Pivoines...
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Pivoines...
Sur ma table de travail, trois pivoines rose-praline clair achèvent de s’épanouir. Leur tendre parfum m’enveloppe et me ramène dans le jardin de ma grand-mère qui aimait particulièrement ces fleurs. Elle en possédait une touffe qu’il ne fallait surtout pas déplacer, même quand, avec le temps, elle prenait une place exagérée, car la pivoine est capricieuse et peut mettre plusieurs années avant de refleurir si ses nouvelles conditions ne lui plaisent pas. Par contre, si elle fleurit à chaque retour du printemps, elle est du genre « je meurs où je m’attache » et il ne faut surtout pas y toucher.
Ne possédant pas de jardin, c’est chez le fleuriste que je me rends à la saison éphémère des pivoines.
Il en existe une infinie variété, celle que je contemple en ce moment est en forme d’anémone et m’offre une corolle de larges pétales, en collerette autour d’un énorme cœur rose tendre à reflets argentés. Ce cœur, en forme de pompon est constitué de nombreux pétales étroits et de staminodes qui donnent à la fleur un aspect ébouriffé.
La seconde, en train de se faner, prend l’aspect d’une belle après le bal, robe chiffonnée et brushing retombé. C’est à ce moment que le parfum est le plus sensible, ultime trace de son passage. Et la troisième qui n’était au départ qu’un bouton vert pâle, parfaitement sphérique, s’est ouverte, laissant entrevoir le rose des pétales qui se sont dépliés peu à peu.
La pivoine est une fleur chargée de symboles et d’histoires. Son pays d’origine, la Chine, en a fait une fleur impériale, la Reine des Fleurs, dont la ville de Luoyang, dans la province du Henan, est la capitale et où un temple lui est dédié. Voici pourquoi : on raconte qu’une lointaine impératrice de la dynastie Tang, c'était un soir d'hiver de l'an 691, exigea de la déesse des fleurs l’éclosion, pour le lendemain même, de toutes les espèces de son jardin. Ce n’était pas encore le printemps, mais, pour lui plaire, en une nuit son désir fut exaucé par toutes les fleurs, sauf une… la pivoine. L’impératrice bannit la rebelle et l’envoya, loin de la cour, à Luoyang, ancienne capitale de l’empire. Aussitôt arrivée, la pivoine se mit à fleurir et la vieille cité du Henan garda la fleur comme emblème.
Symbole de richesse et d’honneur en Chine, comme au Japon, la pivoine a inspiré bon nombre de haijin ou haïkistes. Issa a écrit dit-on pas moins de 85 haïkus qui lui sont dédiés. En voici quelques uns de différents auteurs :
Du cœur de la pivoine
L’abeille sort -
Avec quel regret ! (Bashô)
le vent qui traverse la jeune verdure
souffle dans ma soupe
des pétales de pivoines blanches (Ryokan)
Toutes mouillées inclinées … pivoines sous la pluie (Bashô)
pour mesurer cette pivoine
il eut recours
à son éventail (Issa)
ah, vraiment,
quelle grosse tête réjouie
fait cette pivoine ! (Issa)
prête à fleurir
et exhaler un arc-en-ciel,
cette pivoine ! (Buson)
la pivoine ;
un chat argenté ;
un papillon d’or (Buson)
sur l’écran doré
une pivoine
brille fort (Buson)
pivoine blanche ;
sous la lune, un soir,
s’effrita et tomba (Shiki)
les pivoines tombées,
nous nous séparâmes
sans regrets (Hokushi)
"la pivoine était grande comme ça"
dit la petite fille
en ouvrant ses bras (Ôemaru)
(photo prise au parc floral de Bordeaux qui possède son "jardin de Pivoines")Ne possédant pas de jardin, c’est chez le fleuriste que je me rends à la saison éphémère des pivoines.
Il en existe une infinie variété, celle que je contemple en ce moment est en forme d’anémone et m’offre une corolle de larges pétales, en collerette autour d’un énorme cœur rose tendre à reflets argentés. Ce cœur, en forme de pompon est constitué de nombreux pétales étroits et de staminodes qui donnent à la fleur un aspect ébouriffé.
La seconde, en train de se faner, prend l’aspect d’une belle après le bal, robe chiffonnée et brushing retombé. C’est à ce moment que le parfum est le plus sensible, ultime trace de son passage. Et la troisième qui n’était au départ qu’un bouton vert pâle, parfaitement sphérique, s’est ouverte, laissant entrevoir le rose des pétales qui se sont dépliés peu à peu.
La pivoine est une fleur chargée de symboles et d’histoires. Son pays d’origine, la Chine, en a fait une fleur impériale, la Reine des Fleurs, dont la ville de Luoyang, dans la province du Henan, est la capitale et où un temple lui est dédié. Voici pourquoi : on raconte qu’une lointaine impératrice de la dynastie Tang, c'était un soir d'hiver de l'an 691, exigea de la déesse des fleurs l’éclosion, pour le lendemain même, de toutes les espèces de son jardin. Ce n’était pas encore le printemps, mais, pour lui plaire, en une nuit son désir fut exaucé par toutes les fleurs, sauf une… la pivoine. L’impératrice bannit la rebelle et l’envoya, loin de la cour, à Luoyang, ancienne capitale de l’empire. Aussitôt arrivée, la pivoine se mit à fleurir et la vieille cité du Henan garda la fleur comme emblème.
Symbole de richesse et d’honneur en Chine, comme au Japon, la pivoine a inspiré bon nombre de haijin ou haïkistes. Issa a écrit dit-on pas moins de 85 haïkus qui lui sont dédiés. En voici quelques uns de différents auteurs :
Du cœur de la pivoine
L’abeille sort -
Avec quel regret ! (Bashô)
le vent qui traverse la jeune verdure
souffle dans ma soupe
des pétales de pivoines blanches (Ryokan)
Toutes mouillées inclinées … pivoines sous la pluie (Bashô)
pour mesurer cette pivoine
il eut recours
à son éventail (Issa)
ah, vraiment,
quelle grosse tête réjouie
fait cette pivoine ! (Issa)
prête à fleurir
et exhaler un arc-en-ciel,
cette pivoine ! (Buson)
la pivoine ;
un chat argenté ;
un papillon d’or (Buson)
sur l’écran doré
une pivoine
brille fort (Buson)
pivoine blanche ;
sous la lune, un soir,
s’effrita et tomba (Shiki)
les pivoines tombées,
nous nous séparâmes
sans regrets (Hokushi)
"la pivoine était grande comme ça"
dit la petite fille
en ouvrant ses bras (Ôemaru)
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- Humeur : Légère
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