La trouille au ventre
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La trouille au ventre
Chère petite Lolo
C'est drôle d'ailleurs que je t'appelle ainsi, parce que Lolo c'est un surnom que personne n'utilisait pour toi quand tu étais enfant. Tu vois, sans te révéler ton futur, je peux quand même te donner un indice ; plus tard, des gens te donneront ce surnom et ce sera par pure amitié.
Oui, pour l'instant tu n'as pas de surnom, ta mère n'aime pas ça, selon elle ça va avec le parler « bébé » qu'elle a rejeté d'emblée, parce qu'il n'était pas question de t'élever comme ta grande sœur. Faut dire que la grande sœur en question a été élevée en partie par les grands-parents et toi, tu es la fille de ta mère et elle a bien l'intention de faire ce qu'elle veut en matière d'éducation. Donc, tu n'auras pas de surnom et tu apprendras à parler directement avec les mots des grands ! Sur ce coup là, faut reconnaître qu'elle a eu bien raison, ta maman. Tout comme cette idée de mettre à l'école dès la maternelle, pour que tu vois d'autres enfants, puisqu'il n'y en pas autour de chez toi et qu'il ne faudrait pas que tu sois élevée par des vieux ! Là encore une bonne idée, sauf que toi là, tu as 6 ans, ça fait déjà 3 ans que tu vas à l'école, mais aujourd'hui tu vas à l'école des grands, tu es rentrée dans la même école mais par l'autre portail et au bas de cette descente, face à cette grande cour, tu te sens totalement dépassée, terriblement seule et perdue. Cela t'arrivera encore souvent petite Lolo, le sentiment de solitude, la peur face à l'immensité de l'espace ou du travail à accomplir, le sentiment d'être toute petite face au monde, oui cela t'accompagnera longtemps. Et pourtant, chaque fois, tu réussiras à faire face et viendront des moments de légèreté puis d'autres moins heureux et tu alterneras entre ces différents moments.
Tu as peur, peur des autres, peur de te perdre, peur de mal faire, peur qu'on se moque de toi parce que tu es un peu différente des autres, tu vis à la campagne, alors que la plupart des gosses de l'école, habitent au village, chez toi c'est une vieille ferme pas vraiment moderne et avec la peur, tu connaîtras la honte, celle de ta mère surtout mais ça tu le découvriras bien plus tard...
Alors voilà, petite Lolo, pour l'instant tu as du mal à partir dans la vie mais ne t'en fais pas trop, tu partiras d'ici, tu rencontreras des gens très différents de toi, des gens venus de tous les pays du monde et tu feras ton chemin dans la vie. Aujourd'hui, je peux juste te dire, que j'aurais aimé que tu apprennes à avoir moins peur plus vite, tu aurais sans doute fait des choix moins douloureux, tu aurais sûrement été plus rassurante aussi, pour ta fille notamment. Parce que ça quand même je peux te dire, tu auras une fille et même si le chemin sera long, tu connaitras le vrai amour... Allez courage petite Lolo, la vie est belle si tu apprends à regarder avec les bonnes lunettes, d'ailleurs tu en portes depuis l'adolescence.
[/color]Oui, pour l'instant tu n'as pas de surnom, ta mère n'aime pas ça, selon elle ça va avec le parler « bébé » qu'elle a rejeté d'emblée, parce qu'il n'était pas question de t'élever comme ta grande sœur. Faut dire que la grande sœur en question a été élevée en partie par les grands-parents et toi, tu es la fille de ta mère et elle a bien l'intention de faire ce qu'elle veut en matière d'éducation. Donc, tu n'auras pas de surnom et tu apprendras à parler directement avec les mots des grands ! Sur ce coup là, faut reconnaître qu'elle a eu bien raison, ta maman. Tout comme cette idée de mettre à l'école dès la maternelle, pour que tu vois d'autres enfants, puisqu'il n'y en pas autour de chez toi et qu'il ne faudrait pas que tu sois élevée par des vieux ! Là encore une bonne idée, sauf que toi là, tu as 6 ans, ça fait déjà 3 ans que tu vas à l'école, mais aujourd'hui tu vas à l'école des grands, tu es rentrée dans la même école mais par l'autre portail et au bas de cette descente, face à cette grande cour, tu te sens totalement dépassée, terriblement seule et perdue. Cela t'arrivera encore souvent petite Lolo, le sentiment de solitude, la peur face à l'immensité de l'espace ou du travail à accomplir, le sentiment d'être toute petite face au monde, oui cela t'accompagnera longtemps. Et pourtant, chaque fois, tu réussiras à faire face et viendront des moments de légèreté puis d'autres moins heureux et tu alterneras entre ces différents moments.
