Polly
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Nerwen
Admin
Escandélia
Amanda.
8 participants
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Polly
Polly, épuisée, s’appuie un instant sur le rebord de la bassine où trempe depuis la nuit précédente un jupon qui a traîné dans la boue.
Polly est blanchisseuse chez les Williams.
Par la fenêtre, elle l’aperçoit, lui, le Maître, sir Williams.
Il selle son cheval pour sa promenade quotidienne. Il est beau, il est veuf, il a fière allure.
Depuis le décès de son épouse, morte en couches en mettant les jumelles au monde, il fait peine à voir.
Il traîne sa mélancolie partout dans la maison et même ses propres filles n’arrivent pas à le consoler.
Polly, la pauvre, aimerait bien l’aider.
Mais il ne la voit même pas.
Elle n’est que blanchisseuse, donc rien…
Polly contemple ses mains gercées et couvertes de croûtes.
Polly songe que personne ne devrait jamais avoir à laver le linge sale des autres.
Les jeunes dames pouvaient se comporter comme si elles étaient lisses et immaculées comme les statues des saintes à l’église.
Mais une fois dépouillées de leurs camisoles souillées aussitôt emportées, elles redevenaient des êtres de chair, de sang et de sueur.
Polly avaient frotté leurs taches, celles laissées par leurs menstruations, elles savaient que les jeunes filles n’avaient rien d’anges éthérés…
Si elles avaient dû s’occuper de leurs jupons, il y avait fort à parier qu’elles se seraient montrées plus soigneuses.
Le chaudron fume, Polly remue le paquet de linge bouillant à l’aide d’un bâton, enfonce le tissu, l’agite, le secoue avec force. Il est impératif, lui a-t-on inculqué de redonner toute leur blancheur aux jupons même s’ils doivent être salis aussitôt portés.
Polly soupire. Il reste encore les draps, les taies d’oreillers, les serviettes.
Elle est loin d’avoir fini sa journée !
Et ce linge, il faut ensuite aller l’étendre, et dehors il fait si froid. Même si ce n’est que l’automne.
L’automne est le printemps de l’hiver, mais cette année il est bien frais.
Polly est si jeune, elle a à peine 17 ans. Polly ne connaît de la vie que le couvent des religieuses qui l’ont recueillie quand elle était un bébé abandonné. Ensuite, elle a eu la chance d’être placée par elles chez les Williams, 3 ans déjà.
Ce soir, Polly se dit qu’il doit quand même exister autre chose …
Ce soir, Polly a envie de douceur, de se blottir dans les bras de quelqu’un…
Ce soir, Polly a envie d’amour tout simplement…
Polly est blanchisseuse chez les Williams.
Par la fenêtre, elle l’aperçoit, lui, le Maître, sir Williams.
Il selle son cheval pour sa promenade quotidienne. Il est beau, il est veuf, il a fière allure.
Depuis le décès de son épouse, morte en couches en mettant les jumelles au monde, il fait peine à voir.
Il traîne sa mélancolie partout dans la maison et même ses propres filles n’arrivent pas à le consoler.
Polly, la pauvre, aimerait bien l’aider.
Mais il ne la voit même pas.
Elle n’est que blanchisseuse, donc rien…
Polly contemple ses mains gercées et couvertes de croûtes.
Polly songe que personne ne devrait jamais avoir à laver le linge sale des autres.
Les jeunes dames pouvaient se comporter comme si elles étaient lisses et immaculées comme les statues des saintes à l’église.
Mais une fois dépouillées de leurs camisoles souillées aussitôt emportées, elles redevenaient des êtres de chair, de sang et de sueur.
Polly avaient frotté leurs taches, celles laissées par leurs menstruations, elles savaient que les jeunes filles n’avaient rien d’anges éthérés…
Si elles avaient dû s’occuper de leurs jupons, il y avait fort à parier qu’elles se seraient montrées plus soigneuses.
Le chaudron fume, Polly remue le paquet de linge bouillant à l’aide d’un bâton, enfonce le tissu, l’agite, le secoue avec force. Il est impératif, lui a-t-on inculqué de redonner toute leur blancheur aux jupons même s’ils doivent être salis aussitôt portés.
Polly soupire. Il reste encore les draps, les taies d’oreillers, les serviettes.
Elle est loin d’avoir fini sa journée !
Et ce linge, il faut ensuite aller l’étendre, et dehors il fait si froid. Même si ce n’est que l’automne.
L’automne est le printemps de l’hiver, mais cette année il est bien frais.
Polly est si jeune, elle a à peine 17 ans. Polly ne connaît de la vie que le couvent des religieuses qui l’ont recueillie quand elle était un bébé abandonné. Ensuite, elle a eu la chance d’être placée par elles chez les Williams, 3 ans déjà.
