A. Rien à dire

« Toujours en décalage, toujours des idées noires, toujours seul et pourtant bien entouré. Rien à dire de ce côté-là, j’peux même pas invoquer une enfance malheureuse, pas de parents violents, absents ou maltraitants d’aucune sorte, pas de misère matérielle ou sociale.
Non, non, des parents désespérément normaux, ils sont aimants, attentionnés sans être étouffants, ils travaillent tous les deux et gagnent suffisamment d’argent pour qu’on n’est pas à s’en faire, ni eux, ni moi et ma sœur.
Non, rien à chercher du côté de ma frangine non plus, elle a 2 ans de moins que moi, je l’aime bien et elle aussi, elle a juste une passion stupide pour la musique de mes parents mais à part ça, rien à lui reprocher.
Bon, ok quand mes potes débarquent à la maison et qu’elle sort le vieil électrophone qu’elle s’est payée elle-même à la brocante de l’école , qu’elle nous passe ses 33 tours débiles, j’ai un peu envie de lui mettre des baffes dans sa jolie petite tronche mais à part ça, non, non rien à dire. Je l’aime ma petite sœur, d’ailleurs tout le monde vous dira qu’elle est adorable, personne ne peut lui résister, même moi, elle me fait craquer.
Pourtant quand elle nous rebat les oreilles de son soi-disant tube, Chez Laurette, non mais je vous jure, ça fait pleurer cette musique ! Mais, bon je ne vais pas l’enfermer dans un labyrinthe sans fin, la laisser mourir de faim et de soif dans un dédale infini, simplement parce qu’elle écoute une musique pourrie, et qu’elle fait ça de préférence quand mes potes sont à la maison.
D’ailleurs, ça ne servirait à rien, tout le monde la chercherait, tout le monde s’occuperait d’elle, il y en aurait toujours un pour dire qu’une fille comme elle, ça ne peut pas disparaître comme ça, que Marianne était jolie, que Marianne était sympa et patati et patata et ça serait encore pire.
Personne ne s’occuperait de moi, je serais encore plus transparent pour les gens, pour mes parents et surtout mes potes. Parfois, j’ai l’impression qu’ils ne viennent à la maison que pour Marianne. Mais je l’aime vraiment, même si on n’a pas les mêmes goûts musicaux, ce n’est pas grave, elle est super ma sœur. Même que quand j’ai trop d’idées noires, elle vient s’assoir à côté de moi sur le lit, je mets ma musique, de la bonne musique et en écoutant Bowie, elle me caresse les cheveux. Elle me dit que je suis son grand frère chéri, que je suis le meilleur de tous, que mes potes ne m’arrivent pas à la cheville et qu’elle préfère être avec moi qu’avec eux… Alors dans ces moments-là, je me sens mieux, je suis le plus fort, je la prends dans mes bras et Let’s Dance ! Vous voyez bien que je n’ai pas d’excuse pour être malheureux, monsieur le psychologue."[/

Et bien le psy va avoir un peu de boulot avec ce jeune garçon....

Je pense que ce garçon ressemble à bien d'autres enfants.
Que la souffrance psychologique est parfois pire que la souffrance physique.

Beau texte réfléchi.

Tout pour être heureux, mais le petit nuage noir est toujours au-dessus de sa tête.
Relations complexes frère -soeur, on dirait....

Enfant plutôt normal, c'est juste un ado
Il faudrait que tu aeres ton texte en sautant une ligne de temps en temps et en le justifiant

Alors là, encore une façon de se servir de la consigne sous un angle surprenant. Ton texte me fait penser à la chanson "Tout va très bien, Madame la Marquise!". Un exemple parfait de toutes les contradictions qui peuvent habiter un jeune ou moins jeune!

Je pense que cet ado est tout simplement jaloux de cette sœur aux goûts  musicaux bizarres qui attire plus ses copains que lui-même ! Le psy va vite le comprendre sans doute mais le remède ?

Est-ce bien la peine d'aller voir un psy ? Juste un ado malheureux, jaloux de sa soeur !