A. Réalité ou reflets?

J'ai fait un cauchemar ou plutôt j'ai l'impression de vivre un cauchemar!


D'abord un sifflement, puis un choc et ensuite une impression de vertige.
Mes jambes ne me portent plus, je ressens une douleur diffuse dans tout le corps, mon sang coule, ma vie s'échappe, ma fin approche..
Face à moi un visage.
J'ai juste le temps de murmurer :  "non, non, dis moi que ce n'est pas toi qui a tiré!"


Je suis à l'entrée d'un long couloir menant à un puits de lumière et me voici face à un miroir.
Je reconnais la petite fille que j'étais à dix ans, quand le malheur a frappé : un policier m'annonçait alors que mes parents ne rentreraient plus jamais à la maison, ils étaient morts dans un accident de voiture.
J'étais seule au monde!

Rapidement je m'éloigne du miroir et me retrouve face à un autre reflet :
J'ai vingt ans, je suis jolie, attirante, mais j'ai tout raté.
Adolescente à problèmes et révoltée, j'ai basculé d'orphelinats en familles d'accueil, j'ai abandonné études et projets.
Je contemple et je déteste cette image.

Je progresse un peu plus avant dans le corridor  vers cette clarté qui m'attire.
A nouveau, me voici devant moi- même:
J'ai cinquante ans, cela fait vingt ans que j'ai rencontré le grand amour.
Grâce à cet homme qui est tout pour moi, j'ai retrouvé une raison de vivre, j'ai compris que l'amour peut nous sauver de tout, nous pousser à réaliser nos rêves et à reprendre confiance en soi.
Alors que je regarde cette femme épanouie, ses yeux rieurs, son attitude sereine, pourquoi le chagrin me submerge- t-il tout à coup, pourquoi ces larmes intarrisables?

J'approche encore un peu plus de la lumière, mais un nouveau face à face avec moi- même a lieu devant un quatrième miroir. Quand ce jeu s'arrêtera- t-il? :
J'ai soixante dix ans, des rides profondes marquent mon visage, le visage du malheur.
Il y a peu de temps l'homme qui était tout pour moi m'a quittée pour une autre plus jeune, plus insouciante et je ne l'ai jamais revu.

La femme que je dévisage tient un révolver à la main et sans complaisance, elle tire...
Jamais je n'y arriverai, la lumière s'éteint déjà!
Ainsi j'ai mis fin à ma vie terrestre.

Dites moi que c'est un cauchemar, dites moi que la vie ne peut être un cauchemar!




Toute ressemblance avec une personne de ma famille (que vous connaissez) serait non seulement fortuite mais improbable.

Toute ressemblance.....je veux le croire

J'aime la façon dont tu racontes chronologiquement ce cauchemar, bien éloigné de la vérité ! Ouf !

Cauchemar ou réalité ? J'opte pour le cauchemar, au moins on peut se réveiller...

Pourtant, si ton héroïne est belle… elle dispose de moyens plus légaux et moins radicaux !
En plus, si elle se rate, elle va briser le miroir…
remarque ça lui donnerait peut-être un nouveau goût de vivre…

Les différentes étapes de la vie qui défilent en jeu de miroirs. J'ai aimé le sentiment d'urgence qui transpire de ton texte, les paragraphes sont courts et denses, vite tout raconter avant de s'éteindre, c'est très bien rendu.

Je rejoins complètement le commentaire de Virgul, bravo ton texte est excellent

Très beau texte qui à la fin donne le frisson.