Grandir ?

Une petite plante est comme un garçonnet.
Elle espère pousser, croitre et donner des fleurs,
Comme le petit homme désire s'étoffer.
Et tous deux pour cela oublient toutes les peurs.

Comme elle pousse vite, cette fleur téméraire !
Comme son doux parfum embaume tous nos coeurs !
Comme il est beau et fort, ce bonhomme si fier !
Enfant félicité, il cachera ses pleurs.

Mais la plantule tue ses faibles congénères,
Et le garçon repu prend l'assiette du père.
- Et les fleurs promises ne sont que misère.
En chacun d'eux un coeur s'est gelé dans l'hiver.

Le garçon est mauvaise graine, il tue ses frères
La graine est fille ingrate, elle tuera la terre.
Et tombe en eux un soir, une nuit si froide
Qu'ils s'y perdent et coulent, rêves perdus, noyade.

Il oublie son enfance, elle oublie ses espoirs,
Perdant leurs sentiment, cette désillusion
N'est plus une illusion. Ils pleurent dans le noir,
Une à une les larmes creusent un sillon.

Seuls, hurlant dans la nuit, ils repensent à leur vie.
Et, tourmentés, demandent si c'est cela, grandir.
Eux aussi enfermés, ravagés, les amis
Tristement leur affaiblis, ne peuvent qu'applaudir.

Alors, sinistre, le vent se lève, froid, glacial ;
Triomphant assassin, il tourmente et harcèle
Les enfants égarés dans la lueur brutale
Entre oubli et ténèbres : perdus, hagards, sans aile.

Une pluie battante, venteuse et déchainée
Entraine les damnés dans l'éparpillement
Des âmes mutilées, éphémères éternels,
Bûchers, flammes ardentes accueilleront leur sang.

Alors, la caresse du soleil disparait,
Vaincue par le zéphyr. Jetés au gré des vents,
Les enfants, aveuglés, oublient avoir aimé
- Et pleurent "C'est cela, grandir, sûrement".

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J'ai un tout petit peu arrangé l'excipit, il ne rentrait pas, sinon.

C'est beau, mais que c'est dur et triste, si c'est cela grandir je veux rester petite !

Parfois c'est ainsi, parfois c'est mieux....Mais personne n'y échappe !

Un texte très, très bien écrit !  

C'est en effet très bien écrit. Dommage que le tableau, qui s'intitule le vent ne soit pas plus représenté dans ton poème (on y voit un enfant souffler, et ce geste était intéressant à exploiter dans ton poème)

Dans cette strophe:

Le garçon est mauvaise graine, il tue ses frères
La graine est fille ingrate, elle tuera la terre.
Et tombe en eux un soir, une nuit si froide
Qu'ils s'y perdent et tombent, rêves perdus, noyade.

La répétition du verbe tomber n'est peut-être pas nécessaire, j'enlèverai le second si j'étais toi.

Argh, oui, effectivement, je ne me suis pas relu.
Je corrige cette horreur tout de suite.

La graine est fille ingrate, elle tuera la terre.

Cette ligne m'interpelle  : dans les régions céréalières, on a tant exploité la terre que le blé n'y pousse qu'à la condition de la nourrir d'engrais et pesticides. Ne pourrait-on pas la laisser souffler un peu ?   

J'aime cette utilisation des éléments, pluie, soleil, vent pour caractériser l'idée de grandir.

Bonne idée générale et il y a des vers qui sonnent très bien dans ce poème élégiaque, par exemple
En chacun d'eux un coeur s'est gelé dans l'hiver.
Ou
La graine est fille ingrate, elle tuera la terre.

Attention par contre aux vers dans lesquels le rythme des douze pied n’est pas évident ce qui fait qu’on bute dessus , ce qui nuit au plaisir de la lecture.  Ex : Une à une les larmes creusent un sillon. (ce qui m’arrive aussi d’ailleurs.^^)

Peut-être qu'en effet, pour grandir, il faut passer par l'hiver...en espérant que le printemps n'oubliera pas de prendre son tour !

Très beau poème, assez dur mais c'est cela aussi, la réalité (je ne me remets pas de ces vers  :
"Mais la plantule tue ses faibles congénères,
Et le garçon repu prend l'assiette du père.")