A. Pensée prospective

Ce garçon était largement capable de mener sa barque sans difficulté. Après tout, c'était celle que son père lui avait léguée avant de mourir foudroyé par un virus apparut avec la pollution
Sur cette barque, il avait appris à naviguer, à manœuvrer la godille, à lancer le filet, à ramener quelques poissons pour l'ordinaire de la famille.

Il n'y avait plus de poissons. Tant pis. L'ordinaire serait l'exception.
En regardant le désastre, il pensait à nous, les occidentaux. Nous qui lui envoyons nos ordures, parce que les courants les ramènent toujours sur les rivages où s'entassent les pauvres. Nous les riches, nous avons toujours su choisir les meilleurs endroits pour y vivre.

Fort heureusement, il ne peut aller à l'école. Sinon il aurait pu s'instruire. Il aurait couru le risque d'apprendre que les nantis se plaignent sans arrêt. Rien n'est jamais suffisant pour eux, alors qu'ils vivent dans la gabegie permanente. Mieux vaut qu'il ne sache pas tout cela, il risquerait d'en mourir sur place.
Mourir de la honte d'être humain.

Pendant ce temps-là, quelque part dans l'Europe des riches, une mère de famille, dont le mari est PDG d'une multinationale, regarde sa progéniture s'amuser gentiment dans l'immense propriété de 50 ha que possède papa. Elle espère que son fils prendra la succession, et qu'il rendra la famille encore plus riche qu'elle ne l'est actuellement.
Pour  cela il faut un esprit sain dans un corps sain. Aussi, afin qu'il puisse dégourdir ses petites jambes de capitaliste en puissance, la maman attentionnée a fait construire pour le fiston des cabanes dans le bois privé. Son PDG de mari lui a facilement trouvé  des travailleurs immigrés sans-papiers, vu qu'il en exploite des milliers.
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Madame estime que ceux-là ont de la chance, ils vont travailler au grand air pour elle, plutôt que sur les chantiers à des travaux dégueulasses que les Européens ne veulent pas faire. Elle achète ainsi sa bonne Conscience. Mais l'immense avantage est que pour seulement quelques euros par mois ils travaillent plus de 50 heures par semaine. Et de quoi pourraient-ils se plaindre, ils sont nourris gratuitement grâce à la générosité de Madame.

L'avenir est donc radieux pour la femme du PDG de la multinationale et son rejeton. Elle pense avec conviction dans son for intérieur : «Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera perdu »