A- Si maman si
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A- Si maman si
Si maman si tu faisais le rapprochement avec ta maman ? Souviens-toi, d’Elise, ta mère, qui lorsqu’elle avait soixante-quinze ans, reçut la visite de Fernand un ancien béguin de jeunesse. Lorsqu’elle lui ouvrit la porte, Fernand lui fit cette déclaration: « Elise, tu n’as pas changé ! » et qu’ensuite il demanda à mon grand-père Louis: « Monsieur, puis-je l’embrasser ? ». Magnanime, mon grand-père lui répondit : « Monsieur, une fois tous les cinquante ans, ce n’est pas de trop ! »
Pour toi de même. Quelques années après le décès d’Albert, notre père avait alors soixante-sept ans, c’est Jean, ton premier amour qui prit l’initiative de te contacter, malgré le fait qu’il était encore marié. Jamais au cours de tes années de mariage il ne s’était manifesté. On peut en déduire évidemment que le charme des femmes de votre lignée résiste au temps ! Quel effet vous avez dû faire sur ces jeunes hommes de votre époque pour que jamais, durant tout ce temps, ils ne laissent passer leurs rêves !
Toi et Jean avez tissé alors une tendre amitié, quasi amoureuse. Vous n’étiez pas amants et ne viviez pas ensemble, mais vous partagiez le même plaisir de vous rencontrer et de vous raconter. Vous existiez l’un pour l’autre, et votre complicité tardive rendaient plus légères les années d’une vieillesse partagée.
Le choc fut rude, lorsqu’il y a quatre ans, Jean fit un AVC qui lui paralysa tout le côté gauche. Privé de son autonomie, il fut placé en maison de soins. Ancien militaire de carrière et très sportif, au début il ne baissa pas les bras et à chaque séance de rééducation Jean se stimulait en murmurant « bats-toi » les dents serrées. Mais au fil des mois, aucun progrès n’apparut et Jean se découragea. Sa femme, atteinte du cancer déjà avant son internement, décéda.
En plein déni, Jean espérait encore un jour pouvoir sortir de l’hôpital et réintégrer son appartement. Tu ne savais pas comment lui dire que ce ne serait désormais plus possible. L’enfermement fit progressivement perdre ses repères à Jean, qui dépérissait de jour en jour. Et lorsque tu lui rendais visite deux fois par semaine, ces derniers mois, c’était vraiment donner pour donner, ne recevant plus en retour qu’un pâle sourire ou un éclat furtif dans le regard. Toute communication était devenue impossible et Jean te reconnaissait à peine.
Jean s’est éteint jeudi dernier.
Après la perte récente d’un autre ami, la disparition de Jean te fait mal, très mal. Mais pour l’avoir déjà vécu, tu sais que cela passera. C’est l’automne dans tes amitiés, tes proches te laissent tomber comme les feuilles de l’arbre qui se dénude et à tes branches c’est leurs souvenirs qui s’accrochent.
Pour toi de même. Quelques années après le décès d’Albert, notre père avait alors soixante-sept ans, c’est Jean, ton premier amour qui prit l’initiative de te contacter, malgré le fait qu’il était encore marié. Jamais au cours de tes années de mariage il ne s’était manifesté. On peut en déduire évidemment que le charme des femmes de votre lignée résiste au temps ! Quel effet vous avez dû faire sur ces jeunes hommes de votre époque pour que jamais, durant tout ce temps, ils ne laissent passer leurs rêves !
Toi et Jean avez tissé alors une tendre amitié, quasi amoureuse. Vous n’étiez pas amants et ne viviez pas ensemble, mais vous partagiez le même plaisir de vous rencontrer et de vous raconter. Vous existiez l’un pour l’autre, et votre complicité tardive rendaient plus légères les années d’une vieillesse partagée.
Le choc fut rude, lorsqu’il y a quatre ans, Jean fit un AVC qui lui paralysa tout le côté gauche. Privé de son autonomie, il fut placé en maison de soins. Ancien militaire de carrière et très sportif, au début il ne baissa pas les bras et à chaque séance de rééducation Jean se stimulait en murmurant « bats-toi » les dents serrées. Mais au fil des mois, aucun progrès n’apparut et Jean se découragea. Sa femme, atteinte du cancer déjà avant son internement, décéda.
En plein déni, Jean espérait encore un jour pouvoir sortir de l’hôpital et réintégrer son appartement. Tu ne savais pas comment lui dire que ce ne serait désormais plus possible. L’enfermement fit progressivement perdre ses repères à Jean, qui dépérissait de jour en jour. Et lorsque tu lui rendais visite deux fois par semaine, ces derniers mois, c’était vraiment donner pour donner, ne recevant plus en retour qu’un pâle sourire ou un éclat furtif dans le regard. Toute communication était devenue impossible et Jean te reconnaissait à peine.
Jean s’est éteint jeudi dernier.
Après la perte récente d’un autre ami, la disparition de Jean te fait mal, très mal. Mais pour l’avoir déjà vécu, tu sais que cela passera. C’est l’automne dans tes amitiés, tes proches te laissent tomber comme les feuilles de l’arbre qui se dénude et à tes branches c’est leurs souvenirs qui s’accrochent.
Dernière édition par virgul le Ven 19 Jan - 14:28, édité 1 fois
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A- Si maman si
Très émouvantes histoires, je suis sûre que tu n'as rien inventé !
La dernière phrase est capitale !
La dernière phrase est capitale !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A- Si maman si
Moi aussi je trouve la fin très belle et l'histoire émouvante.
Zéphyrine- Modératrice écriture libre
- Humeur : Méditerranéenne
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