constituer sous les doigts agiles de l’amie.
— Je me souviens des mains farinées de mamé, quand elle étalait la pâte feuilletée sur toute la longueur de sa table de cuisine, et comme elle était fine et transparente,et la couleur de la tourtière, quand elle sortait du four.
---------------------------------------------------
En lisant le marathon d'une autre plume, je suis tombée sous le charme de son fil rouge. Écrire 88 "Je me souviens", à la manière de ceux de George Perec. J'ai décidé de lui piquer l'idée, pour mon tout dernier texte. J'ai aimé l'exercice, pas si simple qu'il n'y paraît...
Cette cuvée 2018, je l'ai vécue en deux temps... une première partie, pour laquelle je m'étais lancée le pari d'écrire une nouvelle dans les conditions d'un marathon. J'ai réussi à tenir ce pari, mais il m'a laissée sur ma faim. Je n'avais pas ce sentiment de satiété que j'ai habituellement. Et je ne suis pas sûre de recommencer, c'est extrêmement difficile.
Alors, j'ai bissé, comme chaque année. Non par gourmandise comme d'habitude, mais par faim, par besoin. Cette seconde partie a été plus personnelle, et la fiction n'en a été que très peu présente.
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: A - Je me souviens...
J'aime ce texte aussi Pati comme tous tes autres.
Eternelle insatisfaite on dirait, perfectionniste, alors !
Bravo pour la performance !
Eternelle insatisfaite on dirait, perfectionniste, alors !
Bravo pour la performance !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A - Je me souviens...
Mais quelle bonne idée et comme c'est bien écrit!
Je me souviens avoir "joué" ainsi mais oralement avec la famille un soir de Noël...
Bravo pour ce texte car je trouve qu'en le lisant, on a envie de le continuer, mais ce ne serait pas aussi joli que ce que tu nous offres!
Je me souviens avoir "joué" ainsi mais oralement avec la famille un soir de Noël...
Bravo pour ce texte car je trouve qu'en le lisant, on a envie de le continuer, mais ce ne serait pas aussi joli que ce que tu nous offres!
Dernière édition par Zéphyrine le Mar 30 Jan - 13:45, édité 1 fois
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A - Je me souviens...
Tu égrènes si bien tes souvenirs et c' est un véritable plaisir de lecture...
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A - Je me souviens...
Ce sont des instants de vie qui défilent devant nos yeux, des moments forts, vécus , doux ou terribles...
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A - Je me souviens...
Je me souviens du 1er jour d'école, j'étais la plus petite, ils me surnommaient "microbe".
Cela m'est resté jusqu'à la terminale.
Maintenant, on m'appelle " ma grande", je n'ai pourtant pas beaucoup grandi, je suis toujours la plus petite.
C'est à n'y rien comprendre !
Cela m'est resté jusqu'à la terminale.
Maintenant, on m'appelle " ma grande", je n'ai pourtant pas beaucoup grandi, je suis toujours la plus petite.
C'est à n'y rien comprendre !
Ataraxie- Kaléïd'habitué
- Humeur : changeante
Re: A - Je me souviens...
Arrivé en retard pour ce marathon, je n'ai pas lu tous les textes ...
J'aime beaucoup ton texte.
Après d'autres, je dis que cela pourrait être une bonne idée de consigne ?
J'aime beaucoup ton texte.
Après d'autres, je dis que cela pourrait être une bonne idée de consigne ?
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A - Je me souviens...
l'idée a plu à admin, cats. donc je pense que cela fera partie d'une future consigne
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: A - Je me souviens...
Un bel exercice que tu as brillamment réussi, dame Pati.
J'ai beaucoup aimé tes deux marathons, et pour le premier je trouve que tu as sacrément bien réussi un truc pas vraiment facile!
J'ai beaucoup aimé tes deux marathons, et pour le premier je trouve que tu as sacrément bien réussi un truc pas vraiment facile!
madeleinedeproust- Kaléïd'habitué
- Humeur : littéraire
Re: A - Je me souviens...
Mad à raison, tu as brillamment réussi cet exercice Pati. Il ne suffit pas d'écrire je me souviens pour que la suite coule de source. Et pourtant chez toi cela paraît sî simple.
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A - Je me souviens...
J'ai beaucoup aimé ces moments de vie qui s'égrènent au fil des "je me souviens". Un exercice très réussi.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum