A. Margot
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Admin
Myrte
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A. Margot
Chaque fois que je l'imagine à distance, je ne la vois pas lisant un journal mais un livre.
Je vois Margot, à plat ventre sur son lit d'enfant, le regard plongé dans le roman qu’elle dévore.
Sa mère lui interdit de lire. Elle dit que c’est du temps perdu.
D’ailleurs, elle ne voulait pas d’enfant. Alors au moins, qu’elle se rende utile.
Margot lit en cachette dans l’alcôve attenante à la salle à manger où est son lit.
Elle est si seule. Les romans sont ses amis.
Les livres sont cachés sous son oreiller. Des livres commencés, des livres oubliés, des livres préférés, lus et relus. Ils remplissent sa vie, alimente son imagination, la font voyager par procuration.
Elle s’identifie à l’héroïne.
La nuit, elle ne dort pas, elle lit à la lueur de sa lampe de poche.
Le jour, quand elle est seule, elle lit.
En ouvrant un livre, Margot s’évade.
Elle franchit le seuil de l’imaginaire.
Elle passe la porte du pays des merveilles et se laisse emporter par les mots.
Les livres ont pris une telle importance dans sa vie qu’elle oublie un peu la réalité.
Pourtant, elle a trouvé mari et donné le jour à trois garçons.
Elle a été une bonne mère au foyer, comme on dit.
Pas très regardante sur la poussière et la décoration, mais bonne cuisinière et mère affectueuse.
Et toujours, les livres ont peuplé sa vie.
Aujourd’hui, Margot est très seule.
Elle a perdu son mari et un de ses fils. Les autres sont loin d’elle. Elle ne les voit pas souvent.
Les livres sont toujours là, autour d’elle. Ils envahissent négligemment le guéridon, la commode, la table de chevet.
Tant qu’elle a pu, elle s’est occupé de la bibliothèque de la résidence mais maintenant elle n’a plus le courage. Son déambulateur ne suffit plus à la rassurer et ses yeux se fatiguent vite.
Alors elle regarde la télé mais elle n’entend plus très bien. Comme elle n’ose pas monter le son pour ne pas déranger les autres résidents, elle regarde les images défiler.
Sans la lecture, sa vie est si vide. C’était un refuge qui l’aidait à supporter la réalité
Mais elle n’est pas amère. Juste résignée. Il faut en passer par là. On n’a pas le choix. Elle est prête.
Je vois Margot, à plat ventre sur son lit d'enfant, le regard plongé dans le roman qu’elle dévore.
Sa mère lui interdit de lire. Elle dit que c’est du temps perdu.
D’ailleurs, elle ne voulait pas d’enfant. Alors au moins, qu’elle se rende utile.
Margot lit en cachette dans l’alcôve attenante à la salle à manger où est son lit.
Elle est si seule. Les romans sont ses amis.
Les livres sont cachés sous son oreiller. Des livres commencés, des livres oubliés, des livres préférés, lus et relus. Ils remplissent sa vie, alimente son imagination, la font voyager par procuration.
Elle s’identifie à l’héroïne.
La nuit, elle ne dort pas, elle lit à la lueur de sa lampe de poche.
Le jour, quand elle est seule, elle lit.
En ouvrant un livre, Margot s’évade.
Elle franchit le seuil de l’imaginaire.
Elle passe la porte du pays des merveilles et se laisse emporter par les mots.
Les livres ont pris une telle importance dans sa vie qu’elle oublie un peu la réalité.
Pourtant, elle a trouvé mari et donné le jour à trois garçons.
Elle a été une bonne mère au foyer, comme on dit.
Pas très regardante sur la poussière et la décoration, mais bonne cuisinière et mère affectueuse.
Et toujours, les livres ont peuplé sa vie.
Aujourd’hui, Margot est très seule.
Elle a perdu son mari et un de ses fils. Les autres sont loin d’elle. Elle ne les voit pas souvent.
Les livres sont toujours là, autour d’elle. Ils envahissent négligemment le guéridon, la commode, la table de chevet.
