A.Jules - Novembre 1918
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Zéphyrine
Admin
Chimilouve
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A.Jules - Novembre 1918
Novembre 1918.
Quelque part, sur le front belge. Les températures ont chuté les derniers jours. C’est à peine si le thermomètre réussit à dépasser le 0. Le temps est long dans les tranchées. Le vent circule dans ces couloirs sans fin. Les hommes y circulent courbés. Depuis tant de mois déjà.
L’homme regarde ses camarades. Comme eux, il a appris le français. Puisque c’est dans cette langue que sont donnés les ordres. Il ne fait qu’un mètre soixante-cinq. A peine 60 kilos. Il n’a que 22 ans. Et déjà 4 ans de guerre. Presqu’un quart de sa vie.
Il ne le sait pas encore, mais il gardera de ces années de tranchées, l’habitude du silence. Des repas sans mots inutiles. Des morts sans larmes. Des noms disparus. De ceux qui portaient sur leur bras les mêmes lettres que sur le sien. Le symbole de leur unité. A l’encre bleue.
De tous ces mois, il ne parlera guère. Il n’aura qu’une envie : oublier.
Même s’il sait déjà que certaines images sont gravées, gorgées de sang dans son cœur.
Les allemands ont demandé l’armistice. La suspension des armes a été refusée par les alliées. De l’autre côté de la boue, d’autres soldats sont déjà défaits. Les fusils pourtant crachent encore leur colère.
Dans sa mémoire pourtant, une image surnagera l’horreur de ces années, celle d’un officier, jeune encore, droit, n’ayant jamais courbé le dos, conseillant à ses soldats de marcher courbés pour ne pas être atteint par une balle perdue. Qui le matin du 11 novembre insistera : ne pas prendre de risque, rester à couvert, le cessez-le-feu est à 11h. Pas avant !
Quelque part, sur le front belge. Les températures ont chuté les derniers jours. C’est à peine si le thermomètre réussit à dépasser le 0. Le temps est long dans les tranchées. Le vent circule dans ces couloirs sans fin. Les hommes y circulent courbés. Depuis tant de mois déjà.
L’homme regarde ses camarades. Comme eux, il a appris le français. Puisque c’est dans cette langue que sont donnés les ordres. Il ne fait qu’un mètre soixante-cinq. A peine 60 kilos. Il n’a que 22 ans. Et déjà 4 ans de guerre. Presqu’un quart de sa vie.
Il ne le sait pas encore, mais il gardera de ces années de tranchées, l’habitude du silence. Des repas sans mots inutiles. Des morts sans larmes. Des noms disparus. De ceux qui portaient sur leur bras les mêmes lettres que sur le sien. Le symbole de leur unité. A l’encre bleue.
De tous ces mois, il ne parlera guère. Il n’aura qu’une envie : oublier.
Même s’il sait déjà que certaines images sont gravées, gorgées de sang dans son cœur.
Les allemands ont demandé l’armistice. La suspension des armes a été refusée par les alliées. De l’autre côté de la boue, d’autres soldats sont déjà défaits. Les fusils pourtant crachent encore leur colère.
Dans sa mémoire pourtant, une image surnagera l’horreur de ces années, celle d’un officier, jeune encore, droit, n’ayant jamais courbé le dos, conseillant à ses soldats de marcher courbés pour ne pas être atteint par une balle perdue. Qui le matin du 11 novembre insistera : ne pas prendre de risque, rester à couvert, le cessez-le-feu est à 11h. Pas avant !
Dernière édition par Chimilouve le Jeu 15 Nov - 13:06, édité 1 fois
Chimilouve- Prend ses marques
- Humeur : curieuse
Re: A.Jules - Novembre 1918
Chimilouve le retour? Chouette, et avec un joli texte, en hommage à un membre de ta famille ?
Entre la signature de l’armistice , à 7 heures du matin je crois, et l’heure à laquelle il prend effet, il s’est écoulé 4 heures pendant lesquelles des dizaines de soldats sont tombés de part et d’autre . Tout était injustice dans cette guerre, mais comment justifier cette injustice la ????????
