Accro des spiritueux
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Sherkane
Nerwen
catsoniou
7 participants
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Accro des spiritueux
Si mes yeux brillent, c'est pour ça : cet alignement de flacons et bocaux m'émoustille. Il y a là des liqueurs, apéritifs et autres fruits à l'eau de vie qui charment le regard avant d'enchanter le palais.
Des lustres me séparent du temps où ma mère préparait ses diverses potions. Une orange piquée de quarante grains de café, le raisin muscat ou encore les reine-claude devenaient des liqueurs agrémentées de fruits macérés qu'on sortait dans les grandes occasions, essentiellement pour les dames, les hommes préférant une bonne prune, voire un simple demi-verre de marc qui avait quelque parenté avec le tord-boyaux de Pierre Perret. Vous en aviez ''l'estomac à genoux qui demande pardon''...
En comparaison, les breuvages de Maman, c'était du nectar qui eut fait pâlir de jalousie Pharrel Williams. A part l'orange le café et le sucre, produits exotiques s'il en est, fruits et eau-de-vie provenaient de notre petite ferme, y compris le tilleul récolté sur l'arbre de la cour et séché sur du papier journal dans une chambre où il embaumait la pièce. J'ai encore les petits verres rangés dans le même buffet ; mais ils n'en sortent guère : servir un échantillon de mes liqueurs dans ces minuscules gobelets me vaudrait une réputation d'avaricieux...
Plus tard, Belle-Maman a parfait ma culture d'alchimiste de la liqueur diversifiée. Je lui dois genibrette et eau de coing. Récemment, Jojo une amie fidèle m'a conseillé les pruneaux d'Agen et les abricots à l'eau de vie et Michel, son mari m'initiait à la production de la fameuse prune, depuis la récolte sous les pruniers jusqu'à la mise en bonbonne au cul de l'alambic.
Ne reculant devant aucun sacrifice, j'interroge sans vergogne le Net pour moduler mes élixirs. Marasquin, vins de sureau et d'acacia, ratafia de mûres sont venus enrichir ma panoplie avant une tentative de prunelline. Quelquefois, vous débouchez ainsi sur un résultat hasardeux comme ce vin de cerise détonnant qui, à l'ouverture du flacon sautait de joie... jusqu'au plafond. Mais il ne s'agit là que d'un incident de parcours. Nous allons prochainement, pour la fête de la pomme d'octobre, renouer avec le mojito après avoir innové avec le ''framurata'', cocktail mêlant vin rouge, framboises et ratafia, dû à l'imagination fertile d'un responsable de notre Association. Et au printemps prochain, le repas associatif sera précédé du vin d'acacia, à condition toutefois que ces arbres ne soient pas chiches, le moment venu, en matière de grappes de fleurs...
Bref, ma passion est variable à l'infini : la nature est prolixe en plantes, baies, fruits ou racines ; le plaisir de la récolte, puis la magie de la macération adoucie par un sirop, le vieillissement bénéfique du produit vous récompensent amplement de votre peine.
Toutefois, je suis saisi d'un doute : s'agit-il d'une passion, un violon d'Ingres, un jardin secret ou un péché mignon ? Une dégustation récurrente et je me dis, c'est pour ça que mes yeux brillent.
Des lustres me séparent du temps où ma mère préparait ses diverses potions. Une orange piquée de quarante grains de café, le raisin muscat ou encore les reine-claude devenaient des liqueurs agrémentées de fruits macérés qu'on sortait dans les grandes occasions, essentiellement pour les dames, les hommes préférant une bonne prune, voire un simple demi-verre de marc qui avait quelque parenté avec le tord-boyaux de Pierre Perret. Vous en aviez ''l'estomac à genoux qui demande pardon''...
En comparaison, les breuvages de Maman, c'était du nectar qui eut fait pâlir de jalousie Pharrel Williams. A part l'orange le café et le sucre, produits exotiques s'il en est, fruits et eau-de-vie provenaient de notre petite ferme, y compris le tilleul récolté sur l'arbre de la cour et séché sur du papier journal dans une chambre où il embaumait la pièce. J'ai encore les petits verres rangés dans le même buffet ; mais ils n'en sortent guère : servir un échantillon de mes liqueurs dans ces minuscules gobelets me vaudrait une réputation d'avaricieux...
