A. Souvenir de famille

« Oups j’ai fait un gros trou dans ce jardin» s’écria Rocky, jack terrier de 3 ans.

«Un sacré cratère tu veux dire ! » ironisa GrosMatou confortablement installé sur le muret. « Regarde-moi ce carnage ! Tu vas avoir une sacrée correction au retour des maitres »

Rocky, babines légèrement retroussées,  regarda d’un œil mauvais GrosMatou. Il ne l’aimait pas ! Il n’aimait pas son arrogance et sa suffisance. S’il pouvait, il lui mettrait bien un coup de dents.

GrosMatou les yeux à demi fermés fixait sans sourciller Rocky. Il ne craignait rien de ce GrosPataud comme il l’appelait. Il était bien plus leste que lui et il avait ses griffes…

Des griffes dont Rocky se méfiait. Aussi il retourna à son trou et se remit à creuser. Pour chercher quoi ? Bien malin qui le savait.

La terre volait de partout. Rocky y mettait une telle énergie que bientôt tous les animaux du jardin s’attroupèrent pour l’observer médusés.

Il y avait Noisette l’écureuil à la longue queue marron, la tribu des zozios (petites mésanges charbonnières), Souriceau, Souricette et tous leurs enfants,  Picpic le pic-vert. Même que Dametaupe et MonsieurTaupe étaient sortis de leur galerie pour observer qui leur faisait ombrage à creuser ainsi la terre. Après tout n’est-ce pas leur apanage ?

Peu à peu ils virent Rocky disparaitre dans le sol jusqu’à ne plus voir que son arrière train et sa queue. Inquiets ils se demandaient s’il n’allait pas se coincer.

C’est alors que Rocky recula et s’extirpa du cratère qu’il avait si consciencieusement creusé. Très fier, il tenait dans sa gueule un énorme os plein de terre !

« Tout ça pour ça ! » s’exclama Grosmatou d’un air dédaigneux « Un vulgaire os plein de vermine »

« Ce n’est pas un vulgaire os. C’est un souvenir de famille. Maman m’en a parlé alors qu’elle mourait. Elle m’a demandé d’aller le déterrer. C’est un os qui passe de génération en génération. Plus tard à mon tour je l’enterrerai de nouveau, pour mon fils. »

« Oh ! » s’écrièrent les zozios tous attendris alors que les yeux de Noisette l’écureuil s’emplirent de larmes.

« Et tu vas le mettre où ? Les maitres vont le jeter »

« Pas question. Je vais le garder au fond de ma niche. Personne ne le trouvera. Et toi tu n’as pas intérêt à cafter sinon… »

« Sinon quoi GrosPataud ?»

Rocky ne répondit pas et, fier comme Artaban, alla mettre son os à l’abri. Revenu au milieu du jardin il prit alors seulement conscience des dégâts qu’il avait faits. Tout le massif de fleurs était sens dessus dessous. Tulipes, soucis, giroflées, gisaient par terre à moitié recouverts de terre.

« Oups j’ai fait un sacré carnage. Il va m’en cuire !». Il avait l’air si malheureux et il était si lamentable avec son museau noir de terre et ses coussinets plein d’argile que Noisette l’écureuil interpella GrosMatou.

« GrosMatou ! On ne peut pas laisser Rocky se faire disputer par les maitres. Il faut qu’on l’aide à réparer les dégâts »

GrosMatou regarda Rocky, le trou et les autres animaux. Puis il opina de la tête « D’accord ! Allons-y ! ». Il donna prestement ses ordres et tout le monde s’exécuta.

DameTaupe et MonsieurTaupe se mirent aussitôt à l’ouvrage et de leurs pattes puissantes commencèrent à reboucher le trou. Les zozios par équipes de 3-4 tenaient bien droits les fleurs déterrées que la famille souriceau s’empressait de replanter. Noisette l’écureuil d’un coup de queue délicat nettoyait les fleurs replantées en enlevant toute trace de terre qui les salissait.

De l’autre côté du jardin, Picpic le pic-vert tenait dans son bec le tuyau d’arrosage et d’un jet puissant lavait Rocky sous toutes les coutures. Ce dernier une fois propre se roula dans l’herbe pour s’essuyer.

Quant à Grosmatou, celui-ci montait la garde. A l’arrivée de la voiture des maitres au bout de la rue il siffla pour avertir tout le monde.

DameTaupe, MonsieurTaupe et la famille Souriceau s’éclipsèrent dans leurs galeries respectives. Les zozios rejoignirent le sommet des arbres et se mirent à chanter. Noisette l’écureuil passa de branche en branche pour disparaitre dans le parc voisin. Picpic le pic-vert s’envola discrètement.

GrosMatou vint accueillir les maitres à leur descente de voiture, se frottant contre eux en ronronnant. « Faux cul » pensa Rocky qui se roula en boule à l’entrée de sa niche, faisant semblant de dormir.

Les maitres ne s’aperçurent de rien et Rocky ne fut pas disputé. Ce dernier remercia GrosMatou (bon… du bout de la langue !) et tous les animaux du jardin qui l’avait aidé. Il les invita à une grande fiesta mais ceci est une autre histoire.

Après a voir lu ce texte délicieux, j'ai vraiment envie que tu nous racontes la fiesta des animaux, ce ne peut qu'être succulent et truculent. !
Allez, la suite...

Tu auras compris que j'ai tout simplement adoré ton texte Sherkane,ton imagination débordante, la description que tu donnes de chaque animal, caractère compris...
Ce pourrait même être une fable avec une belle morale de solidarité et d'entraide.
On met ses petits différends, ses petites jalousies de côté pour venir en aide à celui qui en a besoin.
Donc, aussi, un texte qui donne à réfléchir.

Je suis totalement fan !

Il ne manque que les dessins pour en faire une jolie histoire pour enfants

Une belle histoire de solidarité comme on aimerait en connaitre aussi. J'attends avec impatience des nouvelles de la fiesta.

Oh <3

Oui belle histoire, parfaite pour des enfants.
J'imagine déjà les illustrations !

Belle solidarité.