Confidence

La veille.
Ciel , demain je vais pour la première fois chez un psychanalyste…
J’ai une de ces trouilles à regarder ma montre toutes les deux minutes …
Cela fait au moins 6 mois que j’ai son nom , son adresse et son numéro de téléphone mais j’ai toujours remis à demain le coup de téléphone fatidique à donner pour obtenir un rendez vous.
Enfin, un matin n’y tenant plus, mon moral et mon corps étant au plus bas, j’ai pris mon courage d’une main et de l’autre j’ai formé son numéro. Une voix neutre a répondu à mon appel par un « oui ? » interrogatif…

J’ai décliné d’une voix rapide et nerveuse mon nom et prénom et annoncé ma couleur . En 2 minutes c’était envoyé , expédié . Une consultation fut fixée pour la semaine prochaine .
Il n’y avait vraiment pas de quoi en avoir fait tout un plat, c’était bête comme chou finalement. Je me sentais un peu plus légère déjà !

Aujourd’hui, c’est donc la veille du jour J : je n’en mène pas large, j’espère être en forme pour demain en dormant correctement cette nuit .Rien n’est certain.
Je compte partir bien en avance sur l’heure pour être sûre de trouver une place où me parquer. J’ai déjà été , il y a quelques jours, repéré les lieux .
La question qui me préoccupe obstinément pour le moment est : « Qu’est ce que je vais mettre demain ? »
Toute ma garde robes ( pantalons ) est passée en revue .
Les essais commencent et n’en finissent pas de se succéder les uns aux autres sans qu’aucun ne me satisfasse vraiment. C’est fatiguant à la longue sans compter que tous ces habits gisent maintenant par terre et forment un grand tas qu’il va falloir reranger.
C’est à chaque fois la même obsession : Comment m’habiller pour paraître ci et çà ?
J’ai besoin d’être à mon avantage, de me plaire à moi mais aussi sans doute de plaire à cet inconnu comme pour lui cacher ce qui ne va pas … bien dans ma tête.

Le lendemain
Dieu du ciel ! C’est un homme, grand et beau !Il passe sa tête dans la salle d’attente et cite mon nom . Oui, c’est bien le mien, c’est moi qu’il appelle. Je me lève et me dirige vers lui. Il me tend une main , je le regarde, rien ne transparaît sur ce visage dont la bouche semble faire la moue. Un regard que je sens bon , des yeux scrutateurs plongent au fond de moi.
Je le suis jusqu’à son cabinet dont il ouvre grand la porte . Il m’invite à y entrer en me désignant un fauteuil . Contre le mur, un divan attend.
-« Asseyez vous »… Premières questions des formalités : ma date de naissance, mon adresse…
Ensuite il s’assoit lui aussi, de biais par rapport à moi . Poliment, il me demande l’autorisation de fumer . Je la lui accorde volontiers ayant moi-même fumé auparavant. Il allume donc une cigarette.
J’inspire et expire profondément, mon cœur bat : les choses sérieuses commencent : « Pourquoi suis-je ici, aujourd’hui et maintenant ? »

Je ne me souviens pas de ce que j’ai raconté, balbutié entre mes dents ni du pourquoi de toutes mes larmes versées comme un enfant.
Je ne me souviens que de la fin de la séance : son regard, bon, ses yeux, humides ( il est ému ou je rêve ?) , sa voix neutre encore : « à la semaine prochaine » et sa main qui semble me dire ( je rêve encore ou quoi ?) : Vous n’êtes pas seule, c’est à deux qu’on travaille désormais.
Un immense sentiment de gratitude m’envahit .
Je suis reconnue apte ! Me voilà, embauchée pour une psychanalyse avec lui.
« Merci Monsieur » ai-je dit en partant.
Une fois dans la rue, j’ai l’impression étrange et merveilleuse d’avoir gagné le gros lot !

J'espère au moins qu cette psychanalyse t'a été utile !

Ah, la, la, Charlotte tous ces préparatifs, ce choix de vêtements pour un psy qui te regarde de biais ! Enfin, il ne te tournait pas le dos, C déjà ça !  

Charlotte a toutes les chances, un psy grand et beau et compréhensif ! Une perle rare et qui valait la peine de passer par toutes les affres de l'attente pour  décrocher enfin cette admission en analyse !  

Réponse à Amanda: quand tu passes au divan... c'est lui qui est dans ton dos ou que tu as dans le dos !!!

Bravo Charlotte, d'avoir été admise à payer des séances de psy, surtout quand on sait que ça s'étale souvent sur  des années. Moi, je n'ai même pas essayé, trop peur d'être recalé ^^
Ta façon de présenter les choses m'a bien fait rire.

Parfaitement retranscrite la peur que l'on a à prendre le premier rendez-vous, puis l'attente et tout le reste.
Mon comportementaliste m'a fait exactement le même effet, de peur parce que côté beauté, c'était pas vraiment ça   

C'est très bien raconté et passionnant. Si je souviens bien d'un texte sur le marathon, et si c'est du même psy que tu nous parles ici, c'est bien le gros lot que tu as décroché