Tant qu’elle a pu, elle s’est occupé de la bibliothèque de la résidence mais maintenant elle n’a plus le courage. Son déambulateur ne suffit plus à la rassurer et ses yeux se fatiguent vite.
Alors elle regarde la télé mais elle n’entend plus très bien. Comme elle n’ose pas monter le son pour ne pas déranger les autres résidents, elle regarde les images défiler.
Sans la lecture, sa vie est si vide. C’était un refuge qui l’aidait à supporter la réalité
Mais elle n’est pas amère. Juste résignée. Il faut en passer par là. On n’a pas le choix. Elle est prête.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Margot
QUe c'est triste cette solitude imposée par des yeux qui ne peuvent plus lire. elle est résignée!
Je me demande s'il n'aurait pas fallu mettre la première partie à l'imparfait. Qu'est-ce que tu en penses?
Je me demande s'il n'aurait pas fallu mettre la première partie à l'imparfait. Qu'est-ce que tu en penses?
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Margot
Oui, j'avais pensé mettre la première partie à l'imparfait, j'ai hésité et puis je me suis dit que c'était du présent narratif et j'ai corrigé.
Maintenant je suis indécise.
Maintenant je suis indécise.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Margot
l'utilisation continue du présent me plait, personnellement.
j'ai lu des tranches de vie, comme piquées une à une dans la mémoire de margot, comme un album photo qu'on feuillette au soir de sa vie.
cela donne au récit un ton particulier qui me plait beaucoup.
au-delà de ça, j'ai aimé la lampe de poche sous les draps (je me suis revue gamine faisant la meme chose), la lecture pour seule évasion possible.
j'ai aimé la vie qui s'amenuise petit à petit...
c'est un très bon texte, Myrte, vraiment.
j'ai lu des tranches de vie, comme piquées une à une dans la mémoire de margot, comme un album photo qu'on feuillette au soir de sa vie.
cela donne au récit un ton particulier qui me plait beaucoup.
au-delà de ça, j'ai aimé la lampe de poche sous les draps (je me suis revue gamine faisant la meme chose), la lecture pour seule évasion possible.
j'ai aimé la vie qui s'amenuise petit à petit...
c'est un très bon texte, Myrte, vraiment.
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: A. Margot
Moi aussi j'ai lu le présent comme un "flash back" qui accentue le contraste avec ce que Margot vit aujourd'hui. Ton texte me parle beaucoup car nous vivons cet amoindrissement progressif et inéluctable chez ma belle-mère, mais chez elle c'est la musique qui la faisait vibrer. Un très beau texte Myrte.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Margot
Ta dernière phrase m'a bien émue...
J'ai repensé à maman passionnée de lecture, qui à la fin de sa vie est devenue hémiplégique. En vain nous avons essayé de lui fabriquer des gadgets pour qu'elle puisse poser son livre et aussi tourner les pages.
Elle était inconsolable.
J'ai repensé à maman passionnée de lecture, qui à la fin de sa vie est devenue hémiplégique. En vain nous avons essayé de lui fabriquer des gadgets pour qu'elle puisse poser son livre et aussi tourner les pages.
Elle était inconsolable.
Dernière édition par Zéphyrine le Ven 9 Fév - 18:19, édité 1 fois
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A. Margot
Merci Virgul et Zéphyrine.
Le fait que les avis divergent concernant l'emploi de l'imparfait ou du présent montre que les deux sont possibles.
C'est pour cela que j'avais hésité...
Margot était la maman de mon mari. Je l'aimais beaucoup.
Le fait que les avis divergent concernant l'emploi de l'imparfait ou du présent montre que les deux sont possibles.
C'est pour cela que j'avais hésité...
Margot était la maman de mon mari. Je l'aimais beaucoup.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Margot
Moi aussi je préfère le présent !
Ton histoire est triste mais réaliste !
Moi aussi je lisais la nuit avec une lampe de poche, j'espère ne pas finir comme elle mais qui le sait ???
Très belle tranche de vie, Myrte, très touchée !
Ton histoire est triste mais réaliste !
Moi aussi je lisais la nuit avec une lampe de poche, j'espère ne pas finir comme elle mais qui le sait ???
Très belle tranche de vie, Myrte, très touchée !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
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