Ce soir, Polly se dit qu’il doit quand même exister autre chose …
Ce soir, Polly a envie de douceur, de se blottir dans les bras de quelqu’un…
Ce soir, Polly a envie d’amour tout simplement…
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Polly
c'est une très belle histoire que tu nous donne là Amanda. La servante amoureuse du maître, cela a du arriver plus d'une fois, à toutes ces jeunes filles dont le rêve est la seule évasion. J'ai bien aimé la réflexion de Polly tout au long de ce texte :
. Leur dignité devrait être à ce prix !Les jeunes dames pouvaient se comporter comme si elles étaient lisses et immaculées comme les statues des saintes à l’église.
Mais une fois dépouillées de leurs camisoles souillées aussitôt emportées, elles redevenaient des êtres de chair, de sang et de sueur.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Polly
Pauvre. Polly qui va aller de désenchantement en désenchantement si elle continue à rêver ainsi
Drôle d'idée d'appeler ton personnage Polly, ça m'a perturbée ayant toujours en tête le petit cheval Polly de la bibliothèque verte de mon enfance !
Drôle d'idée d'appeler ton personnage Polly, ça m'a perturbée ayant toujours en tête le petit cheval Polly de la bibliothèque verte de mon enfance !
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Polly
Je ne connais pas ce cheval.
Je ne pouvais pas non plus l'appeler "Nana" déjà que mon texte fait un peu penser à du "ZOLA" pour le misérabilisme...
Je ne pouvais pas non plus l'appeler "Nana" déjà que mon texte fait un peu penser à du "ZOLA" pour le misérabilisme...
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Polly
Tu parles très bien de la condition des servantes de l'époque, rivées à leur travail et qui ne pouvaient s'en échapper que dans leurs rêves...
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Polly
Ingratitude de ce travail qui était le sort de bien des femmes au service des riches pour qui elles sont transparentes . Ton récit rend bien compte de ce que devait être la vie des jeunes filles de cette fin de 19ème siècle...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Polly
Ta blanchisseuse est une rêveuse et personne ne peut lui enlever cela. A 17 ans, déjà confrontée à la dure réalité d'une existence de bonne, elle ne peut qu'espérer une vie meilleure. Et même, si au fond d'elle, elle sait que son destin de fille trouvée est tout tracé, elle se complaît à imaginer un autre horizon. Et elle a raison : les temps vont bientôt changer pour les femmes.
Bravo pour ce très bon texte.
Bravo pour ce très bon texte.
Invité- Invité
Re: Polly
Pauvre jeune fille si rêveuse que la ure réalité viendra un jour réveiller hélas...
Myriel- Kaléïd'habitué
- Humeur : Girouette
Re: Polly
Ton texte m'a ramené à des souvenirs d'enfance. Il y avait aussi chez nous une Polly préposée uniquement à la lessive de notre famille composé de deux adultes( les parents )et de 9 enfants. Je ne te dis pas le paquet de lessive qu'elle avait chaque semaine à laver de ses propres mains ( Il n' y avait pas encore de lessiveuse à l'époque. Le lundi le linge était trempé pendant 24 heures dans de l'eau froide dans une immense baignoire en pierre. Le mardi le linge blanc était bouilli dans une immense marmite placé au dessus d' un feu de bois, elle remuait le linge avec un grand bâton. Le mercredi le linge était étendu par terre dans l'herbe . Le jeudi il était mis à sécher sur des fils dehors( je ne sais pas ce qu'on faisait quand il pleuvait et le vendredi elle repassait tout . Enfin le samedi le linge était mis dans nos armoires. Elle s'appellait Anna on l'appelait la grande Anna à cause de sa taille. C'était une grande femme toute humble à qui je venais poser mes questions d'enfant tandis qu'elle repassait dans la cuisine à savoir notamment comment on fait des enfants ! C'est comme çà que j'ai appris que les bébés se trouvaient dans les choux!
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Polly
Mais maintenant tu sais comment faire puisque te voilà encore une fois grand-mère !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Polly
Ben oui elle sais faire, elle a planté un jardin plein de choux
Myriel- Kaléïd'habitué
- Humeur : Girouette
Re: Polly
Cette Polly est attachante et intelligente, vu la lucidité du regard qu’elle porte sur cette famille bourgeoise et sur l’injustice de sa condition. On lui souhaite une belle histoire d’amour, mais si sensible que soir Maître William est-ce qu’il ne va pas simplement profiter d’elle pour ensuite la jeter comme un mouchoir sale, vu que ça se passait souvent ainsi ? Comme un satiriste de l’époque le faisait dire à un bon bourgeois : « Père Populo, fais-nous des filles, qu’on rigole ! »
J'aime beaucoup
Polly songe que personne ne devrait jamais avoir à laver le linge sale des autres.
et aussi le passage cité par Escandèlia.
J'aime beaucoup
Polly songe que personne ne devrait jamais avoir à laver le linge sale des autres.
et aussi le passage cité par Escandèlia.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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