Ca sent la neige

Dehors, il faisait frais, il y avait un petit vent glacial, et j’ai le bout des orteils gelés. Ça sent la neige. Ici, au pied des montagnes, on sait quand il neige sur les hauteurs, je ne saurais pas l’expliquer, mais on le sait. Il y a une odeur particulière, le ciel aussi est d’une couleur particulière, et puis les montagnes sont entourées de nuages gris foncés, pas de la couleur de la pluie non, de la couleur de la neige. On ne distingue plus le pic d’Ossau au loin. Ce soir, c’est sûr, il neige en montagne, je le sens. Et puis le feu est franc, le poêle tout entier murmure, les bûches aussi sentent la neige lorsqu’elles brûlent.

A parler ainsi de ces montagnes, on pourrait croire que je suis d’ici et pourtant je viens d’ailleurs, d’un endroit bien plus sec, plus venteux mais qui a ceci de commun avec les Pyrénées : il est aussi sauvage et authentique. C’est peut-être pour ça que je me sens si bien ici. Rien ne change dans ces montagnes, depuis des décennies, les sommets, les vallées, les lacs, les villages, les bêtes et les hommes n’ont pas bougé, pas changé. Il n’y a rien de plus, rien de moins.

A part bien sûr ces quelques stations de skis (qui restent à taille humaine) et que je ne fréquente plus depuis longtemps, préférant les sentiers de randonnées, été comme hiver. Elles se transforment au gré de l’évolution du tourisme mais rien à voir avec ce qu’on peut voir dans les Alpes.

Si les skieurs qui ne viennent que durant les mois d’hiver, s’entasser dans des cages à lapin, savaient les trésors de cette montagne, ils n’en croiraient pas leurs yeux. S’ils oubliaient leurs tenues de ski dernier cri, leurs longues heures passées sur des pistes impeccables, et découvraient au lieu de consommer, ils apprendraient à respecter et aimer vraiment la montagne.

Finalement, j’ai pas trop envie qu’ils sortent des stations : moins il y a de monde dans la montagne, mieux je communie avec elle ! Mais quand même, quand on prend la peine d’aller au-delà de l’apparence, quand on fait l’effort de soulever le rideau, au fond de la scène, on est projeté dans un autre univers (un peu comme dans le monde de Narnia, vous voyez ?)

Je sais que je me répète souvent, ici et sur mon blog ou sur Kalé, mais je l’aime tellement cette montagne que je ne peux pas m’en empêcher !

Fifi le chat est venue me tenir compagnie, elle est assise sur le bureau, près du clavier, fière et l’air hautain. J’ai l’impression qu’elle lit l’écran à mesure que j’écris. Elle suit le petit trait noir qui court devant les lettres, sans doute très impressionnée par l’intelligence de mes propos ? De temps en temps elle se risque à un minuscule miaulement, quémandant sans doute une caresse. Une alors mais pas plus, désolée mais l’heure tourne et je reste concentrée pour pas perdre le fil.

Balto le chien m’encourage à travers la vitre, me fixant depuis un bon moment déjà, à moins qu’il ne surveille Fifi qui l’ignore complètement ? Peut-être m’interroge-t-il en silence ? Dis, ça sent la neige, on part en rando demain ? Non Balto, on prévoit du mauvais temps demain en montagne, mais ce n’est que partie remise.

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Ce texte est le 5ème de mon marathon qui a duré 15 heures. C'est le plus "neutre" et il représente bien l'état dans lequel je suis au bout de 3 ou 4 heures de marathon.
A chaque marathon, je descends en moi-même, plus rien n'existe autour de moi que l'écran, les mots, écrits ou lus, et cette impression de partager un moment extrêmement privilégié avec ceux qui font le marathon en même temps que moi.
Le marathon a ceci d'incroyable, c'est qu'il est à la fois un moment de solitude extrême (on est seul avec ses mots, parfois à 3h du mat) et en même temps on ressent très fortement la présence de quelques autres qui sont là, en train d'écrire eux aussi, et dans le même état que vous.
C'est vraiment une parenthèse enchantée