A. Biscottine en Laponie

Cette nuit-là, aux confins de la Laponie, Biscottine avait pris l'initiative de convoquer Farina, qui vivait en sac depuis fort longtemps,  Sucrier, Beurrier et Lécrémé
Levure, qui gonflait tout le monde avec ses états d'âme, avait intercepté le mail et trouva que ça ne manquait pas de sel de l'avoir oublié, comme ce dernier ingrédient d'ailleurs. Il surgit donc au beau milieu de la réunion et se répandit comme une poudre pulvérulente indiquant que, comme à son habitude, il allait faire se lever toutes les questions non résolues jusque-là.

Biscottine évita d'adopter un ton cassant comme à son habitude. Elle se fendit même d'un sourire.
— Mais non, ce n'était pas une cabale contre la levure, ni contre le sel. Il s'agissait d'une simple erreur de l'ordinateur à pédales.

Pour apaiser les choses, Sucrier se montra tout miel et tout sucre, Beurrier se fit tendre et fondant. Lécrémé avait la bouche pleine de paroles douces.

— Revenons aux choses sérieuses, déclara Biscottine, c'est bientôt Noël et il serait temps d'arrêter de ne produire que des biscottes. Cette année il faut absolument que l'on arrive à créer un gâteau de Noël digne de nous.

— Un genre de pain d'épices ? Suggéra Sucrier
— pourquoi pas ! C'est une bonne idée renchérit Lécrémé.
— En forme de père Noël, compléta Beurrier.

Évidemment, Levure estima que tout cela était de la poudre aux yeux, qu'il ne fallait pas le prendre pour plus champignon qu'il n'était, et qu'il finirait par tous les trucider, se chargeant lui-même de leur mise en bière de levure.

Biscottine pensa qu'elle allait vraiment finir par craquer. Cela faisait longtemps qu'elle regardait Levure d'un mauvais œil. Son esprit de levure raplatie n'était plus tolérable.

C'est alors qu'apparut dans le ciel une étoile, qui se mit à briller plus fortement qu'à l'habitude.
— C'est l'étoile Paul-Air ! S'écria Lécrémé, qui cherchait toujours à ramener sa  sauce.
— Mais non clama Sucrier, c'est la lampe torche du Père Noël. Il va nous demander ce qu'on a préparé cette année. Et on a rien décidé !

Effectivement c'était lui.
— Noyeux Joël ! Lança-t-il toujours guilleret, avec son amour des contrepétries foireuses. Vu que nous sommes en Laponie je viens aux nouvelles fraîches ! (Encore une qu'il aurait mieux fait d'éviter).

Biscottine improvisa :
— Cette année nous ferons du pain d'épices !
— Du pain à la pisse ? s'étonna le Père Noël qui devenait complètement sourdingue. (Décidément le vieux ne s'arrangeait pas !)

— Laisse béton, souffla Beurrier, qui connaissait par cœur les chansons de Renaud.
— Pas question de faire des friandises sucrées, imposa le Père Noël qui avait enfin compris : le MINISTÈRE MONDIAL DE LA SANTÉ l'interdit désormais. Même si lobby des dentistes s'y oppose parce qu'il n'y aurait plus suffisamment d'enfants aux dents cariées pour leur permettre de vivre décemment.

Farina, qui n'avait encore rien dit, bondit de son sac. Elle qui d'habitude est toute blanche, rosissait presque de joie !
— Super ! On va faire des galettes toutes simples rien qu'avec moi et de l'eau. Nous allons inaugurer une nouvelle ère. Les Noël spartiates. La fin de la gabegie. La mort de l'hyper-consommation. Le retour aux choses simplissimes. L'éradication de la confiserie.
Nous déclarerons Beurrier et Sucrier ennemis mondiaux. Ils seront mis au ban de la société.

Ces propos furent le déclencheur de la bagarre générale. Biscottine tomba en miettes, Beurrier s'est retrouvé les œufs au beurre noir, Sucrier succomba et désormais sucre les fraises, Lécrémé finit par tourner sur lui-même jusqu'à en perdre l'esprit.

Cette année-là, mais aussi celles qui suivirent, des enfants attendirent longtemps le Père Noël… jusqu'à ne plus y croire.

Ce fut vraiment une nouvelle ère.

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Pour la petite histoire, cette bidouille à partir d'une biscotte, a servi il y a quelques années pour créer une petite histoire sous forme de diaporama pour mes petits enfants en bas âge…( les héros de l'histoire étaient une biscotte (Biscottine) et une tasse de café (Tasaka)…) malheureusement le truc a été perdu comme d'autres fichiers à l'occasion de l'achat d'un nouvel ordinateur..
Bon, c'était pas non plus un machin pour le festival de Cannes !