Le facteur de Germaine
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Le facteur de Germaine
Remanié par cats
d'après un message de Georges de Garabige , conteur
d'après un message de Georges de Garabige , conteur
Je vous le dis tout net, le Baptiste est bien triste et c'est à cause de ce putain de facteur!
Ce gars là ne se contentait pas de distribuer le courrier avec dextérité. Enfin, n'exagérons pas : fonctionnaire, il était tout juste payé pour faire son boulot correctement !
L'Arthur s’arrêtait chez nous sans façon se faire offrir un coup de... rouge. Je dis chez nous, mais je devrai dire chez ma femme, la Germaine.
Moi, à l'heure de son passage je trimais dans les champs. Le bougre, il prenait son temps pour descendre son verre. Il en profitait pour raconter sa vie, faire l’intéressant, quoi ! C'était Monsieur je sais tout. Société, politique, syndicats, rien ne le laissait indifférent, c'est tout juste s'il ne prédisait pas le nombre d'œufs à venir dans dans le cul de la poule !
Dans sa solitude d'homme pas trop usé par son travail, il écrivait des romans, des poèmes. Parfois, il déclamait quelques vers à la Germaine tout en dégustant son verre. Elle buvait ses paroles comme un élixir de jouvence ! Il a fini par la convaincre de l'accompagner aux réunions du parti, (des rouges, m'avait-on dit). Puis, aux cours du soir, ils ont appris à manier la dialectique, lire Marx dans le texte, se pénétrer du potentiel irrésistible des masses laborieuses !
Bref, ils voulaient refaire le monde ! Là, j'aurais du me méfier ! voir rouge, quoi ! Mais couillon comme j'étais, je n'ai rien vu venir ! Il venait chercher ma femme et la ramenait tard dans la nuit. J'étais content... Ses yeux pétillaient ; manifestement, elle était heureuse !
Et moi ? J'avais conscience de mon impuissance à lui apporter ce dont elle rêvait. Je rentrais des champs, harassé. Une bonne soupe, un chabrol, j'allais me coucher et je ronflais comme un bienheureux ! Pendant qu'ils refaisaient le monde et bien d'autre chose encore …
Neuf mois après l'étude de ''Misère de la Philosophie '' de Marx et Engels, la Germaine mettait au monde un rejeton qui ressemblait à ce salaud de facteur. Il ne lui manquait que la casquette !
Eh, oui ! L'autre, en faisant ses tournées, a retourné ma Germaine ... Un jour, ils sont partis du pays. Je n'en suis pas encore revenu de ce départ.
Je suis seul...
Je suis triste ! Pour me consoler, j'écluse les litres de rouge. Ma santé se dégrade de jour en jour.
Je m’interroge, tel le buveur de Toulouse-Lautrec. Dois-je arrêter de boire ce rouge ? Cette couleur ne m'a jamais porté bonheur! Oui, mais alors, là est la question : si je bois du blanc, est-ce que ça ne sera pas pire ? Ne finirais-je pas dans les bras de Marine ?
Et là, tout le monde dira de moi : il est complètement timbré !!!
Normal que je leur répondrais : c'est à cause du facteur.
Ce gars là ne se contentait pas de distribuer le courrier avec dextérité. Enfin, n'exagérons pas : fonctionnaire, il était tout juste payé pour faire son boulot correctement !
L'Arthur s’arrêtait chez nous sans façon se faire offrir un coup de... rouge. Je dis chez nous, mais je devrai dire chez ma femme, la Germaine.
Moi, à l'heure de son passage je trimais dans les champs. Le bougre, il prenait son temps pour descendre son verre. Il en profitait pour raconter sa vie, faire l’intéressant, quoi ! C'était Monsieur je sais tout. Société, politique, syndicats, rien ne le laissait indifférent, c'est tout juste s'il ne prédisait pas le nombre d'œufs à venir dans dans le cul de la poule !
Dans sa solitude d'homme pas trop usé par son travail, il écrivait des romans, des poèmes. Parfois, il déclamait quelques vers à la Germaine tout en dégustant son verre. Elle buvait ses paroles comme un élixir de jouvence ! Il a fini par la convaincre de l'accompagner aux réunions du parti, (des rouges, m'avait-on dit). Puis, aux cours du soir, ils ont appris à manier la dialectique, lire Marx dans le texte, se pénétrer du potentiel irrésistible des masses laborieuses !
Bref, ils voulaient refaire le monde ! Là, j'aurais du me méfier ! voir rouge, quoi ! Mais couillon comme j'étais, je n'ai rien vu venir ! Il venait chercher ma femme et la ramenait tard dans la nuit. J'étais content... Ses yeux pétillaient ; manifestement, elle était heureuse !
Et moi ? J'avais conscience de mon impuissance à lui apporter ce dont elle rêvait. Je rentrais des champs, harassé. Une bonne soupe, un chabrol, j'allais me coucher et je ronflais comme un bienheureux ! Pendant qu'ils refaisaient le monde et bien d'autre chose encore …
Neuf mois après l'étude de ''Misère de la Philosophie '' de Marx et Engels, la Germaine mettait au monde un rejeton qui ressemblait à ce salaud de facteur. Il ne lui manquait que la casquette !
Eh, oui ! L'autre, en faisant ses tournées, a retourné ma Germaine ... Un jour, ils sont partis du pays. Je n'en suis pas encore revenu de ce départ.
Je suis seul...
Je suis triste ! Pour me consoler, j'écluse les litres de rouge. Ma santé se dégrade de jour en jour.
Je m’interroge, tel le buveur de Toulouse-Lautrec. Dois-je arrêter de boire ce rouge ? Cette couleur ne m'a jamais porté bonheur! Oui, mais alors, là est la question : si je bois du blanc, est-ce que ça ne sera pas pire ? Ne finirais-je pas dans les bras de Marine ?
Et là, tout le monde dira de moi : il est complètement timbré !!!
Normal que je leur répondrais : c'est à cause du facteur.
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Le facteur de Germaine
Bravo Georges, superbe histoire magnifiquement remaniée par Cats
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
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