L'orphelin des mots
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L'orphelin des mots
Si mes yeux brillent c’est aussi, parfois, en écoutant la radio, où, parmi le fatras des reportages insignifiants ou insoutenables, brille une pépite qui me touche profondément. C’était le cas ce matin en entendant Gérard Louviot, interviewé à l’occasion de la sortie de son livre, « L’orphelin des mots ». Cet homme de quarante sept ans a attendu dix ans pour avouer à son patron qu’il ne savait pas lire. Il avait alors trente six ans.
Grâce à ce patron compréhensif qui lui donne la possibilité de suivre des cours de mise à niveau, Gérard Louviot va vivre une véritable renaissance.
Au micro, il déroule son enfance en foyer d’accueil et ses difficultés scolaires qui lui valent souffrance et humiliations, sa vie d’adulte passée à se battre pour ruser avec le moindre formulaire à remplir ou le moindre mode d’emploi, à encaisser les moqueries et les vexations dans un monde où tout passe par la lecture.
Certes tout ne fut pas facile pour arriver à maîtriser cet indispensable outil, mais la ténacité et l’envie abattent tous les obstacles et il se rappelle sa fierté quand il fut capable de lire son premier livre d’adulte. Il s’agissait de « Belle et Sébastien » un roman de 400 pages, un défi pour lui. Il passa alors à la lecture du dictionnaire, de A à Z qu’il mena à bien en un an et demi.
Gérard Louviot raconte ce parcours dans un langage riche et élaboré et quand le journaliste lui demande : « Quel est le mot de la langue française que vous préférez ? », il répond justement le mot « élaboré ». Et il ajoute comme une incantation : « J’ai élaboré mon vocabulaire, j’ai élargi mon vocabulaire, j’ai enrichi mon vocabulaire, j’ai embelli mon vocabulaire… »
Aujourd’hui, capable d’écrire des poèmes pour sa femme et ses enfants, il donne un espoir à tous les illettrés qui, peut-être, écoutent l’émission, en précisant « si j’ai pu y arriver, d’autres peuvent le faire… »
Cet homme m’émeut beaucoup, car, dans mon métier, j’ai appris à lire à de nombreux enfants et j’ai toujours affirmé aux étudiants dont je m’occupais que l’apprentissage de la lecture est la plus grande conquête de l’enfant après l’apprentissage du langage. Gérard Louviot en portait, ce matin, le témoignage, et c’est aussi pour ça que mes yeux brillent.
Grâce à ce patron compréhensif qui lui donne la possibilité de suivre des cours de mise à niveau, Gérard Louviot va vivre une véritable renaissance.
Au micro, il déroule son enfance en foyer d’accueil et ses difficultés scolaires qui lui valent souffrance et humiliations, sa vie d’adulte passée à se battre pour ruser avec le moindre formulaire à remplir ou le moindre mode d’emploi, à encaisser les moqueries et les vexations dans un monde où tout passe par la lecture.
Certes tout ne fut pas facile pour arriver à maîtriser cet indispensable outil, mais la ténacité et l’envie abattent tous les obstacles et il se rappelle sa fierté quand il fut capable de lire son premier livre d’adulte. Il s’agissait de « Belle et Sébastien » un roman de 400 pages, un défi pour lui. Il passa alors à la lecture du dictionnaire, de A à Z qu’il mena à bien en un an et demi.
Gérard Louviot raconte ce parcours dans un langage riche et élaboré et quand le journaliste lui demande : « Quel est le mot de la langue française que vous préférez ? », il répond justement le mot « élaboré ». Et il ajoute comme une incantation : « J’ai élaboré mon vocabulaire, j’ai élargi mon vocabulaire, j’ai enrichi mon vocabulaire, j’ai embelli mon vocabulaire… »
Aujourd’hui, capable d’écrire des poèmes pour sa femme et ses enfants, il donne un espoir à tous les illettrés qui, peut-être, écoutent l’émission, en précisant « si j’ai pu y arriver, d’autres peuvent le faire… »
Cet homme m’émeut beaucoup, car, dans mon métier, j’ai appris à lire à de nombreux enfants et j’ai toujours affirmé aux étudiants dont je m’occupais que l’apprentissage de la lecture est la plus grande conquête de l’enfant après l’apprentissage du langage. Gérard Louviot en portait, ce matin, le témoignage, et c’est aussi pour ça que mes yeux brillent.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: L'orphelin des mots
Oui, je trouve très émouvant ton récit Nerwen. Cet homme courageux est là portrait vivant que quand on se bat le risque de perdre est bien moins élevé que si on reste là à attendre. C'est un grand monsieur que cet homme, puisse l'envie de lire et d'écrire être contagieuse.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: L'orphelin des mots
J'ai entendu ce témoignage aussi, bouleversant. J'ai appris aussi à lire à des enfants et j'aimais trop voir leur regard briller ( et le mien donc!) lorsqu'ils osaient se lancer et qu'il savaient lire!
Bruyère- Kaléïd'habitué
- Humeur : apaisée
Re: L'orphelin des mots
Le témoignage que tu rapportes est très émouvant et cet homme est admirable d’avoir réussi à dépasser sa honte pour apprendre à maîtriser l’écriture. Dans notre société, être illettré est une de pires sources de honte. Celui qui en est victime déploie souvent des trésors d’imagination et d’intelligence pour dissimuler cette « tare ». J’ai pensé au film de Chabrol « La cérémonie » – et au roman de Ruth Rendell dont il est tiré – dans lequel une jeune femme illettrée (Sandrine Bonnaire) massacre toute une famille plutôt que de laisser découvrir sa situation.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: L'orphelin des mots
Ton texte ne parle pas d'une passion - mais tu as déjà écrit pour ça - Je comprends cependant que tes yeux aient brillé en entendant cette information qui peut paraître insignifiante au milieu de ce que les médias nous servent habituellement. Insignifiante peut être mais combien touchante ! Merci d'avoir pris la peine de reporter cela pour nous.
Invité- Invité
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