A.Repas d’affaires
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Nerwen
Adrienne
Admin
Amanda.
tobermory
9 participants
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A.Repas d’affaires
Ils sont deux dans la cabine : un Monsieur en costar cravate et ordinateur portable, un autre en bleu de travail et casquette, musette en bandoulière.
- Vous allez où Msieur ?
- Au 16ème
- Ah le 16ème étage, c’est comme l’arrondissement, c’est chicos. Des boutiques de fringues de marques, le resto « La table des Princes » Avec le prix d’un menu de là-bas, moi je me ferais un gueuleton tous les jours de l’année.
- Bon alors qu’est-ce que vous fichez, vous appuyer sur ce bouton oui ou non ? C’est que je suis pressé, moi.
- Voilà, voilà, Y’a pas le feu hein. Vous y serez vite fait là haut. 12… 13… 14… 15… 16. Hop ça y est, vous entendez, vroum vroum, ça démarre.
- Mais… vous avez mal appuyé, à peine parti il s’est arrêté !
- Tiens, c’est vrai, mais j’ai beau forcer dessus, ça bouge pas. Si vous voulez mon avis, c’est la panne.
- Ah non, c’est pas possible, j’ai un rendez-vous urgent, moi. Qu’est-ce que vous attendez pour appuyer sur l’alarme.
- Hé calmos, moi je dis l’urgence, ça peut attendre, surtout quand c’est dans le boulot. Alarme… voyons… c’est ce bouton, oui c’est ça, y’a écrit « Alarme ».
vingt minutes plus tard, l’ascenseur n’a pas bougé. Monsieur Costard-cravate-portable s’énerve.
- Bon alors qu’est-ce qu’ils foutent ? C’est votre faute aussi si on est bloqués là !
- Comment ça c’est de ma faute ?
- Si vous aviez appuyé un peu plus vite sur le bouton, on aurait été au 16ème avant la panne.
- Permettez Msieur, quand ça doit tomber en panne, ça tombe en panne. Et puis j’suis pas liftier, moi, j’suis plâtrier.
- Je comprends que vous ne soyez pas pressé, le plâtre, ça peut attendre. Alors que mon rendez-vous, bon sang de bon sang, c’est fichu.
- Z’avez peur de vous faire engueuler par votre patron ?
- Le patron c’est moi, je suis le PDG de Bêtibéton. J’ai… heu j’avais un repas d’affaire là haut, à « La table des Princes » avec un client chinois. Pour discuter d’un gros contrat. Il est venu de là-bas exprès pour ça. Je peux faire une croix dessus.
- Bof, les chinois, hein, y sont beaucoup, alors comme on dit, un de perdu, dix de retrouvés. Vous êtes tout pâle, ça va pas, Msieur ?
- C’est mon diabète. Dans mon métier, on mange beaucoup, on boit aussi, résultat diabète. C’est midi 45 maintenant, faut absolument que je mange quelque chose… sinon c’est le malaise, le coma diabètique… la mort.
- Pas de souci, regardez ce que j’ai dans ma musette : pain, siflard, calendos, pomme. On peut partager.
- C’est sympa, ça, vous êtes mon sauveur !
- Attendez, vous me donnez quoi en échange ?
- Tout ce que vous voulez. Tenez, je vous offre 550 euros, le prix du repas là-haut !
- Ah mais c’est pas assez. Vous dites que je vous sauve la vie. Elle vaut bien plus que 550 euros votre vie. Des millions qu’elle vaut, même des milliards.
- Vous voulez quoi alors ?
- Juste trois zéros en plus, 550.000. J’ai toujours rêvé d’avoir un pavillon de banlieue pour moi et ma petite famille.
- 550.000, vous êtes fou ! Je ne peux pas, c’est pas légal !
- Pas légal, vous rigolez. Z’allez pas me dire que vous ne payez pas plus que ça en pots-de-vin pour décrocher vos contrats.
- Allez, vite vite, sinon je vais crever ici !
- Tenez voilà un papelard et un stylo.
- Ma parole ne vous suffit pas ?
- Votre chinois, y se serait contenté de votre parole ? Et tant que j’y suis, y me faudra une bagnole pour aller à mon pavillon de banlieue. Une Alpine renault , ça m’irait bien, y’a des petites côtes autour de Paris. Ça doit pas couter plus de 110.000.
- C’est tout ???
- Un Vtt pour mon gosse … 1000… un flacon de Dior pour ma - femme 300.
- Pressons pressons !
- Vous plaignez pas, chaque fois c’est moins cher. Mais là, c’est tout. Nous disons donc 550.000 + 110.000 + 3.000 + 300. Total… 663.300 euros. C’est noté ? Oubliez pas de signer. Voilà, c’est bon. Tenez j’suis bon prince, je vous laisse tout le casse-croûte et la musette en prime.
Une heure plus tard :
- Enfin, voilà que ça se remet en marche. Pas trop tôt. Vous savez que vous êtes un coriace en affaire, vous. Je pourrais toujours dire à ma femme que j’ai conclu un gros contrat aujourd’hui. Mais pour mon repas d’affaires, c’est râpé.
- C’en était pas un, ça, de repas d’affaires ? Pour moi, c’était le premier. Et je comprends maintenant ce que ça veut dire « l’ascenseur social » !
- Vous allez où Msieur ?
- Au 16ème
- Ah le 16ème étage, c’est comme l’arrondissement, c’est chicos. Des boutiques de fringues de marques, le resto « La table des Princes » Avec le prix d’un menu de là-bas, moi je me ferais un gueuleton tous les jours de l’année.
- Bon alors qu’est-ce que vous fichez, vous appuyer sur ce bouton oui ou non ? C’est que je suis pressé, moi.
- Voilà, voilà, Y’a pas le feu hein. Vous y serez vite fait là haut. 12… 13… 14… 15… 16. Hop ça y est, vous entendez, vroum vroum, ça démarre.
- Mais… vous avez mal appuyé, à peine parti il s’est arrêté !
- Tiens, c’est vrai, mais j’ai beau forcer dessus, ça bouge pas. Si vous voulez mon avis, c’est la panne.
- Ah non, c’est pas possible, j’ai un rendez-vous urgent, moi. Qu’est-ce que vous attendez pour appuyer sur l’alarme.
- Hé calmos, moi je dis l’urgence, ça peut attendre, surtout quand c’est dans le boulot. Alarme… voyons… c’est ce bouton, oui c’est ça, y’a écrit « Alarme ».
vingt minutes plus tard, l’ascenseur n’a pas bougé. Monsieur Costard-cravate-portable s’énerve.
- Bon alors qu’est-ce qu’ils foutent ? C’est votre faute aussi si on est bloqués là !
- Comment ça c’est de ma faute ?
- Si vous aviez appuyé un peu plus vite sur le bouton, on aurait été au 16ème avant la panne.
- Permettez Msieur, quand ça doit tomber en panne, ça tombe en panne. Et puis j’suis pas liftier, moi, j’suis plâtrier.
- Je comprends que vous ne soyez pas pressé, le plâtre, ça peut attendre. Alors que mon rendez-vous, bon sang de bon sang, c’est fichu.
- Z’avez peur de vous faire engueuler par votre patron ?
- Le patron c’est moi, je suis le PDG de Bêtibéton. J’ai… heu j’avais un repas d’affaire là haut, à « La table des Princes » avec un client chinois. Pour discuter d’un gros contrat. Il est venu de là-bas exprès pour ça. Je peux faire une croix dessus.
- Bof, les chinois, hein, y sont beaucoup, alors comme on dit, un de perdu, dix de retrouvés. Vous êtes tout pâle, ça va pas, Msieur ?
- C’est mon diabète. Dans mon métier, on mange beaucoup, on boit aussi, résultat diabète. C’est midi 45 maintenant, faut absolument que je mange quelque chose… sinon c’est le malaise, le coma diabètique… la mort.
- Pas de souci, regardez ce que j’ai dans ma musette : pain, siflard, calendos, pomme. On peut partager.