Entre la signature de l’armistice , à 7 heures du matin je crois, et l’heure à laquelle il prend effet, il s’est écoulé 4 heures pendant lesquelles des dizaines de soldats sont tombés de part et d’autre . Tout était injustice dans cette guerre, mais comment justifier cette injustice la ????????
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A.Jules - Novembre 1918
"Il gardera de ces années de tranchées l'habitude du silence."
Une phrase qui résume bien l'attitude des soldats après la guerre!
Bravo pour ce beau récit!
Une phrase qui résume bien l'attitude des soldats après la guerre!
Bravo pour ce beau récit!
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
Re: A.Jules - Novembre 1918
C'est un texte court mais bien rédigé avec des mots qui me touchent : " le vent circule dans ces couloirs sans fin ", "l'encre bleue", " les fusils crachent encore leur colère" .
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A.Jules - Novembre 1918
Le retour, oui.
Et je parle effectivement de mon grand père.
Un homme qui n'a jamais beaucoup parlé. Même ses gestes étaient mesurés.
Je n'ai pas encore eu l'occasion de lire tous vos textes...
En tout cas ça me fait plaisir de revenir...
Et merci pour votre accueil
Et je parle effectivement de mon grand père.
Un homme qui n'a jamais beaucoup parlé. Même ses gestes étaient mesurés.
Je n'ai pas encore eu l'occasion de lire tous vos textes...
En tout cas ça me fait plaisir de revenir...
Et merci pour votre accueil
Chimilouve- Prend ses marques
- Humeur : curieuse
Re: A.Jules - Novembre 1918
Ton grand-père? Alors il faut lui faire honneur en mettant en titre son prénom. C’est important que nous sachions qui était ce poilu, d’utant Qu’il est de ta famille
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A.Jules - Novembre 1918
Heureuse de te retrouver, toi et tes mots justes, frappants, réalistes.
Un détail : sans doute ton grand-père devait être flamand d'origine puisqu'il ne comprenait pas toujours les ordres en Français.
De là aussi est née, l'opposition flamande, à cette époque et longtemps encore après toute autorité ( judiciaire, militaire, politique, scolaire) utilisait le Français et le " pauv' paysan" n'y comprenait goutte. Certains ont été pendus sans savoir pourquoi.... Vaste sujet...
Un détail : sans doute ton grand-père devait être flamand d'origine puisqu'il ne comprenait pas toujours les ordres en Français.
De là aussi est née, l'opposition flamande, à cette époque et longtemps encore après toute autorité ( judiciaire, militaire, politique, scolaire) utilisait le Français et le " pauv' paysan" n'y comprenait goutte. Certains ont été pendus sans savoir pourquoi.... Vaste sujet...
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A.Jules - Novembre 1918
L'atmosphère de ces années d'horreur est bien rendue, et j'ai bien aimé le portrait du jeune officier, droit jusqu'à la fin, endiguant l'impatience folle de ses hommes: " attendre jusqu'à 11h00, pas une minute de moins".
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A.Jules - Novembre 1918
As-tu eu l'occasion de parler avec lui ? Est-ce son propre ressenti que tu partages avec nous ou ce que tu en imagines ? Ce jeune officier avait bien raison quoi de plus stupide que de mourir à quelques instants de la fin de cette horrible boucherie !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A.Jules - Novembre 1918
En fait, il a très peu parlé de cette période.
Ce que j'en raconte, c'est ce qu'il en a dit à mes parents.
Mais l'histoire de l'officier est telle que racontée. Cet officier ne s'est jamais courbé. Raison pour laquelle mon grand-père a eu un énorme respect pour lui.
Ce que j'en raconte, c'est ce qu'il en a dit à mes parents.
Mais l'histoire de l'officier est telle que racontée. Cet officier ne s'est jamais courbé. Raison pour laquelle mon grand-père a eu un énorme respect pour lui.
Chimilouve- Prend ses marques
- Humeur : curieuse
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