Ma chère petite Charlotte

Ma chère petite Charlotte,
Je ne t’ai jamais écrit mais ce n’est pour autant que je ne  pense pas à toi. Tu m’es présente  très souvent et cela me fait toujours du bien car  ta présence me permet de mieux  comprendre  pourquoi et comment  je suis  celle que je suis devenue aujourd’hui  .

Tu étais une enfant  sage , tu voulais tellement  être aimée de tes parents .
Tu travaillais  bien à l’école, tu étais souvent  la première de ta classe   de quoi être la fierté de ton papa qui lui, avait  toujours été le meilleur à la maternelle  comme à l’université.

Tu  jouais beaucoup  avec tes poupées copiant là ta mère qui  avaient eu beaucoup de bébés et dont elle s’occupait en chantant  avec tendresse et joie. Ce qui te faisait rêver  à quand tu seras grande.

Tu   étais gentille à la maison  avec tes frères et sœurs. Des bêtises  tu ne faisais presque  pas, tu avais bien trop peur de ton père, de ses grands yeux qui se faisaient très noirs quand il était fâché   et de  sa voix  forte  qui résonnait  de haut en bas pour se faire obéir .

Tu étais aussi  une petite fille un peu craintive  redoutant par dessus tout   le noir et la nuit . Des démons semblaient alors élire domicile dans ta chambre.  Certains  à grande queue crochue   projetaient leur ombre maléfique  sur les murs  tandis que d’autres s’ agitaient sur  les rideaux   . Un véritable cauchemar qui se terminait par tes cris et le réveil du paternel  qui accourait aussitôt.
Cela   ne faisait pas son affaire à lui. Mais les éventuelles  foudres de Zeus  valaient mieux que  les flammes de l’enfer  où logent tous les démons et où sont précipités les enfants qui n’ont pas été sages .
Ton père et toi récitiez alors une petite  prière destinée à  chasser de la chambre   méchants, monstres, esprits malins et cauchemars  et  ramener le calme dans  toutes ces histoires à dormir debout.. .Cela marchait parfois .
Maintenant quand je ne dors pas, et suis hantée par de nouveaux  démons , je pense à toi et j’en appelle à mon homme qui mieux que ton père me protège de mes ennemis et me borde de ses bras.
Quoi de mieux que ce prince charmant …

Toi, ton premier  prince charmant était ton frère aîné. Vous aviez même décidé  de vous marier ensemble quand vous seriez grands . Mais pas de bol , en hauts lieux il vous a été  dit que c’était interdit.
Et par qui donc ? Par le Pape  pardi ,vous avait-on répondu.
C’est ainsi qu’un jour vous décidâtes d’aller voir ce trouble fête à robe blanche  avec la ferme intention de demander des explications et le grand espoir d’obtenir une dispense.
La voiture de maman convenait  parfaitement pour se rendre à Rome .
Vous voilà tous les deux à deux dans le VW en partance pour l’Italie. Le voyage ne fut pas bien long. Le retour à la réalité éclata par un tonitruant   «  A table «   qui vous  fit sortir à toute vitesse de votre carrosse  interdit aux enfants.
C’est sans doute pour cela que 20 ans plus tard j’ai épousé le meilleur ami du frère adoré…
Il reste toujours quelque chose de l'enfance, toujours*

Charlotte.

Un texte agréable qui nous donne une image un peu différente de la Charlotte que nous avions pu imaginer au travers d'autres de tes écrits. Mais c'est une belle façon de te dévoiler un peu plus à tes lecteurs.

Encore beaucoup d'émotion en lisant tes souvenirs
Cependant , il y a un truc qui me gêne , ton début contient des phrases simples, on voit que tu t'adresses à l'enfant que tu étais .
Dans la seconde partie, tu emploies le passé simple, cela complique les phrases et enlève le côté enfantin de ta lettre .
Ma question est : pourquoi dans ces moments-là ne pas avoir utiliser le plus que parfait ?

Il me semble que l'utilisation de l'imparfait et du plus que parfait aurait mieux donné à la lecture d'une lettre à une enfant.

Il est vrai que perso j'ai des difficultés avec le passé simple que je ne trouve pas joli à prononcer. L'avis des autres lecteurs sera dans doute différent et j'ai hâte de le découvrir

Je suis d'accord avec toi: j'ai employé le passé simple presqu'inconsciemment comme si je jouais! J'entendais bien en me relisant que ce n'était pas très heureux mais comme j'étais pressée parce que avec mes petites filles chez moi je n'avais pas beaucoup de temps et que je ne voulais pas louper la consigne de cette semaine pour cause de manque de temps j'ai posté peut-être un peu vite

Admin a écrit:Dans la seconde partie, tu emploies le passé simple, cela complique les phrases et enlève le côté enfantin de ta lettre .

Cette remarque d'Admin est intéressante, voilà mon ressenti :

Perso, ce n'est pas que le passé simple me choque. Je l'utilise moi aussi beaucoup (il me semble). Sans doute le texte de Charlotte s'il avait été écrit  en intégrant le passé simpledu début à la fin n'aurait pas eu le même rendu. C'est le verbe décidé arrivé brutalement  qui crée la surprise. En effet, en le remplaçant par le plus que parfait, cela aurait mieux sonné, et du coup la fin de texte en aurait été bonifiée.

D'accord avec Admin pour l'emploi du plus-que-parfait qui aurait conservé à l'ensemble le ton du début de la lettre.
L'ennui avec le passé simple c'est que les deux premières personnes du pluriel n'ont pas toujours un rendu très heureux, mais bon, la langue française a ses exigences et pour rendre une action qui arrive brusquement dans un texte au passé, son emploi est requis,donc il est tout à fait à sa place dans ton texte du point de vue grammatical.
J'ai beaucoup aimé le "voyage" en Italie pour aller voir, excusez du peu, le Pape !

Alors moi j'aurais volontiers remplacé les passés simples par de "bêtes" passés composés, tout simplement.
Il s'agit d'évènements passés mais par rapport à une situation d'énonciation présente, qui correspond au moment où on écrit la lettre, d'où mon choix pour le passé composé.
Parce que le plus-que-parfait il exprime certes une antériorité mais dans un contexte passé.
Bon, j'arrête de faire ma prof!

J'ai bien aimé lire ton texte.

Un beau texte Charlotte ... plein de souvenirs ! Et vouloir aller à Rome chercher une dispense pour se marier avec son frère, je n'y aurais pas pensé.

La petite fille est véritablement là, dans ton texte, un peu comme si elle se superposait à Charlotte adulte, lui tenait compagnie en permanence.
C'est émouvant cette complicité, cette connivence au delà du temps, des années

Comme silhène, j'ai particulièrement été touchée et émue par ta complicité avec ton frère, et l'épisode de la voiture m'a fait bien rire !

Très joli texte,

Une très jolie évocation de la petite fille que tu as été, avec ses joies et ses terreurs. L'anecdote du frère Prince charmant et de la tentative de voyage à Rome est à la fois touchante et très drôle et nous atteint au plus profond de nos naïves émotions de fratrie.