- C’est sympa, ça, vous êtes mon sauveur !
- Attendez, vous me donnez quoi en échange ?
- Tout ce que vous voulez. Tenez, je vous offre 550 euros, le prix du repas là-haut !
- Ah mais c’est pas assez. Vous dites que je vous sauve la vie. Elle vaut bien plus que 550 euros votre vie. Des millions qu’elle vaut, même des milliards.
- Vous voulez quoi alors ?
- Juste trois zéros en plus, 550.000. J’ai toujours rêvé d’avoir un pavillon de banlieue pour moi et ma petite famille.
- 550.000, vous êtes fou ! Je ne peux pas, c’est pas légal !
- Pas légal, vous rigolez. Z’allez pas me dire que vous ne payez pas plus que ça en pots-de-vin pour décrocher vos contrats.
- Allez, vite vite, sinon je vais crever ici !
- Tenez voilà un papelard et un stylo.
- Ma parole ne vous suffit pas ?
- Votre chinois, y se serait contenté de votre parole ? Et tant que j’y suis, y me faudra une bagnole pour aller à mon pavillon de banlieue. Une Alpine renault , ça m’irait bien, y’a des petites côtes autour de Paris. Ça doit pas couter plus de 110.000.
- C’est tout ???
- Un Vtt pour mon gosse … 1000… un flacon de Dior pour ma - femme 300.
- Pressons pressons !
- Vous plaignez pas, chaque fois c’est moins cher. Mais là, c’est tout. Nous disons donc 550.000 + 110.000 + 3.000 + 300. Total… 663.300 euros. C’est noté ? Oubliez pas de signer. Voilà, c’est bon. Tenez j’suis bon prince, je vous laisse tout le casse-croûte et la musette en prime.
Une heure plus tard :
- Enfin, voilà que ça se remet en marche. Pas trop tôt. Vous savez que vous êtes un coriace en affaire, vous. Je pourrais toujours dire à ma femme que j’ai conclu un gros contrat aujourd’hui. Mais pour mon repas d’affaires, c’est râpé.
- C’en était pas un, ça, de repas d’affaires ? Pour moi, c’était le premier. Et je comprends maintenant ce que ça veut dire « l’ascenseur social » !
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A.Repas d’affaires
De l'humour encore et toujours jusqu'aux dernier mots !
C'est fin, c'est bien trouvé et les différences de vocabulaire entre les deux protagonistes sonnent toutes justes !
C'est fin, c'est bien trouvé et les différences de vocabulaire entre les deux protagonistes sonnent toutes justes !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A.Repas d’affaires
Ton texte, c'est un régal. Un menu royal. Dialogue succulent. Entrée alléchante, chute aux petits oignons. Partant d'une panne d'ascenseur, tu nous amènes complètement ailleurs, dans un échange surréaliste .
J'ai A D O R É
J'ai A D O R É
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A.Repas d’affaires
on dirait que tu ne les aimes pas, les types en costard cravate ;-)
Adrienne- Kaléïd'habitué
- Humeur : brouillonne
Re: A.Repas d’affaires
Et non, le plâtre ne peut pas attendre ! Pas très au courant le directeur de Bêtibéton !
L'ouvrier se montre beaucoup mieux armé pour mener une "affaire" juteuse.
L'ouvrier se montre beaucoup mieux armé pour mener une "affaire" juteuse.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A.Repas d’affaires
Fortiche le gaillard! Négocier sa musette pour 663.300 €! A la place du patron, j''aurais engagé le bougre de ce pas comme Directeur à l'exportation. Le contraste entre les deux personnages est très agréable à suivre.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A.Repas d’affaires
Admin a écrit:Ton texte, c'est un régal. Un menu royal. Dialogue succulent. Entrée alléchante, chute aux petits oignons. Partant d'une panne d'ascenseur, tu nous amènes complètement ailleurs, dans un échange surréaliste .
J'ai A D O R É
+1 Affaire rondement menée
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A.Repas d’affaires
Pour un ascenseur, c'est vraiment un ascenseur social ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
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