La ville bleue
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La ville bleue
Je t'écris du bout du monde, mon amour.
Quand je suis partie de chez nous, je n'avais pas de but, je souhaitais errer au gré du vent, me laisser porter par le hasard, cheminer un pas après l'autre et voir où cela me mènerait. Mais il n'y a pas de hasard.
J'ai pris le premier train à quai, j'ai traversé le pays sans m'en apercevoir, jusqu'à cet endroit où les rails semblent plonger dans la mer. J'ai un peu hésité et puis j'ai pris un bateau pour traverser l'eau, pour me perdre un peu plus loin. Une traversée de nuit, sous une voie lactée particulièrement étincelante. Au matin, j'avais changé de continent.
J'ai vagabondé sur les quais, me suis abreuvée à cet océan d'odeurs nouvelles, épicées et suaves, mes oreilles ont vibré à une langue que je ne maîtrise pas, mes yeux ont cligné sous l'ardeur du soleil. Je me suis enfoncée dans la ville, la foule compacte m'a déposée près d'une gare routière. Alors, je suis montée dans un bus. Arrivée au terminus, j'en ai pris un autre, pour m'enfoncer encore plus profondément dans cette terre ocre et chaude.
Et puis après une journée entière de cahots et de chahut, je suis arrivée ici. Le chauffeur m'a prise en pitié, je pense, et m'a indiqué une chambre d’hôte tenue par une de ses amies. J'y ai déposé mes bagages et mon corps fatigué.
J'ai dormi, mon amour, comme je n'avais pas dormi depuis des siècles.
Et ce matin, quand j'ai ouvert les persiennes, j'ai découvert un monde bleu. J'en suis restée sans voix. Apres des heures de route à travers les dunes et les regs sévères, ceux qui te purgent l'âme mieux qu'un chagrin d'enfant, après l'uniforme nuance de sable, j'avais atterri dans une ville bleue, aussi bleue que tes yeux adorés.
Imagine le bleu du ciel, limpide, tellement pur que pas un seul nuage n'ose le déflorer. Imagine ensuite un sol blanc qui aveugle, à peine marbré par le vert sombre de rares arbustes. Et partout, des grappes de maisons blanches et bleues, agrippées à flanc de colline. C'est surnaturel, mon amour, tout ce bleu, ici, au nord du Maroc, où nous voulions nous installer quand nous aurions été vieux.
Je vais rester quelques temps, je pense. Le temps de tout graver au fond de ma mémoire, au creux de chacun de mes sens.
Et puis je continuerai mon voyage vers un ailleurs plein de surprises.
J'ai entendu parlé d'une autre ville bleue, plus grande, plus loin. En Inde. Je partirai la découvrir, j'ai envie de ne plus visiter que des villes colorées, loin de la grisaille de ce monde que tu as brutalement quitté.
Je suis partie le cœur lourd, mais l'âme sereine et décidée. J'ai eu raison de partir, mon amour, et par mes écrits sur ce carnet que je ne quitte plus, tu verras les villes bleues au travers de mes yeux.
Quand je suis partie de chez nous, je n'avais pas de but, je souhaitais errer au gré du vent, me laisser porter par le hasard, cheminer un pas après l'autre et voir où cela me mènerait. Mais il n'y a pas de hasard.
J'ai pris le premier train à quai, j'ai traversé le pays sans m'en apercevoir, jusqu'à cet endroit où les rails semblent plonger dans la mer. J'ai un peu hésité et puis j'ai pris un bateau pour traverser l'eau, pour me perdre un peu plus loin. Une traversée de nuit, sous une voie lactée particulièrement étincelante. Au matin, j'avais changé de continent.
J'ai vagabondé sur les quais, me suis abreuvée à cet océan d'odeurs nouvelles, épicées et suaves, mes oreilles ont vibré à une langue que je ne maîtrise pas, mes yeux ont cligné sous l'ardeur du soleil. Je me suis enfoncée dans la ville, la foule compacte m'a déposée près d'une gare routière. Alors, je suis montée dans un bus. Arrivée au terminus, j'en ai pris un autre, pour m'enfoncer encore plus profondément dans cette terre ocre et chaude.
Et puis après une journée entière de cahots et de chahut, je suis arrivée ici. Le chauffeur m'a prise en pitié, je pense, et m'a indiqué une chambre d’hôte tenue par une de ses amies. J'y ai déposé mes bagages et mon corps fatigué.
J'ai dormi, mon amour, comme je n'avais pas dormi depuis des siècles.
Et ce matin, quand j'ai ouvert les persiennes, j'ai découvert un monde bleu. J'en suis restée sans voix. Apres des heures de route à travers les dunes et les regs sévères, ceux qui te purgent l'âme mieux qu'un chagrin d'enfant, après l'uniforme nuance de sable, j'avais atterri dans une ville bleue, aussi bleue que tes yeux adorés.
Imagine le bleu du ciel, limpide, tellement pur que pas un seul nuage n'ose le déflorer. Imagine ensuite un sol blanc qui aveugle, à peine marbré par le vert sombre de rares arbustes. Et partout, des grappes de maisons blanches et bleues, agrippées à flanc de colline. C'est surnaturel, mon amour, tout ce bleu, ici, au nord du Maroc, où nous voulions nous installer quand nous aurions été vieux.
Je vais rester quelques temps, je pense. Le temps de tout graver au fond de ma mémoire, au creux de chacun de mes sens.
Et puis je continuerai mon voyage vers un ailleurs plein de surprises.
J'ai entendu parlé d'une autre ville bleue, plus grande, plus loin. En Inde. Je partirai la découvrir, j'ai envie de ne plus visiter que des villes colorées, loin de la grisaille de ce monde que tu as brutalement quitté.
Je suis partie le cœur lourd, mais l'âme sereine et décidée. J'ai eu raison de partir, mon amour, et par mes écrits sur ce carnet que je ne quitte plus, tu verras les villes bleues au travers de mes yeux.
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: La ville bleue
cette photo est spectaculaire et ton texte est magistral. Sensibilité à fleur comme toujours.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: La ville bleue
J'aime beaucoup ton texte Pati. L'errance, la liberté sans but autre que la découvert est un thème qui me plaît beaucoup et tu le décris très bien.
Invité- Invité
Re: La ville bleue
Un texte que je trouve bouleversant, va savoir pourquoi... (manque juste un figuier ) Une photo superbe également.
plumentete- Kaléïd'habitué
- Humeur : heureuse attentive
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