A. Instants dans le métro
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AlainX
Myrte
6 participants
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A. Instants dans le métro
Ca ne raisonne pas comme dans une cathédrale.
Les bruits sont plutôt sourds.
Parfois ils sont stridents et me vrillent le cerveau.
Pourtant, dans ce décor de nuit, s’élève une musique céleste.
Les voix d’un choeur venu de nulle part.
Un chant qui caresse l’âme.
Des sons divins qui me font aimer être là, sur ce quai froid.
Il est assis sur le bord de ce quai froid.
Elle lui avait dit on se voit jeudi mais elle n’est pas venue.
Il ne l’a plus jamais revue.
Les rames passent, s’arrêtent et repartent et, lui, reste là.
Ils sont quatre, assis face à face sur les banquettes en skaï brun.
Ils ont un regard vide qui ne se pose sur rien.
Sauf elle qui est plongée dans un livre.
Je cherche à lire le titre mais suis trop loin.
Ils ne sont ni là ni ailleurs.
Elle seule voyage dans le roman, un sourire au coin des lèvres.
Je me tiens à la barre.
Les mouvements d’accélération de la rame me déséquilibrent.
Je pense aux millions de mains qui ont tenu cette barre.
Je pense aux millions de microbes qui s’y sont fixés.
Je pense aux lingettes désinfectantes dans mon sac.
Penser à me nettoyer les mains en sortant du métro.
Aux zones les plus sombres du tunnel noir et crasseux, des artistes anonymes ont tagué des arabesques colorées.
Des graffitis sortis du néant pour enchanter les parois humides.
Des citations pour faire murmurer les murs muets.
La rame ralentit, j’ai juste le temps de lire :
« Ecrire c’est rendre le sommeil aux mots. La page est le dortoir, alors le rêve prend les rênes et tu peux boire à l’étape. »
M’en souvenir et rechercher l’auteur*.
* Edmond Jabès
Les bruits sont plutôt sourds.
Parfois ils sont stridents et me vrillent le cerveau.
Pourtant, dans ce décor de nuit, s’élève une musique céleste.
Les voix d’un choeur venu de nulle part.
Un chant qui caresse l’âme.
Des sons divins qui me font aimer être là, sur ce quai froid.
Il est assis sur le bord de ce quai froid.
Elle lui avait dit on se voit jeudi mais elle n’est pas venue.
Il ne l’a plus jamais revue.
Les rames passent, s’arrêtent et repartent et, lui, reste là.
Ils sont quatre, assis face à face sur les banquettes en skaï brun.
Ils ont un regard vide qui ne se pose sur rien.
Sauf elle qui est plongée dans un livre.
Je cherche à lire le titre mais suis trop loin.
Ils ne sont ni là ni ailleurs.
Elle seule voyage dans le roman, un sourire au coin des lèvres.
Je me tiens à la barre.
Les mouvements d’accélération de la rame me déséquilibrent.
Je pense aux millions de mains qui ont tenu cette barre.
Je pense aux millions de microbes qui s’y sont fixés.
Je pense aux lingettes désinfectantes dans mon sac.
Penser à me nettoyer les mains en sortant du métro.
Aux zones les plus sombres du tunnel noir et crasseux, des artistes anonymes ont tagué des arabesques colorées.
Des graffitis sortis du néant pour enchanter les parois humides.
Des citations pour faire murmurer les murs muets.
La rame ralentit, j’ai juste le temps de lire :
« Ecrire c’est rendre le sommeil aux mots. La page est le dortoir, alors le rêve prend les rênes et tu peux boire à l’étape. »
M’en souvenir et rechercher l’auteur*.
* Edmond Jabès
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Instants dans le métro
Une balade en métro, mi-figue mi-raisin…
j'aime bien ce balancement au rythme de la rame.
Et puis il y a quelques petites perles disséminées.
Celle-ci par exemple :
Des graffitis sortis du néant pour enchanter les parois humides.
qui me plaît bien…
j'aime bien ce balancement au rythme de la rame.
Et puis il y a quelques petites perles disséminées.
Celle-ci par exemple :
Des graffitis sortis du néant pour enchanter les parois humides.
qui me plaît bien…
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Instants dans le métro
J'aime beaucoup ce voyage en métro, avec le changement de point de vue où l'on passe des quais à la rame, tour à tour spectateur puis voyageur. La touche finale constituée par la phrase d'Edmond Jabès est une belle trouvaille.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Instants dans le métro
Je pense aux millions de mains qui ont tenu cette barre.
Je pense aux millions de microbes qui s’y sont fixés.
Dans le métro, au fil des générations, il est passé des dizaines de millions de personnes
Quant aux microbes, peut-être se neutralisent-ils les uns les autres ?
Sans quoi, il y aurait fort longtemps qu'ils nous auraient "bouffés" !
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Instants dans le métro
Tu apporte au voyage en métro une certaine poésie, mais franchement je préfère la marche à pieds
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A. Instants dans le métro
Jolie petite ballade en métro avec des yeux à la fois curieux et rêveurs.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
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