A.Trahison

- « C'est une lamentable erreur » Monsieur le président,
Mais qu’est ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter un tel verdict et une telle sentence alors que je n’ai rien fait, Monsieur le président, je me suis seulement un peu (enfin soyons honnête) beaucoup, fortement énervée. Oui, j’ai crié comme une possédée mais il y avait de quoi et ensuite je l’ai empoignée et balancée hors du lit conjugal.

Ils auraient quand même pu avoir la délicatesse d’utiliser la chambre d’ami pour leur coucherie. De plus le crucifix placé au dessus du lit n’était plus à sa place et gisait par terre sur la moquette .
Quel scandale !

Elle avait également osé utiliser mon parfum. Je l’ai reniflé tout de suite dès que je suis arrivée sur le lieu du péché. Non contente de convoiter mon mari, elle s’en est également prise à mon bien précieux « J’adore, in Joy » de Coco.
Quel manque de respect !

Enfin, elle avait carrément vidé mon verre d’eau qui est toujours plein sur ma table de nuit au cas où je prends un somnifère le soir . Oui j’ai des problèmes avec le sommeil qui ne veut pas de moi et qui m’oblige à ce soin médicamenteux avec la bénédiction de mon médecin que j’aime beaucoup, je reconnais, mais, je ne l’ai jamais mis dans notre lit, moi.
Ça, je vous le jure devant Dieu, Monsieur le président !

Pendant ce temps, mon mari, lui, persistait à faire semblant de dormir sur ses deux oreilles. Il est sourd comme un pot , d’accord, mais faut pas exagérer : il ne dormait pas, j’en suis sure, il devait avoir une de ces trouilles à pisser dans son froc qu’il n’avait certainement pas sous la couette.

Enfin, à lui je n’en veux pas trop, je lui pardonne même : il est tellement faible dès qu’il s’agit du sexe faible.
C’est un homme, tous les mêmes (clin d’œil à Alain) avec leur libido de fous à lier. Enfin ce que je dis, n’engage que moi et mon expérience dans le domaine en question.

Pour en revenir au fait qui m’est reproché, j’affirme avec foi et espérance dans votre justice que…
Je ne l’ai pas tuée cette salope d’ Yvette.
Non et non, je ne l’ai pas tuée. C’est elle même qui s’est tuée en se ruant en grandes enjambées dans la salle de bain tandis que je la poursuivais , bras levés avec mes menaces tonitruantes et qui en glissant sur la carrelage s’est fracassée bêtement la tête sur le bord de la baignoire.

Non je ne l’ai pas assommée avec ma sculpture de femme nue qui est d’ailleurs toujours à sa même place cad sur son socle à coté de la penderie mais j’aurais pu, je l’avoue, mais je ne l’ai pas fait : c’est bien trop lourd pour mes maigres petits bras. Seul, mon mari peut la soulever. Pour cela, il a vraiment de la force.

Elle est morte un point c’est tout, point à la ligne.
Elle a pris mon mari mais elle ne l’emportera pas au paradis.
Na.

Histoire très amusante. Chute très bien trouvée !

Et en plus Yvette sans-gêne savait où se trouvait la salle de bain! C'est qu'il y a eu récidive monsieur le Président.
La façon dont tu as campé ton personnage rend ton texte très drôle.

Coupable ou non, elle a des circonstances atténuantes, c'est sûr ! Les faits sont très bien enchaînés et l'humour l'emporte sur le côté tragique de la situation.

Bien fait ! Quoi ? Elle te prend ton mari sourd comme un pot, soit.
Mais ton parfum !!!!!Et ton verre d'eau !!!!
C'est trop fort !

Bravo Charlotte !

En fait, je pense que ce qui embête le plus cette pauvre dame, c'est le manque de respect vis-à-vis de son parfum et de son verre d'eau. Et puis quelle idée de vouloir se réfugier dans une salle de bains, tout le monde sait que ça glisse. Très drôle ce récit.