Tu as peur, peur des autres, peur de te perdre, peur de mal faire, peur qu'on se moque de toi parce que tu es un peu différente des autres, tu vis à la campagne, alors que la plupart des gosses de l'école, habitent au village, chez toi c'est une vieille ferme pas vraiment moderne et avec la peur, tu connaîtras la honte, celle de ta mère surtout mais ça tu le découvriras bien plus tard...
Alors voilà, petite Lolo, pour l'instant tu as du mal à partir dans la vie mais ne t'en fais pas trop, tu partiras d'ici, tu rencontreras des gens très différents de toi, des gens venus de tous les pays du monde et tu feras ton chemin dans la vie. Aujourd'hui, je peux juste te dire, que j'aurais aimé que tu apprennes à avoir moins peur plus vite, tu aurais sans doute fait des choix moins douloureux, tu aurais sûrement été plus rassurante aussi, pour ta fille notamment. Parce que ça quand même je peux te dire, tu auras une fille et même si le chemin sera long, tu connaitras le vrai amour... Allez courage petite Lolo, la vie est belle si tu apprends à regarder avec les bonnes lunettes, d'ailleurs tu en portes depuis l'adolescence.
plumentete- Kaléïd'habitué
- Humeur : heureuse attentive
Re: La trouille au ventre
Je me demande si tout ce que tu décris : tes peurs, tes appréhensions, tes doutes et même ta honte ne sont pas propre à l'enfance et s'ils ne sont pas dus à des clichés qu'on nous aurait insufflé selon lesquels, nous devrions ressembler à, sortir de tel milieu plutôt que de tel autre. Tout un tas de complexes en découlent finalement et ne sont pas très constructifs pour l'enfant, alors qu'on devrait nous rassurer en nous recommandant d'être nous même et d'en être fier.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: La trouille au ventre
A part la première partie (et la dernière) de ton texte, je me suis à 100% retrouvée dans tes mots.
Cette peur qu'on y arrivera jamais, et malgré tout, on avance. Et tu as sacrément bien avancé
Cette peur qu'on y arrivera jamais, et malgré tout, on avance. Et tu as sacrément bien avancé
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: La trouille au ventre
Merci pour ce texte que j'ai vraiment pris plaisir à lire.
Posé une trace de l'enfance par le regard d'un adulte, c'est reconstruire un peu nos souvenirs.
Souvenirs de nos peurs, de nos craintes, souvenirs de notre différence et de ne pas être comme les autres.
C'est avec toutes ces émotions et sentiments que l'on grandit et que l'on essaie de se trouver une place dans le monde... Malgré les choix que l'on fait, on avance, on prend le risque de se tromper, mais c'est aussi cela prendre le risque de vivre.
Posé une trace de l'enfance par le regard d'un adulte, c'est reconstruire un peu nos souvenirs.
Souvenirs de nos peurs, de nos craintes, souvenirs de notre différence et de ne pas être comme les autres.
C'est avec toutes ces émotions et sentiments que l'on grandit et que l'on essaie de se trouver une place dans le monde... Malgré les choix que l'on fait, on avance, on prend le risque de se tromper, mais c'est aussi cela prendre le risque de vivre.
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
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