A. El secreto (2)
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A. El secreto (2)
Nerwen Lun 16 Mai - 11:54
Quelques traits de peinture faisaient penser à un tapis ? Une nappe ?
Il me fallait en voir davantage et j’essayai délicatement de décoller la couche supérieure… « Laisse, me dit ma femme, qui, sans me vanter, est d’habitude, d’excellent conseil. Tu vas tout cochonner et c’en sera fait de ton souvenir de famille ! »
Elle avait raison, l’opération se révélait plus délicate que je ne l’avais imaginée, mais je voulais savoir !
Je décidai donc de brusquer la chance, et de confier le tableau à un spécialiste. Enfin, à un brocanteur de ma connaissance, Joseph, qui se targuait de « restaurer » les croûtes, qu’il dénichait dans les vide-greniers de la région.
L’artiste, comme il aimait qu’on le surnomme, accepta le travail en me disant qu’il ne répondait pas du résultat.
Plusieurs jours passèrent puis, il m’appela en me disant que j’allais être surpris. Il n’en fallut pas plus pour que je me précipite dans son échoppe. Ma femme avait haussé les épaules en disant qu’elle n’avait pas de temps à perdre en enfantillages.
Quand j’entrai, Joseph, me désigna un tableau posé sur un chevalet de présentation. Là, il n’était plus question de désert, ni de cactus ! J’avais devant les yeux un portrait. Et quel portrait ! Celui d’une jeune femme d’un autre âge, assise près d’une fenêtre. Elle tenait une sorte de luth et la scène se reflétait dans un miroir.
L’atmosphère, les couleurs, la lumière, la coiffe du personnage, me firent tout de suite penser à un spot publicitaire pour une célèbre marque de laitages. Ma femme, qui sans me vanter, est très cultivée, m’avait révélé que les publicitaires s’étaient inspirés d’un peintre hollandais du 17ème siècle, Johannes Wermeer. Elle m’avait montré sur Internet d’autres œuvres de l’artiste, et, maintenant, j’en étais persuadé : j’avais sous les yeux, UN Wermeer !
Ou une copie…
L’avis du spécialiste tomba :
« Ni un original, ni une copie, un faux. »
Comme j’avais du mal à comprendre, Joseph m’expliqua. Un faux n’est pas une copie, c’est un tableau peint « à la manière de… » et destiné à passer pour une œuvre inconnue d’un artiste célèbre. Il existe des faussaires de génie dont les œuvres sont dans les plus grands musées et tu possèdes là, (j’ai consulté un expert) non un Wermeer, mais un Van Meegeren, le plus célèbre imitateur de Wermeer. Ses reproductions étaient si bien exécutées que même les meilleurs critiques d’art ne pouvaient, et ne peuvent toujours pas, faire la différence entre les faux et les originaux. Dans les années quarante, il réussit à vendre, par l’intermédiaire d’un banquier allemand, un soi-disant Wermeer, à un haut dignitaire nazi, Goering, dont on connaît la boulimie de collectionneur… D’ailleurs, tu me dis que ton tableau vient d’Argentine et tu sais que nombre de nazis s’y sont réfugiés après la guerre… »
Le cousin Pepe, un nazi ?
Et qu’est-ce que j’allais faire de ce tableau ?
Joseph me donna son sentiment: « A mon avis, pas grand-chose. Inutile de rêver, tu risques des ennuis si tu essais de le vendre. On va te cuisiner pour savoir d’où il vient et comme tu n’en sais rien, il y aura un doute sur ton honnêteté … »
Mon Wermeer, pardon, mon Van Meegeren, sous le bras, je rentrai chez moi, bien décidé cette fois à ne pas brusquer la chance au risque de me retrouver en prison.
Depuis ce jour, « Jeune femme faisant de la musique », comme nous avons baptisé le tableau, occupe une place de choix sur le mur du salon, car, comme dit ma femme, qui sans me vanter, a toujours le dernier mot : « Il est mieux là que dans un musée poussiéreux ! »
Il me fallait en voir davantage et j’essayai délicatement de décoller la couche supérieure… « Laisse, me dit ma femme, qui, sans me vanter, est d’habitude, d’excellent conseil. Tu vas tout cochonner et c’en sera fait de ton souvenir de famille ! »
Elle avait raison, l’opération se révélait plus délicate que je ne l’avais imaginée, mais je voulais savoir !
Je décidai donc de brusquer la chance, et de confier le tableau à un spécialiste. Enfin, à un brocanteur de ma connaissance, Joseph, qui se targuait de « restaurer » les croûtes, qu’il dénichait dans les vide-greniers de la région.
L’artiste, comme il aimait qu’on le surnomme, accepta le travail en me disant qu’il ne répondait pas du résultat.
Plusieurs jours passèrent puis, il m’appela en me disant que j’allais être surpris. Il n’en fallut pas plus pour que je me précipite dans son échoppe. Ma femme avait haussé les épaules en disant qu’elle n’avait pas de temps à perdre en enfantillages.
Quand j’entrai, Joseph, me désigna un tableau posé sur un chevalet de présentation. Là, il n’était plus question de désert, ni de cactus ! J’avais devant les yeux un portrait. Et quel portrait ! Celui d’une jeune femme d’un autre âge, assise près d’une fenêtre. Elle tenait une sorte de luth et la scène se reflétait dans un miroir.
