Le jour se lève sur la ville

Le jour se lève sur la ville,
barricadé dans mon abri,
j’observe et je devine la vie des gens comme une evidence
déviance des vies.

Le jour se lève sur la ville ; fantôme farfelu invisible
je décortique ces pantins articulés,
pions sur l’échiquier de la vie
qui avancent de case en case comme au monopoly :
laisser les loulous chez la nounou avec leur doudou,
metro boulot, tram travail, qu’importe !
ils ne verront pas le soleil.

Le jour se lève sur leurs usines sans fenêtre,
lumière artificielle, comme leur vie irréelle,
toute la journée jouer la même partition,
sans cesse, l’idée lancinante de gâcher sa vie
mais surtout ne pas y penser : le jour se lève sur la ville

Se lever enfin, en même temps que le jour,
résister maintenant,
tout plaquer, rester dehors et voir le soleil,
regarder la vie comme un nouveau né
et comme ce bébé prendre une grande bouffée d’air
et respirer !

"Le jour se lève sur les usines sans fenêtres"

Ha ha ha! ça sent le vécu.
Vous me faites penser à ce poème de Prévert qui dit "Salut camarade soleil"; et et gros: "moi, je vais passer la journée enfermé à l'atelier alors qu'il fait si beau dehors; j'suis con; hein?"

Et bien non! je travaille dans un bureau avec une grande fenêtre et entre 11h et midi selon les saisons, le soleil me chauffe tout le côté gauche.... c'est bon ! même si parfois, même en février c'est trop chaud !!!

Sinon j'adoooore Prévert, mais ne connais pas particulièrement ce poème... merci de m'en parler je vais aller le lire.

Le temps perdu

Devant la porte de l'usine
le travailleur soudain s'arrête
le beau temps l'a tiré par la veste
et comme il se retourne
et regarde le soleil
tout rouge tout rond
souriant dans son ciel de plomb
il cligne de l'oeil
familièrement
Dis donc camarade Soleil
tu ne trouves pas
que c´est plutot con
de donner une journée pareille
à un patron ?

Jacques Prévert

Merci Sochard !
C'est vrai... qu'est ce que c'est con !

D'ailleurs je garde toujours dans un coin de ma tête la possibilité de sécher une journée de travail... un jour...!
Pas encore fait parce qu'il faut l'occasion, la vraie, la bonne à savourer comme il se doit... mais rien que de savoir que je pourrais le faire... c'est déjà génial !