Puisqu'il faut voter...
5 participants
Page 1 sur 1
Puisqu'il faut voter...
Nom et prénom: ARANSON Fernande
âge: 21 ans
Profession: Ouvrière à l’usine
Milieu social**: Prolétariat
Ville: Grenoble
Fernande revient de l’usine. Il y a eu un accrochage tout à l’heure, les filles se sont chamaillées pour une broutille, une histoire de bouton dérobé.
Quand même, une manche de sa robe est déchirée.
Fernande hausse ses épaules. Elle ne se sent pas vraiment à sa place parmi ces filles de la campagne venues en ville pour gagner un peu d’argent.
La situation a un peu évolué.
En cet après-guerre, les gens osent maintenant sortir dans la rue. Les bruits des bombes et la peur des soldats sont presque oubliés. On ne les voyait plus guère.
Les femmes ont remplacé les hommes dans les usines, il faut que la vie continue.
Fernande en fait partie, aînée d’une grande famille de huit enfants, le père disparu, il lui revient d’aider sa pauvre mère à joindre les deux bouts. Pas facile de gagner son pain à la sueur de son front.
Si encore, il n’y avait que cela. Mais après les quinze heures de travail, il lui faut encore préparer la soupe du soir. Maman souffre depuis un certain temps d’une faiblesse aux poumons. Et l’entendre tousser lui déchire le cœur, à Fernande !
Pour lui éviter toute fatigue, elle prend la relève et s’occupe de ses frères et sœurs sans rechigner, courageuse.
Elle se sent épuisée ce soir.
Demain sera LE grand jour.
Elle soupire. Dans toute l’usine, du prolétaire jusqu’à la patronne, tout le monde en parle. Le vote, le vote, et encore le vote.
Elle n’arrive pas à bien saisir toute sa portée. Dans l’immédiat, elle n’en a que faire.
Ses préoccupations tournent autour de sa famille et sa survie.
La vie s’est organisée, les plus grands aident les plus petits dans un calme plus ou moins incertain et dans une ambiance joyeuse à défaut d’abondance.
Il faut vérifier les devoirs du soir, faire réciter et lorsque tout ce beau monde a fini, la soirée est déjà bien avancée.
Lasse, Fernande ramène une mèche derrière son oreille, passe une main fatiguée devant ses yeux.
Elle a perdu le papier sur lequel étaient listés les différents partis…
Elle avait parcouru rapidement les différents textes et le discours de Guy Mollet, son engagement dans la résistance l’avait convaincue de sa sincérité.
Demain, le bureau de vote commencera tôt.
Fernande réfléchit. Si elle s’organise bien, elle peut confier au petit Louis la responsabilité du petit déjeuner. Il allait sur ses quatorze ans, elle avait confiance.
Elle calcule rapidement. Le trajet jusqu’en ville devait faire une vingtaine de minutes à pied. En se dépêchant, elle serait de retour dans une à deux heures.
Elle aurait amplement le temps de préparer le repas de midi et de s’occuper des tâches ménagères.
Elle se masse ses épaules et se lève de sa chaise.
Elle éteint les lumières, fait le tour des chambres et regarde attendrie les têtes blondes endormies, la bouche entrouverte, emportées dans les rêves.
Elle vient voir Maman. Elle dort, un sourire sur les lèvres, le visage paisible.
Elle referme doucement la porte et se promet de tout faire pour que la famille ne manque de rien. Elle espère que l’avenir sera plus clément, que toutes ses promesses entendues se réaliseront.
âge: 21 ans
Profession: Ouvrière à l’usine
Milieu social**: Prolétariat
Ville: Grenoble
Fernande revient de l’usine. Il y a eu un accrochage tout à l’heure, les filles se sont chamaillées pour une broutille, une histoire de bouton dérobé.
Quand même, une manche de sa robe est déchirée.
Fernande hausse ses épaules. Elle ne se sent pas vraiment à sa place parmi ces filles de la campagne venues en ville pour gagner un peu d’argent.
La situation a un peu évolué.
En cet après-guerre, les gens osent maintenant sortir dans la rue. Les bruits des bombes et la peur des soldats sont presque oubliés. On ne les voyait plus guère.
