A - Il l'appelle Maman
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Sherkane
Charlotte
Amanda.
July_C
Admin
Cara1234
catsoniou
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A - Il l'appelle Maman
-
Edité 1 fois pour cause de disparition du titre ...
Maman, tu ne crois pas que tu exagères ? Tu vas où, comme ça avec ton parapluie bleu, tes talons hauts et ton sac à main ? Ne me laisse pas !
- Ne crie pas ! Je reviens …
Non sans pousser un soupir excédé, elle fait demi-tour et regagne l'entrée de l'immeuble. Elle attendra l'arrivée de Marianne, la voisine qui vient garder son mari quand elle doit s'absenter. Jacques est atteint de la DLMA, cette dégénérescence de la rétine qui vient parfois avec l'âge. Comme si cela ne suffisait pas, Alzheimer lui fait perdre la notion des réalités. Qu'a-t-il a cru voir dans la rue ?
Avec la DLMA, dans le champ de vision, les lignes se déforment, donnant au paysage, une allure irréelle. De surcroît, son Alzheimer s'aggravant, il vit dans un autre monde. Son langage est encore cohérent de temps à autre., Comme à l'instant quand il l'a interpellé depuis la fenêtre de leur appartement du 2ème étage. Mais ses angoisses donnent sans doute aux réalités entrevues des formes imaginaires.
- Va savoir ce qu'il a cru voir dans la rue, s'interroge la vieille femme en rebroussant chemin. Un parapluie bleu et des talons hauts ! Ce n'est plus mon genre depuis des lustres … Qu'est-ce qu'on va devenir tous les deux ? Pauvre homme ! Il m'use, il me tue à petit feu. Ne vais-je pas disparaître la première ? Et il finira alors comme un légume à l'EHPAD qui l'épouvantait quand il avait encore toute sa raison … Hélas ! On ne sera pas le premier couple à finir ainsi...
Soixante ans que Jacques et Mariette sont mariés … Il l'appelle maman ; et même si cela l'horripile encore, elle ne proteste plus. Surtout maintenant qu'il est redevenu comme un enfant.
S'il y avait seulement les problèmes de vision, elle serait ses yeux. A haute voix, elle lui lirait les livres. Elle s'arrêterait de temps à autre, et ensemble, ils compareraient leurs avis respectifs. Peut-être même, lui dicterait-il des textes qu'elle s'évertuerait de transcrire sur le clavier. Et l'ordinateur garderait en mémoire ces moments exceptionnels où ils étaient encore en osmose quasi - complète.
- Avec la raison de mon homme qui se délite, il n'y faut point songer, soliloque en elle-même Jeanne en grimpant l'escalier.
- Alors, mon homme, pourquoi disais-tu que j'exagère ? Tu vois, je suis là ! Tu le sais, je suis toujours là pour toi, dit-elle en caressant doucement la main de son vieux mari.
Elle le sait, son regard vide dit qu'il est à nouveau parti ailleurs. Encore heureux, il n'est pas agressif, elle peut le garder encore un peu, quelques semaines, quelques mois …
Jusqu'où, jusqu'à quand ? A la grâce de Dieu …
- Ne crie pas ! Je reviens …
Non sans pousser un soupir excédé, elle fait demi-tour et regagne l'entrée de l'immeuble. Elle attendra l'arrivée de Marianne, la voisine qui vient garder son mari quand elle doit s'absenter. Jacques est atteint de la DLMA, cette dégénérescence de la rétine qui vient parfois avec l'âge. Comme si cela ne suffisait pas, Alzheimer lui fait perdre la notion des réalités. Qu'a-t-il a cru voir dans la rue ?
Avec la DLMA, dans le champ de vision, les lignes se déforment, donnant au paysage, une allure irréelle. De surcroît, son Alzheimer s'aggravant, il vit dans un autre monde. Son langage est encore cohérent de temps à autre., Comme à l'instant quand il l'a interpellé depuis la fenêtre de leur appartement du 2ème étage. Mais ses angoisses donnent sans doute aux réalités entrevues des formes imaginaires.
- Va savoir ce qu'il a cru voir dans la rue, s'interroge la vieille femme en rebroussant chemin. Un parapluie bleu et des talons hauts ! Ce n'est plus mon genre depuis des lustres … Qu'est-ce qu'on va devenir tous les deux ? Pauvre homme ! Il m'use, il me tue à petit feu. Ne vais-je pas disparaître la première ? Et il finira alors comme un légume à l'EHPAD qui l'épouvantait quand il avait encore toute sa raison … Hélas ! On ne sera pas le premier couple à finir ainsi...
Soixante ans que Jacques et Mariette sont mariés … Il l'appelle maman ; et même si cela l'horripile encore, elle ne proteste plus. Surtout maintenant qu'il est redevenu comme un enfant.
S'il y avait seulement les problèmes de vision, elle serait ses yeux. A haute voix, elle lui lirait les livres. Elle s'arrêterait de temps à autre, et ensemble, ils compareraient leurs avis respectifs. Peut-être même, lui dicterait-il des textes qu'elle s'évertuerait de transcrire sur le clavier. Et l'ordinateur garderait en mémoire ces moments exceptionnels où ils étaient encore en osmose quasi - complète.
- Avec la raison de mon homme qui se délite, il n'y faut point songer, soliloque en elle-même Jeanne en grimpant l'escalier.
- Alors, mon homme, pourquoi disais-tu que j'exagère ? Tu vois, je suis là ! Tu le sais, je suis toujours là pour toi, dit-elle en caressant doucement la main de son vieux mari.
Elle le sait, son regard vide dit qu'il est à nouveau parti ailleurs. Encore heureux, il n'est pas agressif, elle peut le garder encore un peu, quelques semaines, quelques mois …
Jusqu'où, jusqu'à quand ? A la grâce de Dieu …
Edité 1 fois pour cause de disparition du titre ...
Dernière édition par catsoniou le Sam 21 Mai - 20:36, édité 1 fois
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A - Il l'appelle Maman
S'il y avait seulement les problèmes de vision, elle serait ses yeux. A haute voix, elle lui lirait les livres. Elle s'arrêterait de temps à autre, et ensemble, ils compareraient leurs avis respectifs. Peut-être même, lui dicterait-il des textes qu'elle s'évertuerait de transcrire sur le clavier. Et l'ordinateur garderait en mémoire ces moments exceptionnels où ils étaient encore en osmose quasi - complète.
J'aime bien l'humanité dans ce paragraphe et la tendresse qui s'en dégage.
Cara1234- Kaléïd'habitué
- Humeur : Badine
Re: A - Il l'appelle Maman
Il y a beaucoup de tendresse dans la dernière partie de ton texte. Et j'aime aussi beaucoup ton titre.
C'est un beau texte, tout en pudeur
C'est un beau texte, tout en pudeur
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A - Il l'appelle Maman
J'aime ton texte pour sa part d'humanité mais également les problèmes que te soulignes face à la maladie liée à la vieillesse. La difficulté de la famille, les "si" c'était autrement, la résignation (il m'appelle maman)...
Et comment on peut finir par accepter un état en se disant que cela pourrait être pire....
Touchée par ton texte !
Et comment on peut finir par accepter un état en se disant que cela pourrait être pire....
Touchée par ton texte !
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A - Il l'appelle Maman
Quelle tristesse, quelle angoisse mais quel amour aussi qui se dégage de ton texte.
Bien proche de la réalité, hélas...
Une remarque personnelle : j'ai toujours détesté entendre dans un couple les appellations " Maman, Papa voire Papy, Mamy." au lieu de leur prénom respectif ou autres mots doux.
Mais ici le " Maman" prend tout son sens car elle est en effet non seulement sa femme mais aussi sa mère de par les soins qu'elle lui procure !
C'est beau, Cats !
Bien proche de la réalité, hélas...
Une remarque personnelle : j'ai toujours détesté entendre dans un couple les appellations " Maman, Papa voire Papy, Mamy." au lieu de leur prénom respectif ou autres mots doux.
Mais ici le " Maman" prend tout son sens car elle est en effet non seulement sa femme mais aussi sa mère de par les soins qu'elle lui procure !
C'est beau, Cats !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A - Il l'appelle Maman
J'aime beaucoup ton texte plein de tendresse.J'ai pensé à ma mère de 99 ans qui elle aussi a le regard vide mais qui ne parle quasi plus. Quelques mots parfois et souvent incompréhensibles. La fin de vie est longue pour ces vieux devenus si différents de ce qu'ils étaient.L'amour est mis à rude épreuve alors.Ici l'amour gagne: C'est beau.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A - Il l'appelle Maman
j
@ Amanda : j'ai honte !!!
J'apelle ainsi ma moitié ... Mais quoi ? les femmes ne sont-elles pas encore et toujours des Mamans ? Et pour la mienne, disparue trop tôt, faut bien que je compense ...
'ai toujours détesté entendre dans un couple les appellations " Maman,
@ Amanda : j'ai honte !!!
J'apelle ainsi ma moitié ... Mais quoi ? les femmes ne sont-elles pas encore et toujours des Mamans ? Et pour la mienne, disparue trop tôt, faut bien que je compense ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A - Il l'appelle Maman
Cats tu fais comme tu veux.....tant qu'elle ne doit pas s'occuper de toi comme dans ton texte !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A - Il l'appelle Maman
Un texte plein de tendresse pour l'autre. Difficile de vieillir entre Alzheimer et DMLA
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A - Il l'appelle Maman
Beaucoup de tristesse dans ce texte qui nous montre, hélas, une triste réalité, mais aussi beaucoup de tendresse et d'amour.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A - Il l'appelle Maman
Tu utilises très bien cette réalité disloquée pour parler de cette terrible maladie d'aujourd'hui, et d'une autre que je ne connaissais pas (DLMA). Ton texte est sobre et d'autant plus émouvant. Aucun pathos, la femme n'est pas une "épouse admirable" qui se sacrifie pour son mari. Juste une femme qui fait ce qu'elle peut pour l'homme qu'elle aime et qui parfois ne peut s'empêcher d'un brin d'irritation.
Il me semble que c'est dans le nord de la France qu'on appelle sa femme "Maman". Je n'ai jamais appelé ma moitié ainsi. Comme beaucoup, je ne dis "maman" qu'en parlant d'elle aux enfants.
Il me semble que c'est dans le nord de la France qu'on appelle sa femme "Maman". Je n'ai jamais appelé ma moitié ainsi. Comme beaucoup, je ne dis "maman" qu'en parlant d'elle aux enfants.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A - Il l'appelle Maman
Un texte d'amour, d'autant plus fort que la lucidité de l'épouse met bien en évidence ce sentiment qu'elle éprouve toujours pour son homme diminué. Une manière tendre et émouvante de traiter la consigne. J'ai beaucoup aimé.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A - Il l'appelle Maman
Habituée à lire plutôt des textes pleins de vivacité et de péripéties du quotidien, ce texte plein de retenue est d'une incroyable douceur, une caresse qui exprime tant de choses avec grande délicatesse.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
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