A. Deux mondes
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A. Deux mondes
Pendant que mes camarades de classe écoutaient les stars de notre époque, se retrouvaient chez Laurette, dansaient sur des 33 tours rythmés ou fredonnaient Marianne était jolie, je découvrais des musiques très différentes : Gustave Doret, Carlo Boller, Emile-Jaques Dalcroze, Pierre Alin et d’autres, tous des compositeurs du terroir ayant écrit pour des chœurs de village, chœurs mixtes et chœurs d’enfants.
Mon cœur mélancolique avait soif de beauté, d’harmonie, de douceur. J’observais les paysages, ses jeux de couleurs. Je buvais les paroles bucoliques, goûtais les mélodies simples, en lien avec la nature, l’agriculture, la vie du village, la terre natale.
J’avais un besoin viscéral de m’enraciner dans une tradition musicale régionale, j’y trouvais du réconfort dans ma solitude, dans mes différences.
En été, je me réveillais souvent à cinq heures du matin ; je partais en balade, seule, alors que le jour venait de se lever, que tout était comme neuf. La terre sentait bon l’humidité de la nuit, la lumière avait cette clarté particulière du matin. J’écoutais le chant des oiseaux, je m’enivrais des odeurs de la forêt. Dès que j’étais en contact avec la nature, mon cœur se mettait à chanter, à vibrer d’une émotion profonde, impossible à décrire ; j’étais un avec le labyrinthe d’arbres et de clairières qui m’entourait, un avec l’univers.
C’étaient des moments de respiration intense, car à l’école, je me sentais dépérir. Ce qui vivait en moi n’était pas partageable. Nous vivions sur des planètes différentes. Pas étonnant alors que je n’arrive à créer des liens d’amitié. Ce qui m’habitait n’avait aucun lien avec les intérêts habituels des camarades de mon âge. Je ne pouvais pas m’amuser comme eux. La vie déjà avait laissé une empreinte forte sur moi. La mort avait frappé de jeunes vies dans mon entourage, ma grand-mère était atteinte d’un cancer, je percevais la souffrance de ma mère. Le couple de mes parents était au bord de la rupture. Non, la vie était trop triste, je ne pouvais pas m’amuser, c’était impossible. Les let’s dance, let’s drink, let’s be happy étaient trop douloureux.
Mon refuge se trouvait dans la musique, dans l’harmonie pleine du chant à trois voix, dans l’expression du souffle vibrant. La tristesse devenait mélopée, les souffrances devenaient magma sonore, l’émotion profonde se frayait un chemin à travers mon âme, des joies naissaient dans les mélodies souples et aériennes…. Tout mon cœur se métamorphosait.
Mon cœur mélancolique avait soif de beauté, d’harmonie, de douceur. J’observais les paysages, ses jeux de couleurs. Je buvais les paroles bucoliques, goûtais les mélodies simples, en lien avec la nature, l’agriculture, la vie du village, la terre natale.
J’avais un besoin viscéral de m’enraciner dans une tradition musicale régionale, j’y trouvais du réconfort dans ma solitude, dans mes différences.
En été, je me réveillais souvent à cinq heures du matin ; je partais en balade, seule, alors que le jour venait de se lever, que tout était comme neuf. La terre sentait bon l’humidité de la nuit, la lumière avait cette clarté particulière du matin. J’écoutais le chant des oiseaux, je m’enivrais des odeurs de la forêt. Dès que j’étais en contact avec la nature, mon cœur se mettait à chanter, à vibrer d’une émotion profonde, impossible à décrire ; j’étais un avec le labyrinthe d’arbres et de clairières qui m’entourait, un avec l’univers.
C’étaient des moments de respiration intense, car à l’école, je me sentais dépérir. Ce qui vivait en moi n’était pas partageable. Nous vivions sur des planètes différentes. Pas étonnant alors que je n’arrive à créer des liens d’amitié. Ce qui m’habitait n’avait aucun lien avec les intérêts habituels des camarades de mon âge. Je ne pouvais pas m’amuser comme eux. La vie déjà avait laissé une empreinte forte sur moi. La mort avait frappé de jeunes vies dans mon entourage, ma grand-mère était atteinte d’un cancer, je percevais la souffrance de ma mère. Le couple de mes parents était au bord de la rupture. Non, la vie était trop triste, je ne pouvais pas m’amuser, c’était impossible. Les let’s dance, let’s drink, let’s be happy étaient trop douloureux.
Mon refuge se trouvait dans la musique, dans l’harmonie pleine du chant à trois voix, dans l’expression du souffle vibrant. La tristesse devenait mélopée, les souffrances devenaient magma sonore, l’émotion profonde se frayait un chemin à travers mon âme, des joies naissaient dans les mélodies souples et aériennes…. Tout mon cœur se métamorphosait.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A. Deux mondes
Effectivement, tu étais à contresens de l'emballement des jeunes de l'époque pour le yé-yé ... Le dernier paragraphe fait de la musique une raison de vivre .
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Deux mondes
Avoir un exutoire à la douleur est une chance!
AAnne- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne, la plupart du temps.
Re: A. Deux mondes
Merci pour ce texte où tu te confies intimement !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Deux mondes
La vie n'a pas été douce et insouciante pour toi Mésange dans ton adolescence. Et je comprends d'autant mieux ton attachement à la nature et la musique pour ce qu'elles t'ont apporté alors.
Invité- Invité
Re: A. Deux mondes
Merci pour vos commentaires qui touchent mes souvenirs avec beaucoup de délicatesse ... je ne m'attendais pas à me livrer autant mais sur Kalé c'est possible, c'est précieux. Il fallait probablement que j'ouvre un peu la porte de mon cœur pour libérer un trop plein.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
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