A. Les plaisirs de Sidonie

Sidonie Duchapeau-Lapaille, bien qu'elle appartienne à la meilleure des bourgeoisies, avait toujours aimé faire une pipe. Bien évidemment ce n'était pas du goût de tout le monde dans la famille. Passe encore que l'on puisse faire cela dans des endroits discrets, à l'abri des regards, mais, tout de même, dans le salon !

Madame sa mère n'en revenait pas. Était-ce là conforme à la bonne éducation qu'elle lui avait inculquée ? Sous quelle influence maléfique sa fille en était-elle arrivée à de telles pratiques ?
Lorsqu'elle s'indigna auprès de son vénéré mari, pour qu'il intervint, ce dernier fit remarquer en haussant dédaigneusement  les épaules :
— « Mais, moi aussi, j'aime bien les pipes ! »

Il faut avouer que Madame la mère de Sidonie n'était pas particulièrement ce que l'on pourrait appeler une femme moderne. Élevée chez les sœurs de la congrégation du Saint Prépuce, on lui avait appris le respect des pratiques légitimes et des bonnes mœurs que la religion invite à observer scrupuleusement. Il était donc hors de question que Mademoiselle sa fille continuât dans la déviance.

Cependant, Sidonie n'en avait cure. Comme chaque jour, après la collation de fin de journée, elle se rendit au salon pour pratiquer ce qu'elle aimait par-dessus tout. Elle s'allongea sur le sofa, pris la pose adéquate, prête pour ce plaisir suprême qu'elle n’allait pas tarder à partager avec son amant.

Lorsque celui-ci arriva, il sortit l’attirail nécessaire. Déjà Sidonie se pâmait rien qu’à l'odeur. Quand il commença à la bourrer, Sidonie ne put s'empêcher de penser que ses doigts faisaient merveille, et tout en observant elle commença à tirer la langue, à mouiller ses lèvres et à soupirer des plaisirs qui s'annonçaient.

Lorsque la pipe en terre fut bourrée, son amant l’alluma aussi gracieusement qu'il avait mit le tabac dans le fourneau, tira une bouffée et tendit la pipe à Sidonie. Celle-ci l'enfourna entre ses lèvres sensuelles et aspira la fumée délicieusement odorante.