Les femmes ont remplacé les hommes dans les usines, il faut que la vie continue.
Fernande en fait partie, aînée d’une grande famille de huit enfants, le père disparu, il lui revient d’aider sa pauvre mère à joindre les deux bouts. Pas facile de gagner son pain à la sueur de son front.
Si encore, il n’y avait que cela. Mais après les quinze heures de travail, il lui faut encore préparer la soupe du soir. Maman souffre depuis un certain temps d’une faiblesse aux poumons. Et l’entendre tousser lui déchire le cœur, à Fernande !
Pour lui éviter toute fatigue, elle prend la relève et s’occupe de ses frères et sœurs sans rechigner, courageuse.
Elle se sent épuisée ce soir.
Demain sera LE grand jour.
Elle soupire. Dans toute l’usine, du prolétaire jusqu’à la patronne, tout le monde en parle. Le vote, le vote, et encore le vote.
Elle n’arrive pas à bien saisir toute sa portée. Dans l’immédiat, elle n’en a que faire.
Ses préoccupations tournent autour de sa famille et sa survie.
La vie s’est organisée, les plus grands aident les plus petits dans un calme plus ou moins incertain et dans une ambiance joyeuse à défaut d’abondance.
Il faut vérifier les devoirs du soir, faire réciter et lorsque tout ce beau monde a fini, la soirée est déjà bien avancée.
Lasse, Fernande ramène une mèche derrière son oreille, passe une main fatiguée devant ses yeux.
Elle a perdu le papier sur lequel étaient listés les différents partis…
Elle avait parcouru rapidement les différents textes et le discours de Guy Mollet, son engagement dans la résistance l’avait convaincue de sa sincérité.
Demain, le bureau de vote commencera tôt.
Fernande réfléchit. Si elle s’organise bien, elle peut confier au petit Louis la responsabilité du petit déjeuner. Il allait sur ses quatorze ans, elle avait confiance.
Elle calcule rapidement. Le trajet jusqu’en ville devait faire une vingtaine de minutes à pied. En se dépêchant, elle serait de retour dans une à deux heures.
Elle aurait amplement le temps de préparer le repas de midi et de s’occuper des tâches ménagères.
Elle se masse ses épaules et se lève de sa chaise.
Elle éteint les lumières, fait le tour des chambres et regarde attendrie les têtes blondes endormies, la bouche entrouverte, emportées dans les rêves.
Elle vient voir Maman. Elle dort, un sourire sur les lèvres, le visage paisible.
Elle referme doucement la porte et se promet de tout faire pour que la famille ne manque de rien. Elle espère que l’avenir sera plus clément, que toutes ses promesses entendues se réaliseront.
Anneh- Occupe le terrain
- Humeur : Joyeuse
Re: Puisqu'il faut voter...
J'aime beaucoup la simplicité de ton texte Anneh. Tu décris les conditions de vie d'une grande majorité d'ouvrières à cet époque la avec beaucoup de justesse. Et je pense que tu as très bien cerné les préoccupations des femmes à cette époque la.
Bravo, j'ai vraiment aimé ce texte
Bravo, j'ai vraiment aimé ce texte
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Puisqu'il faut voter...
J'ai dû faire des recherches !!!
M'imprégner de la politique de l'époque, des conditions de travail...
Merci à Amanda pour son coup de plume...
M'imprégner de la politique de l'époque, des conditions de travail...
Merci à Amanda pour son coup de plume...
Anneh- Occupe le terrain
- Humeur : Joyeuse
Re: Puisqu'il faut voter...
un bon texte, anneh, bien plus construit que tes précédents, tes recherches se sentent et donnent du corps à ton récit
bravo
bravo
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: Puisqu'il faut voter...
J'aime aussi comme tu places le contexte d'après-guerre, c'est quelque chose que je n'ai pas vraiment réfléchi.
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Sujets similaires
» Demain, j'irai voter
» J'ai lutté pour avoir le droit de voter.
» C'est moi qu'il te faut
» B Faut pas croire !
» Point trop n'en faut !
» J'ai lutté pour avoir le droit de voter.
» C'est moi qu'il te faut
» B Faut pas croire !
» Point trop n'en faut !
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|