Lettre à mon Papainconnu qui ne la lira jamais

**Amanda.** Jeu 25 Juin - 12:42

Papa,
Un jour, tu m’as mis bien au chaud dans le ventre de Maman.
Maman ! Maman qui me chantait des chansons douces, qui me murmurait des mots d’amour en caressant son ventre.

Mais Toi, Papa outétais, Toi ?
Jamais je n’ai entendu le son de ta voix, déjà j’étais orphelin de Toi, avant même de pointer le bout de mon nez au-dehors !
J’ai grandi, j’ai pris le pli…
Ce n’est pas trop difficile de se passer d’un papainconnu.
Les autres, à l’école, ils en ont tous un pour de vrai, mais ils n’arrêtent pas de s’en plaindre.
Il y a toutes sortes de Papas, à ce qu’il paraît…
Le Papa qui est toujours là, à contrôler, à punir, à crier…
Celui-là, j’en veux pas !
Le Papa qui est là, parfois, de temps en temps entre deux voyages, pour le boulot ou le bon plaisir, tout le temps pressé, tout le temps stressé…
Celui-là, j’en veux pas non plus !
Le Papa fatigué, épuisé par un travail trop dur, trop lourd, qui ne supporte rien d’autre qu’un match de foot et une bière quand il rentre à la maison…
Celui-là, j’en veux sûrement pas !
Et le Papa qui n’en a pas du boulot, le traîne-savates qui n’en cherche même plus, le bon à rien, même pas à s’occuper de son môme…
Même pas en rêve !
Ni même le Papa-Poule, bien plan-plan…
Je suis bien mieux comme ça avec mon Papainconnu !
Papaoutai ?
As-tu construit une famille ailleurs, sans moi ? Est-ce que j’ai des frères, des sœurs ?
Ou alors, tu es un Super-Héros, mon Papainconnu, un reporter au bout du monde, un médecin sans frontières ? Un marin qui sillonne les mers ? En prison, retenu en otage ?
Ou mieux, un Roi qui cache avec soin son bâtard ?
Je serais un Prince alors, ton petit Prince ?
Tu vois, mon Papainconnu, je rêve…
Ce n’est pas trop difficile de se passer d’un Papa…
Sauf que, le soir dans mon lit, je mords mon oreiller pour empêcher les sanglots de monter, pour empêcher les mots de sortir, pour ne pas crier « Papaoutai, sale type, lâche, briseur de rêves, casseur d’espoirs … »
J’ai honte pour Toi, Papainconnu.

Ton fils dont tu n’as pas voulu.

**Charlotte** Jeu 25 Juin - 16:21

Encore un pauvre chéri qui dresse le portrait de tous les papas qu'il ne veut pas avoir et avoir et qui pleure le soir tout seul dans son lit parce qu'il voulait tellement être un enfant désiré par un papa.
Très bon texte Amanda et comme d'habitude très bien construit.

**Escandélia** Jeu 25 Juin - 18:19

Et il y en as des papas inconnus, et encore pire des connus qui ne s'occupent de leur môme que lorsque ça leur rapporte ! quand au papa idéal : je crois que c'est le sien quand on a la chance d'en avoir un.

**Admin** Jeu 25 Juin - 20:44

Et parfois c'est bien mieux de pas connaître son papa, comme ça on est pas déçu Wink

**plumentete** Ven 26 Juin - 17:00

Magistrale cette écriture et ce discours du fils sans père, oui parfois c'est mieux de ne pas le connaitre mais je crois que ça prend du temps de se dire ça, bien que j'ai connu des personnes pour lesquelles le problème se manifeste bien plus tard... difficile finalement et très personnel comme sujet. En tout cas j'ai aime ton texte et ton écriture, une fois encore.

**virgul** Sam 27 Juin - 18:25

Un gamin qui se console en reniant tous les autres papas, puis qui idéalise le sien, ce qui rend son absence d'autant plus pénible et déclenche sa colère. Très bien mené et agréable à lire.