Plus tard, Belle-Maman a parfait ma culture d'alchimiste de la liqueur diversifiée. Je lui dois genibrette et eau de coing. Récemment, Jojo une amie fidèle m'a conseillé les pruneaux d'Agen et les abricots à l'eau de vie et Michel, son mari m'initiait à la production de la fameuse prune, depuis la récolte sous les pruniers jusqu'à la mise en bonbonne au cul de l'alambic.
Ne reculant devant aucun sacrifice, j'interroge sans vergogne le Net pour moduler mes élixirs. Marasquin, vins de sureau et d'acacia, ratafia de mûres sont venus enrichir ma panoplie avant une tentative de prunelline. Quelquefois, vous débouchez ainsi sur un résultat hasardeux comme ce vin de cerise détonnant qui, à l'ouverture du flacon sautait de joie... jusqu'au plafond. Mais il ne s'agit là que d'un incident de parcours. Nous allons prochainement, pour la fête de la pomme d'octobre, renouer avec le mojito après avoir innové avec le ''framurata'', cocktail mêlant vin rouge, framboises et ratafia, dû à l'imagination fertile d'un responsable de notre Association. Et au printemps prochain, le repas associatif sera précédé du vin d'acacia, à condition toutefois que ces arbres ne soient pas chiches, le moment venu, en matière de grappes de fleurs...
Bref, ma passion est variable à l'infini : la nature est prolixe en plantes, baies, fruits ou racines ; le plaisir de la récolte, puis la magie de la macération adoucie par un sirop, le vieillissement bénéfique du produit vous récompensent amplement de votre peine.
Toutefois, je suis saisi d'un doute : s'agit-il d'une passion, un violon d'Ingres, un jardin secret ou un péché mignon ? Une dégustation récurrente et je me dis, c'est pour ça que mes yeux brillent.
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Accro des spiritueux
Passion sans aucun doute, de la manière dont tu en parles ! Tu donnes envie de goûter à tous ces élixirs qui possèdent le côté magique des philtres d'antan . Toujours avec modération, bien sûr !
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Accro des spiritueux
Tes placards me semblent bien remplis pour satisfaire la curiosité des gosiers et des palais! je me demande quel goût peut bien avoir un vin d'acacia. Chez mes grands parents nous étions moins prolixes que toi : vin de noix, prunes à l'eau de vie et mendiants
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: Accro des spiritueux
Mais c'est un très bon texte, on en redemande aussi !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Accro des spiritueux
Le bocal de cerises à l'eau de vie me rappelle des souvenirs.
Le framurata? Cela m'a l'air fortement alcoolisé tout ça. j'espère que tu partages les bouteilles
Le framurata? Cela m'a l'air fortement alcoolisé tout ça. j'espère que tu partages les bouteilles
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Accro des spiritueux
Admin écrit :
Cela m'a l'air fortement alcoolisé tout ça.
Ben, non ... Enfin moyennement, parce que généralement, grâce en particulier au tilleul, le degré d'alcool flirte avec les 15-20°.
Quant au partage, aucun doute, il y aura toujours un élixir, et pourquoi pas plusieurs à goûter pour les kaléïdoplumiens qui me feront l'honneur d'une visite ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Accro des spiritueux
15, 20 deg d'alcool si je viens chez toi j'en ressortirai les pieds devant.
Je ne connais rien à tous ces élixirs mais je ne doute pas que tu en uses ....avec modération !
Je ne connais rien à tous ces élixirs mais je ne doute pas que tu en uses ....avec modération !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Accro des spiritueux
J'ai adoré les noms de tous tes élixirs! Mais ne bois pas trop quand même!!!!
Bruyère- Kaléïd'habitué
- Humeur : apaisée
Re: Accro des spiritueux
Presque un alchimiste notre Cats ! Je comprends tout à fait ta passion puisque je me risque aussi à ces préparations mais en plus simple. Je me contente d'élaborer pêchette - vin de pêche - eau de coing, cerisette - vin de cerise - eau et vin de noix, sirop de cassis et de mûre et eau de genièvre. Je pense que nous avons été à bonne école dans nos campagnes, nos mères et grand-mères s'évertuant à compenser ce qu'elles ne pouvaient se procurer par manque d'argent en fabricant leurs digestifs à offrir à la famille et aux amis à partir de fruits ou de feuilles des jardins et des bois. J'ai adoré ton texte Cats !
Invité- Invité
Re: Accro des spiritueux
c'est vrai ce que dit Yvanne, dans nos campagnes on s'évertuait à créer toutes sortes de préparations. Les gens des villes nous les enviaient et nous nous les croyons moins précieuses. Pourtant aujourd'hui nous savons que là sont les vraies valeurs.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
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