Kaléïdoplumes 3
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-20%
Le deal à ne pas rater :
Sony PULSE Elite – Casque PS5 sans fil (blanc) à 119€
119 € 149 €
Voir le deal

A. Quand le dernier s'en va

+2
catsoniou
Cassy
6 participants

Aller en bas

A. Quand le dernier s'en va Empty A. Quand le dernier s'en va

Message  Cassy Mar 30 Jan - 17:42

Hier j’ai déménagé mon fils. Il est parti de la maison, s’installer à Bordeaux pour la fin de ses études, il y restera après puisqu’il aime cette ville et que sa petite amie y est aussi.
Bon, ça arrive à tous les parents, ça arrive à tous les enfants, cela est arrivé à mes deux autres enfants, pas de quoi en faire un drame.
Mon petit dernier quitte la maison, sa maison, notre maison. Plus rien ne sera comme avant, une page est tournée, définitivement tournée.
Je sais, il reviendra un week-end de temps en temps, il n’est qu’à 200 km de chez nous, il ne nous oubliera pas, il y a le téléphone, il y a skype ou messenger, il y a les mails.
N’empêche, mon petit dernier est parti de la maison, chez lui c’est dans ce studio à Bordeaux, chez lui ce n’est plus ici !

Mon fils, celui que j’ai bercé, nourri, cajolé, consolé, écouté, rassuré, protégé, puni, encouragé, félicité, soigné, aimé, aimé, aimé, aimé aimé. Celui que j’aime tant, que j’aime avec tant de violence, de tendresse, de passion, d’empathie, de bonheur, d’inquiétude, de fierté, a quitté la maison pour faire sa vie, parce que la vie c’est ça, le but c’est ça : un enfant nait, grandit puis quitte le nid.

Mon tout petit qui tous les soirs lorsque je montais le border me disait en se serrant contre moi : « Bonne nuit maman chérie que j’aime à la folie. Et surtout demain tu te réveilles ! »
Mon amour de petit garçon qui me disait devant un film triste : Maman j’ai envie de pleurer, c’est bête hein, » et à qui je répondais : « non mon chéri c’est pas bête, moi aussi j’ai envie de pleurer, regarde, je pleure parce que c’est triste, tu n’as pas à avoir honte de faire de même ». Mon petit qui se mouchait à grand coup et qui se laissait aller à pleurer, celui-là même devenu un magnifique jeune homme a quitté le petit nid douillet que j’avais confectionné pour lui.

Cela fait six mois qu’il a trouvé ce stage de fin d’études, cela fait donc six mois que je sais qu’il s’en va.
Cela fait un an et demi qu’il va passer un week-end sur deux à Bordeaux chez sa petite copine qui y fait ses études, cela fait donc un an et demi que je sais qu’il va me quitter.
Dans six mois il aura son master, il aura un métier, il sera indépendant, je sais depuis longtemps que dans six mois il n’aura plus du tout besoin de moi, il prendra un appartement plus grand et commencera sa vie d’adulte responsable.
On ne peut pas dire que je tombe des nues, du nid, du toit de la maison, tout était prévu, programmé, organisé. Alors pourquoi je me noie presque ?

Lundi il a passé son dernier examen à la fac. Mardi nous avons fait la liste de ce dont il avait besoin dans son petit studio trouvé il y a trois semaines. Mercredi, j’ai ressorti une vieille table du garage, je l’ai poncé, repeint, verni, j’ai réparé un pied devenu bancal. Jeudi nous avons fait les cartons, regroupé les meubles qui prenait.
Et puis le moment st arrivé, jeudi soir, je l’ai amené en voiture jusqu’au lieu de rendez-vous de son co-voiturage, sa voiture restant chez nous pour quelques jours encore. Il partait sur Bordeaux avant nous puisqu’il avait l’état des lieux le vendredi matin. Avant de monter en voiture j’ai vu ses yeux brillants, les miens étaient de même. Pendant les dix minutes de trajet, je l’ai entendu renifler, je pleurais déjà.
« C’est dur hein ? »
« Oui mon fils, c’est dur, mais on va y arriver »

Quand j’ai stoppé la voiture, on avait les joues mouillées et le cœur en vrac. Une page se tournait et on le savait tous les deux.
« Allez on s’embrasse vite avant que je m’effondre »
« Je t’appelle quand j’arrive »

C’es sur ces mots qu’il est parti très vite.
« A samedi » j’ai murmuré, sachant qu’il ne m’entendait plus. Je l’ai regardé s’éloigner sous la pluie, je ne voyais en lui qu’un tout petit alors qu’il était déjà si beau, si grand, si bien armé pour continuer sans moi.

Est-ce que vous connaissez cette pub qui est passée il y a quelques semaines sur Ikea ? C’est une maman et son petit garçon qui choisissent les meubles dans un magasin, le petit garçon, touche les meubles et dis « je prends celui-là ». Au moment de monter dans la camionnette, le petit garçon s’est transformé en beau jeune homme qui se tourne vers sa maman en disant : « Tu sais maman, je n’habiterai pas loin ». La maman le voit alors enfin comme il est vraiment : un adulte responsable. Elle lui répond : « Oui, je sais, avec les yeux brillants.

