A - Mesures

« Tu as droit à la vie, à la liberté et à la sûreté  de ta personne. En tous lieux, ta personnalité juridique est  reconnue. » La Déclaration Universelle de 1948 édictait    ces principes qui me plaisent bien.  Depuis hier,  je sais que  Droit  et réalité doivent trouver des ...  Des  arrangements ?

Parce qu’il est des personnes qui, permettez-moi l’expression ont quelque peu « perdu le Nord », il convient de les protéger contre leurs errements. Mais au bout de la démarche, les majeurs protégés voient leur personnalité juridique réduite à la portion congrue et du point de vue liberté, elle est plutôt contenue. En revanche, ils y gagnent une sûreté certaine dans la mesure où ils sont à l’abri d’aigrefins susceptibles de commettre à leur égard l’abus de faiblesse.  Leurs moyens de subsistance sont désormais  gérés quelque soit leur âge par une personne qui agit en « bon père de famille ».

Mais qui sont ces « bons pères de famille » ?  Des hommes, et de très nombreuses femmes, désignés par le/la  Juge  des Tutelles  ont dans leurs cartons, ou plutôt dans la mémoire de leur PC  40 ou 50 mesures à gérer au quotidien, c’est à dire  qu’ils mènent à bien l’ensemble des démarches administratives, gèrent les comptes …  Côté humain, ils doivent rendre visite aux personnes placées sous leur aile, répondre à leurs sollicitations, tout en conservant une certaine distance, notamment pour  préserver leur vie privée.

Les Mandataires Judiciaires à la Protection des Majeurs  peuvent être salariés d’une Association départementale spécialisée ou exercer à titre privé ; il s’agit alors d’une profession libérale. Le Mandataire privé est maintenant désigné par une commission  départementale  qui choisit le nombre défini  parmi les candidats à ce poste.

Pour avoir siégé dans cette commission ( hier! ), je sais que les candidat(e)s  y voient la possibilité de gagner leur vie, mais qu’ils sont tous, sans exception, animés de la volonté de venir en aide à leur prochain .

Et cela m’amène à dire que c’est leur façon à eux d’exister. En s’investissant dans un travail qui peut être un véritable sacerdoce tant les conditions sont difficiles. Parce que les majeurs protégés, si je peux me permettre, ne sont pas toujours des « cadeaux ». Parce que là aussi, l’Etat, qui a d’autres chats à fouetter se désintéresse de la question en fermant quelque peu les robinets, notamment pour les Associations.

En conclusion, depuis hier, je porte un autre regard sur cette façon d’exister : 4 000 personnes sous mesure de protection dans mon département  sont accompagnées par des tuteurs ou curateurs qui eux,  doivent faire pour le mieux dans l’intérêt des majeurs placés sous leur aile, et bien sûr se garder les moyens d’exister, pour leur vie personnelle, pour leur entourage …

Excusez mon optimisme : tant qu’il y  aura des Droits et des gens qui sauront se dévouer, l’espoir est permis !