L’atmosphère, les couleurs, la lumière, la coiffe du personnage, me firent tout de suite penser à un spot publicitaire pour une célèbre marque de laitages. Ma femme, qui sans me vanter, est très cultivée, m’avait révélé que les publicitaires s’étaient inspirés d’un peintre hollandais du 17ème siècle, Johannes Wermeer. Elle m’avait montré sur Internet d’autres œuvres de l’artiste, et, maintenant, j’en étais persuadé : j’avais sous les yeux, UN Wermeer !
Ou une copie…
L’avis du spécialiste tomba :
« Ni un original, ni une copie, un faux. »
Comme j’avais du mal à comprendre, Joseph m’expliqua. Un faux n’est pas une copie, c’est un tableau peint « à la manière de… » et destiné à passer pour une œuvre inconnue d’un artiste célèbre. Il existe des faussaires de génie dont les œuvres sont dans les plus grands musées et tu possèdes là, (j’ai consulté un expert) non un Wermeer, mais un Van Meegeren, le plus célèbre imitateur de Wermeer. Ses reproductions étaient si bien exécutées que même les meilleurs critiques d’art ne pouvaient, et ne peuvent toujours pas, faire la différence entre les faux et les originaux. Dans les années quarante, il réussit à vendre, par l’intermédiaire d’un banquier allemand, un soi-disant Wermeer, à un haut dignitaire nazi, Goering, dont on connaît la boulimie de collectionneur… D’ailleurs, tu me dis que ton tableau vient d’Argentine et tu sais que nombre de nazis s’y sont réfugiés après la guerre… »
Le cousin Pepe, un nazi ?
Et qu’est-ce que j’allais faire de ce tableau ?
Joseph me donna son sentiment: « A mon avis, pas grand-chose. Inutile de rêver, tu risques des ennuis si tu essais de le vendre. On va te cuisiner pour savoir d’où il vient et comme tu n’en sais rien, il y aura un doute sur ton honnêteté … »
Mon Wermeer, pardon, mon Van Meegeren, sous le bras, je rentrai chez moi, bien décidé cette fois à ne pas brusquer la chance au risque de me retrouver en prison.
Depuis ce jour, « Jeune femme faisant de la musique », comme nous avons baptisé le tableau, occupe une place de choix sur le mur du salon, car, comme dit ma femme, qui sans me vanter, a toujours le dernier mot : « Il est mieux là que dans un musée poussiéreux ! »
Nerwen- Modératrice
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Humeur : Légère
Re: A. El secreto (2)
virgul Lun 16 Mai - 12:16
Super! Tu as su tenir le suspens jusqu'au bout. Une seconde partie surprenante et qui m'a régalée.
virgul- Kaléïd'habitué
-
Humeur : optimiste
Re: A. El secreto (2)
Mesange Lun 16 Mai - 13:49
Du suspens jusqu'au bout et un peu d'histoire de l'art, le tout emballé dans une histoire superbement racontée. Merci.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A. El secreto (2)
catsoniou Lun 16 Mai - 14:57
Oui, au final, peu importe comment le cousin Noriega s'est procuré ce tableau : c'est un cadeau . Doit-on s'interroger sur l'origine d'un cadeau ?
Belle histoire fort bien conduite !!!
Belle histoire fort bien conduite !!!
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. El secreto (2)
Amanda. Mer 18 Mai - 10:13
J'ai attendu d'avoir le temps pour te commenter et aussi de lire le tout.
Tu as bien fait d'écrire deux textes, j'avais aussi trouvé que pour cette consigne, on pouvait difficilement raconter une histoire qui ait du sens en abrégé !
Bravo pour l'idée et la photo.
Mais une chose m'intrigue. Le peintre hollandais , l'original ( celui qui a involontairement contribué à " La laitière" s'appelle Vermeer et non Wermeer.
As-tu changé volontairement ou est-ce une erreur ?
Et Vermeer a-t-il eu un imitateur ou pas ?
Tu m'intrigues, car j'aime beaucoup les oeuvres de ce peintre du clair-obscur !
Tu as bien fait d'écrire deux textes, j'avais aussi trouvé que pour cette consigne, on pouvait difficilement raconter une histoire qui ait du sens en abrégé !
Bravo pour l'idée et la photo.
Mais une chose m'intrigue. Le peintre hollandais , l'original ( celui qui a involontairement contribué à " La laitière" s'appelle Vermeer et non Wermeer.
As-tu changé volontairement ou est-ce une erreur ?
Et Vermeer a-t-il eu un imitateur ou pas ?
Tu m'intrigues, car j'aime beaucoup les oeuvres de ce peintre du clair-obscur !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. El secreto (2)
Cara1234 Mer 18 Mai - 20:58
La description du tableau suffit à identifier le peintre et a avoir une image de celui-ci.
On le connait un peu plus via "la jeune fille à la perle". Enfin d'après moi.
Concernant le nom, oui, pourquoi un "W" et non un "V" ?
Les mêmes questions qu'Amanda me taraudent
On le connait un peu plus via "la jeune fille à la perle". Enfin d'après moi.
Concernant le nom, oui, pourquoi un "W" et non un "V" ?
Les mêmes questions qu'Amanda me taraudent
Cara1234- Kaléïd'habitué
- Humeur : Badine
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
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