Ben voilà, cette maman, c’est moi, cette maman c’est la même que nous toutes qui voyons partir nos enfants devenus grands.

Hier matin, nous avons chargé une camionnette de tous les meubles que mon fils prenait et nous l’avons rejoint à Bordeaux. Sur le trajet, nous étions d’abord silencieux, mon conjoint comme moi nous avions le cœur très gros. Nous avons fait des dizaines de déménagements, les nôtres, ceux de nos filles, mais celui-là il avait un goût particulier, c’était le premier que nous faisions pour notre fils, mais surtout, c’était le dernier « très important » que nous faisions. Notre grand garçon quittait la maison.
Nous l’avons aidé à remonter les meubles, il semblait heureux, il semblait bien, il semblait prêt, armé pour la vie entière. Sa copine nous a rejoint. Elle m’a aidée à ranger la vaisselle. Voilà, une autre femme était entrée dans sa vie, ils étaient heureux. Je l’étais pour eux. C’est ce que toute mère veut pour ses enfants. Il n’empêche, mon cœur a saigné et il saigne encore.

L’aurevoir fut bref, tous les deux sur le pas de la porte, nous les avons laissés, je n’ai pas pleuré, j’ai attendu que nous soyons hors de vue, mon fils avait l’air si serein, je n’ai pas voulu gâcher la fête.
Quand le dernier s’en va aussi, la maison semble immense. J’écoute, je cherche le petit bruit qui prouvera sa présence mais il n’y a que le silence. Je fais semblant, je me lève en me persuadant qu’il est en haut dans sa chambre, qu’il dort encore. Parfois j’y crois presque !
------------------

Cette année c'était la onzième année que je faisais le marathon d'écriture, et comme les premières années il y avait 2 marathons par an (le marathon de printemps et celui d'automne) je dois en être à mon 14 ème marathon.
Et encore, je ne compte pas les fois où j'ai doublé le marathon, ce qui est arrivé régulièrement ces dernières années;
Inutile de vous dire que j'ai dû écrire des kilomètres et des kilomètres de conneries en tout genre, car lorsqu'on en arrive à sa 8ème ou 10 ème heure d'écriture, on est pas mal shootée par les mots.
Bref, cette année encore j'ai doublé mon marathon, un premier de 12 heures et un second de 6 heures. Mais je n'ai eu aucun mal à choisir le texte à poster ici, parce que je pense qu'il parlera à tous les parents Wink
Et puis je vous fais grâce de la fiction que j'ai écrit lors de mon premier marathon et qui m'a tenue 5 heures d'affilée. Vous avez déjà assez à lire.

Tout ça pour dire que cette année encore, je me suis bien défoulée grâce au marathon d'écriture d'Alainx et que ça fait un bien fou!!!!
Cassy
Cassy
Admin

Féminin Humeur : Déterminée

Revenir en haut Aller en bas

A. Quand le dernier s'en va Empty Re: A. Quand le dernier s'en va

Message  catsoniou Mar 30 Jan - 18:29

14 !  Fichtre ! ça en fait des mots, des phrases à enchaîner à partir d'idées  qui naissent on ne sait comment.

En tout cas, comme d'hab., tu te sors super bien de l'épreuve !

Forcément, tu as Quel talent  pour
catsoniou
catsoniou
Kaléïd'habitué

Masculin Humeur : couci - couça

Revenir en haut Aller en bas

A. Quand le dernier s'en va Empty Re: A. Quand le dernier s'en va

Message  madeleinedeproust Mar 30 Jan - 19:53

La mère en toi parlera toujours la première, Cassy.
Tes enfants ont beaucoup de chance!
madeleinedeproust
madeleinedeproust
Kaléïd'habitué

Féminin Humeur : littéraire

Revenir en haut Aller en bas

A. Quand le dernier s'en va Empty Re: A. Quand le dernier s'en va

Message  Amanda. Mer 31 Jan - 9:44

Un moment douloureux dans la vie d'une mère, que tu racontes avec sincérité.
Sois rassurée, le temps, cet assassin, dans ce cas-ci arrange bien des choses et pense donc plutôt au petit poisson qui viendra bientôt te chauffer le coeur ! bébé
Amanda.
Amanda.
Modératrice

Féminin Humeur : résolument drôle

Revenir en haut Aller en bas

A. Quand le dernier s'en va Empty Re: A. Quand le dernier s'en va

Message  Zéphyrine Mer 31 Jan - 9:56

Un moment très difficile raconté avec sincérité. Bravo
Zéphyrine
Zéphyrine
Modératrice écriture libre

Féminin Humeur : Méditerranéenne

Revenir en haut Aller en bas

A. Quand le dernier s'en va Empty Re: A. Quand le dernier s'en va

Message  virgul Dim 4 Fév - 18:19

Beaucoup, beaucoup, beaucoup d'amour dans ton texte, que ton fils a également emporté dans ses bagages. Et ça c'est un trésor dans lequel il puisera toute sa vie.

virgul
Kaléïd'habitué

Masculin Humeur : optimiste

Revenir en haut Aller en bas

A. Quand le dernier s'en va Empty Re: A. Quand le dernier s'en va

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum