Le dernier repas

**Escandélia** Mer 24 Déc - 22:00

21 heure 13: angle de la cinquième rue et de la grande avenue, le restaurant dit de l'Avenue attend ses derniers clients. Un crissement de pneus, une explosion, les gens accourent, s'affolent et crient. Le barman soulève un rideau et se penche au dehors.
A l'entrée du restaurant dit Le Grand Paradis, un homme attend, une rose à la main. Saint Pierre accueille ses nouveaux clients.
L'homme arrivé en bras de chemise, attend sa compagne. Celle ci arrive enfin.

-Terrible ! C’est terrible ! Je ne comprends pas ! Ne devrions- nous pas être à table, entrain de déguster ce fameux homard à l’américaine ?

-Si… mais laisse- moi. Je suis si faible. Et le choc a été si violent !

-Mais que font tous ces gens autour de nous ? Et cette agitation, ces uniformes ?
….
-Eux ?

-Oui

-Ce sont les pompiers

-Ah ? Nous sommes en enfer ?

-No on, j’ai si mal… je ne peux plus qu’à peine respirer. Bientôt, je vais tout te raconter. Laisse- moi le temps … un dernier soupir. Ont-ils pu prévenir les enfants. Cela va être horrible pour eux, en cette veille de Noël. Apprendre aussi brutalement qu’ils vont vivre leur pire cauchemar, eux qui se faisaient une joie de nous accueillir demain ! Mon Dieu, ai pitié de nous ! Prend soin d’eux. Maintenant je peux te raconter.

-Oui, raconte- moi ce que tu sais, car je ne me suis rendu compte de rien. Nous avons roulé tranquillement sur cette route bordée de sapins. Jusqu’à ce carrefour. Je n’ai qu’à peine entendu crier.

-Nous étions arrivés au restaurant de la Grande avenue, où tu m’avais invitée car c’était ton anniversaire.
Sur le chantier que tu venais de terminer, vous aviez fêté cela avec les copains. Tu avais déjà bu un peu. C’est la raison pour laquelle c’est moi qui conduisais.
En rentrant à la maison, tu m'as raconté ta journée, elle avait été bonne, puis tu m’avais dit : « je te laisse le volant pour la soirée, tu comprends, j’ai un peu picolé, alors, si les bleus venaient à nous contrôler, nous serions marron. »

Je t’ai écouté. Quand nous sommes partis, il était 21heure. L'orage de l'après midi s'était enfin calmé. Au dehors les étoiles scintillaient, signe de beau temps pour demain. La route n’est pas longue, depuis chez nous, à peine une dizaine de kilomètres. Devant le restaurant, j’ai voulu rejoindre le parking qui se trouve en face. C’est lorsque j’ai amorcé mon virage que la grosse voiture du caïd a coupé la notre en deux. Tu te trouvais à mes côtés, et moi je n’ai rien pu faire pour l’éviter. Tu es mort le premier, tué sur le coup. Moi j’arrive juste quelques heures après toi, histoire de mettre un peu d'ordre dans mes cheveux et refaire un brin de maquillage avant de partir. Tu vois, je ne t’ai pas abandonné. Ton anniversaire, nous le fêterons bien ensemble, mais pas où nous avions prévu. Nous ne prendrons pas notre dernier repas. C’est un autre rendez-vous que nous avons.

**Amanda.** Dim 28 Déc - 12:22

Et bien, ils se retrouvent bien malgré eux au paradis ! Belle trouvaille clap

**Escandélia** Lun 29 Déc - 6:29

2eme partie

Il est maintenant 21 h 20. Le temps s’est arrêté pour les occupants de la voiture rouge. Sur le trottoir, le couple qui s’apprêtait à franchir la porte du restaurant se retrouve projeté dans la vitrine faisant une entrée fracassante dans la salle à manger. Le 4x4 qui vient de percuter de plein fouet la petite voiture a pulvérisé leur vie.
Pendant que se pressent autour des malheureuses victimes gendarmes et pompiers, dans un coin, le chauffard ivre est interrogé par la police.
- Police Nationale, bonjour monsieur. Pour les besoins de l’enquête, je vais vous poser quelques questions. Vous aviez beaucoup bu ?
- Oui, monsieur le gendarme, mais je n’ai bu que du vin.
-Je ne vous demande pas ce que vous avez bu, mais quelle quantité.
-des litres, monsieur le gendarme, des litres !
- Il n’est pas encore un peu tôt pour avoir bu autant ?
- Chaud le vin, avec une pincée de cannelle, c’est délicieux.
- Vous aviez un peu chargé la mule, non ?
- Oui, mais nous sommes en sous effectifs alors je bois pour 2.
- Ah les conditions de travail ! C’est toujours le motif invoqué.
- Monsieur le Gendarme, je n’ai pas l’habitude de boire. C’est la fatalité. Je n’ai pas vu le feu, ni la voiture. J’ai tout vu rouge : le vin, les étoiles, la voiture, tout était rouge autour de moi.
- Où travaillez-vous ?
- Je travaille en usine, je suis chauffard- livreur.
- A quelle vitesse rouliez-vous ?
- J’en ai aucune idée. Les autres années, je tiens les rennes, pas le volant !
- A bon ? C’est quoi ce délire ?
- Oui les rennes sont moins performants que les chevaux.
- Les rennes ? Les chevaux ? Je ne vois pas le rapport…
- Le rapport, c’est celui à la vitesse ! 300 chevaux sous le capot, ça crin ! Bon, ce n’est pas tout, il faut que j’y aille, moi, j’ai encore pas mal de boulot à finir.
- Ecraser les gens, c’est ça votre boulot ? Vous travaillez au marché Saint Pierre ?
- Oui, je vois beaucoup de gens, c’est la raison pour laquelle je carbure autant, je ramone aussi pas mal, au passage…
- Des cigognes ?
- Les cigognes ? Non, les cigognes, c’est une autre histoire, une autre saison aussi.
- Comment avez-vous réagi lors de la collision ?
- J’ai crié.
- Vous avez crié ?
- Oui j’ai crié !
- Qu’avez-vous crié ?
- J’ai crié : « Le Père Noël est une ordure ! »
- C’est cela oui ! prenez-moi pour une andouille !
- Oui, Monsieur le Gendarme… je suis père-Noël.
- Suivez- moi. Vous êtes en état d’arrestation.
- Et mes cadeaux ? Qui va les livrer ? Vous peut être ?
- Vous verrez avec le juge…

**Nerwen** Lun 29 Déc - 11:44

et c'est le cas de dire sans jeu de mot lol!

.
Déjà la première partie étonnait par cette présentation originale entre le fait divers, hélas banal de nos jours, et la dimension fantastique de ces retrouvailles au Paradis, mais la deuxième atteint des sommets d'humour noir avec le personnage du Père Noël impliqué dans ce terrible accident. Quel talent

NB Je comprends maintenant pourquoi il n'est toujours pas passé chez moi !

**Escandélia** Lun 29 Déc - 12:51

Nerwen a écrit:Je comprends maintenant pourquoi il n'est toujours pas passé chez moi !

J'avais conclue mon texte par cette phrase " Vous comprenez, maintenant pourquoi vos sabots sont restés vides ? " et puis je l'ai enlevée car cela faisait plus que les 2 500 caractères autorisés, c'est balot, hein ?
Merci pour ton com Nerwen.

**July_C** Dim 4 Jan - 21:23

J'adore ! Surtout la 2ème partie !!!!!

**Admin** Lun 5 Jan - 16:27

Enfin je prends le temps de lire cette consigne .
Bravo, ton texte est excellent, il tient en haleine tout du long, et même si on se doute de la façon dont cela finit pour les deux personnes de la première partie, on reste pendu à ton stylo. Et la deuxième partie qui change complètement de ton nous amène à une chute super originale.
Un grand bravo car ce n'était pas du tout facile cette consigne Premier

Contenu sponsorisé

Le dernier repas

Le dernier repas

Re: Le dernier repas

Re: Le dernier repas

Re: Le dernier repas

Re: Le dernier repas

Re: Le dernier repas

Re: Le dernier repas

Re: Le dernier repas