Je est un autre
5 participants
Page 1 sur 1
Je est un autre
Comment te dire l'indicible.
Je ne suis pas celle que tu crois, et si je me dévoile aujourd'hui, c'est que je n'ai pas d'autre choix.
Je t'ai aimé dès le premier regard. Tu t'es invité à ma table ce jour-là, c'était par une belle journée de juin. Ton rendez-vous t'avait fait faux bond au dernier moment, tu tuais le temps, disais-tu, avant de reprendre le travail. Tu m’as remarquée, seule dans un coin de ce petit restaurant de quartier, j'avais l'air perdu disais-tu, comme parachutée dans un monde qui ne me ressemblait pas. Tu m'as demandé la permission de t'asseoir près de moi, j'ai dit oui. Tu as commandé un café, nous avons bavardé. Au moment de nous quitter, tu m'as demandé mon numéro de téléphone, j'ai pensé : pourquoi pas. J'avais besoin de me changer les idées, les derniers mois avaient été particulièrement difficiles. Tu ne savais rien de ce que je vivais, de qui j'étais et tu t'en foutais.
Moi je me traînais ce passé douloureux. Rejetée par mes amis, ma famille, j'en étais à me demander si cette vie valait la peine que je m'y accroche.
Au fil des semaines qui ont suivies, nous nous sommes revus, tu m'as redonné le sourire. Ton regard bienveillant, différent, m'a aidée à me sentir femme.
Nous sommes bien ensemble, conscients de la fragilité de ce bonheur tout neuf. Tu dis sentir chez moi une grande souffrance, tu veux que je te fasse confiance, que je lâche prise. Tu me répètes sans cesse que je n'ai pas à avoir peur. Tu as besoin de moi pour envisager l'avenir, dis-tu. Je suis la femme de ta vie.
Et moi, je t'aime au point d'en avoir mal. Je ne veux que toi auprès de moi. Je ne sais si je mérite ton amour mais si, après ce que je vais écrire, ton regard reste le même, je prendrais la chance que tu m’offres comme un miracle dans ma misérable vie, et jamais tu n'auras à regretter de m'avoir rencontrée.
Je sais que le ciel va te tomber sur la tête, je sais que le choc va être terrible, mais je ne peux garder ce secret plus longtemps, alors pardonne-moi.
Je suis née il y a 35 ans dans une famille aimante et aimée. J'ai été choyé, sans jamais pouvoir être heureuse, et sans en comprendre la raison… Jusqu'à l'adolescence. Incapable de m'adapter au monde qui m'entourait, sans savoir le formuler… Jusqu'à mes 13 ans.
Parce que, vois-tu, le drame de ma vie, c'est que je suis née garçon... Alors que tout en moi me hurlait que j'étais fille.
Comment te dire? Comment t'expliquer l'inimaginable? Ma prise de conscience, le rejet de mon entourage, ma lutte pour faire comprendre ma différence.
Puis ce fut le parcours, long, douloureux, solitaire d'un laissé pour compte qui veut corriger ce que la nature lui a infligé. Je n’ai alors eu qu’un seul objectif: devenir femme.
De traitements hormonaux en changement d'apparence, j’ai persévéré, envers et contre tous. De la première opération, qui m'a enfin libérée de cette chose que j'avais en trop et qui avait gâché ma vie, jusqu'à la dernière qui me rendait ce qui aurait dû m'appartenir depuis le début, un vagin, j’ai poursuivi sans l’ombre d’un doute. Je suis devenue à l'extérieur ce que j'étais à l'intérieur.
Il me reste un dernier combat à mener, changer mon état civil. Je veux que ce prénom que tu prononces avec tant d'amour devienne légitime.
Est-ce que tu livreras cette dernière bataille avec moi?
Je veux espérer de toute mon âme que ce sera le cas.
Pardonne-moi, Je t'aime
Je ne suis pas celle que tu crois, et si je me dévoile aujourd'hui, c'est que je n'ai pas d'autre choix.
Je t'ai aimé dès le premier regard. Tu t'es invité à ma table ce jour-là, c'était par une belle journée de juin. Ton rendez-vous t'avait fait faux bond au dernier moment, tu tuais le temps, disais-tu, avant de reprendre le travail. Tu m’as remarquée, seule dans un coin de ce petit restaurant de quartier, j'avais l'air perdu disais-tu, comme parachutée dans un monde qui ne me ressemblait pas. Tu m'as demandé la permission de t'asseoir près de moi, j'ai dit oui. Tu as commandé un café, nous avons bavardé. Au moment de nous quitter, tu m'as demandé mon numéro de téléphone, j'ai pensé : pourquoi pas. J'avais besoin de me changer les idées, les derniers mois avaient été particulièrement difficiles. Tu ne savais rien de ce que je vivais, de qui j'étais et tu t'en foutais.
Moi je me traînais ce passé douloureux. Rejetée par mes amis, ma famille, j'en étais à me demander si cette vie valait la peine que je m'y accroche.
