A Nicorette
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A Nicorette
Chaque fois que je l'imagine à distance, je ne la vois pas lisant un journal mais un livre.
C'est ainsi que Nicorette s'ancre dans mon souvenir.
Déjà gamine, elle lisait. C'était pour elle une façon d'exister, mais aussi de s'évader. Plus souvent privée que d'autres de cette passion qui lui était venue de son enfance déchirée, elle passait sa vie dans les romans. Dans ceux qu'elle trouvait à la bibliothèque principalement ou qu'elle chapardait au grenier.
Dès que maman avait le dos tourné, Nicorette montait l'escalier et poussant la porte, elle se plongeait dans les vieilles malles où voisinaient livres et vieux cahiers. Elle passait là, des heures, dans le silence à méditer. Parfois, elle s'endormait et se sentait enveloppée d'un bien être que nul ne pouvait imaginer.
Elle se voyait marchant des heures, portée par des flots bleus. Jusque sur une plage ruisselante d'écume. Sur le sable, des millier de pas conduisaient à une porte au dessus de la mer. A l'horizon, le ciel plongeait dans l'eau qu'une douce lumière inondait. Nicorette se dirigeait lentement vers cette porte et se demandait toujours ce qui l'attendait derrière. Elle aurait bien voulu la franchir, mais les cris furieux de grand mère ou de maman à chaque fois, la réveillaient.
Cette gamine est folle ! disait grand mère quand maman se pointait.
Qu'a-t-elle encore bien fait ? Questionnait la mère, toute dépitée. Et grand mère de se lamenter que la petite passait des heures dans son grenier. Des heures à ne rien faire. Elle qui ne lisait jamais, pas même les nouvelles dans le journal auquel grand père était abonné. Il aurait fallu que Nicorette ne reprise que des chaussettes ou bien ne s’intéresse qu'aux corvées utiles qui pouvaient la soulager. Comme nettoyer les clapiers, soigner les poules ou se casser le dos à désherber les plates bandes du potager. Était-ce une vie de petite fille ? La seule qu'on eut à lui proposer ?
Nicorettte ne voulait pas de cette vie là. A l'âge où ses soeurs jouaient à la poupée, elle était celle que tous houspillait. Pourtant elle aurait bien voulu aussi rester sur le banc devant l'entrée où chacun se prélassait. Elle aimait les histoires . Comme celles que lui racontait la maitresse en classe. Des histoires qui faisaient voyager. Découvrir l'univers et vous projetaient dans un monde imaginaire où les enfants pouvaient assouvir leur curiosité.
Son premier livre, Robinson Crusoé, elle l'obtint en récompense pour avoir bien travaillé en classe. C'est la maitresse qui le lui a acheté. Elle l'a lu et relu, peut être plus de 100 fois. Quand mémé la grondait. Quand maman la punissait, toujours pour une raison futile. Quand les petites faisaient des bêtises. Quand papa rentrait ivre après sa journée. Mais jamais elles ne la complimentaient. Maman obéissait toujours aux injonctions de grand mère. Maman avait peur des colères de papa qui seul la comprenait. Mais quand il n'était pas là, maman passait sa fureur sur elle, la traitant de malpropre, d'ingrate et de damnée. Nicorette s'enfuyait alors aussi loin qu'elle pouvait. Comme cette fois où il avait fallu courir chez la voisine se réfugier, pour échapper au fouet. C'était un soir d'hiver. La lune éclairait la neige gelée. Nicorette courrait à perdre haleine en pensant qu'une petite fille qui veut entrer par la porte secrète de ses rêves ne doit jamais pleurer. Ne pas avoir peur et que rien ne pouvait lui arriver de pire que cette fureur et ces coups qui lui étaient destinés.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A Nicorette
Tu me fais plaisir Delia, il est beau ton texte, il me plait beaucoup
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
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