Au fil des semaines qui ont suivies, nous nous sommes revus, tu m'as redonné le sourire. Ton regard bienveillant, différent, m'a aidée à me sentir femme.
Nous sommes bien ensemble, conscients de la fragilité de ce bonheur tout neuf. Tu dis sentir chez moi une grande souffrance, tu veux que je te fasse confiance, que je lâche prise. Tu me répètes sans cesse que je n'ai pas à avoir peur. Tu as besoin de moi pour envisager l'avenir, dis-tu. Je suis la femme de ta vie.
Et moi, je t'aime au point d'en avoir mal. Je ne veux que toi auprès de moi. Je ne sais si je mérite ton amour mais si, après ce que je vais écrire, ton regard reste le même, je prendrais la chance que tu m’offres comme un miracle dans ma misérable vie, et jamais tu n'auras à regretter de m'avoir rencontrée.
Je sais que le ciel va te tomber sur la tête, je sais que le choc va être terrible, mais je ne peux garder ce secret plus longtemps, alors pardonne-moi.
Je suis née il y a 35 ans dans une famille aimante et aimée. J'ai été choyé, sans jamais pouvoir être heureuse, et sans en comprendre la raison… Jusqu'à l'adolescence. Incapable de m'adapter au monde qui m'entourait, sans savoir le formuler… Jusqu'à mes 13 ans.
Parce que, vois-tu, le drame de ma vie, c'est que je suis née garçon... Alors que tout en moi me hurlait que j'étais fille.
Comment te dire? Comment t'expliquer l'inimaginable? Ma prise de conscience, le rejet de mon entourage, ma lutte pour faire comprendre ma différence.
Puis ce fut le parcours, long, douloureux, solitaire d'un laissé pour compte qui veut corriger ce que la nature lui a infligé. Je n’ai alors eu qu’un seul objectif: devenir femme.
De traitements hormonaux en changement d'apparence, j’ai persévéré, envers et contre tous. De la première opération, qui m'a enfin libérée de cette chose que j'avais en trop et qui avait gâché ma vie, jusqu'à la dernière qui me rendait ce qui aurait dû m'appartenir depuis le début, un vagin, j’ai poursuivi sans l’ombre d’un doute. Je suis devenue à l'extérieur ce que j'étais à l'intérieur.
Il me reste un dernier combat à mener, changer mon état civil. Je veux que ce prénom que tu prononces avec tant d'amour devienne légitime.
Est-ce que tu livreras cette dernière bataille avec moi?
Je veux espérer de toute mon âme que ce sera le cas.
Pardonne-moi, Je t'aime
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: Je est un autre
C'est une situation bien délicate...Oui c'est imaginable... Pauvre gars, pauvre fille... je n'aimerais être à la place; ni de l'un ni de l'autre.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Je est un autre
C'est une mise à l'épreuve en tout cas, tu seras fixé(e) sur ses sentiments. Et peut être que lui aussi, après tout, il est né(e) fille avant de devenir gars, et qu'il n'en a rien dit !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Je est un autre
Tu comprendras que je ne m'attendais pas du tout à cette fin Admin.
J'aime beaucoup ton texte écrit avec pudeur. Je connais des parents qui ont dû affronter cette situation. Je ne sais pas comment la jeune fille - c'est le contraire ici - a vécu ces années terribles mais pour ses parents, cela a été très lourd et effrayant. Bravo en tout cas d'avoir pris cet exemple dont on parle peu.
J'aime beaucoup ton texte écrit avec pudeur. Je connais des parents qui ont dû affronter cette situation. Je ne sais pas comment la jeune fille - c'est le contraire ici - a vécu ces années terribles mais pour ses parents, cela a été très lourd et effrayant. Bravo en tout cas d'avoir pris cet exemple dont on parle peu.
Invité- Invité
Re: Je est un autre
Ton texte parle avec talent d'une problématique qu'on rencontre parfois dans les médias ( J'exclus les marchands de ragots et de racolage... )
J'imagine que la souffrance que tu décris doit être difficile à surmonter, mais là comme ailleurs, l'espoir semble permis...
J'imagine que la souffrance que tu décris doit être difficile à surmonter, mais là comme ailleurs, l'espoir semble permis...
silhène- Kaléïd'habitué
- Humeur : la meilleure possible....
Re: Je est un autre
Moi aussi je souhaiterais un heureux dénouement à cet amour immense que tu décris si bien.
Hélàs, c'est un problème drôlement compliqué pour tout le monde.
J'aime ton texte parce que tu en parles avec délicatesse et que tu nous amènes à toucher le fond du problème par petites touches, comme si tu ne voulais pas nous" choquer" tout de suite
Hélàs, c'est un problème drôlement compliqué pour tout le monde.
J'aime ton texte parce que tu en parles avec délicatesse et que tu nous amènes à toucher le fond du problème par petites touches, comme si tu ne voulais pas nous" choquer" tout de suite
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum