A.Mon frère

Article 5  
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Mon frère.

Il s’appelait Thierry, 7ème d’une fratrie de 9 enfants.
J’avais 4 ans quand il est né .
Petit, c’était déjà un très beau petit garçon avec ses cheveux dorés bouclés. Il faisait la fierté de mon père tant il était vif et intelligent. Il entra d’ailleurs à l’école primaire à  l’âge de 5 ans tant le directeur de l’école qui était un ami de mes parents, avait été frappé par cet enfant hors norme. Il avait dit textuellement ( je m’en souviens comme si c’était hier) à mon père : «  Je le veux en septembre  dans mon école »

Chose dite chose faite. Et de fait il  se montra tout de suite très brillant malgré qu’il il revenait souvent le soir à la maison, taché d’encre !
Il avait beaucoup de personnalité , ce frère, et ne se laissait pas faire. C'était un dominant . Aussi supportait-il très mal qu’on le taquine sur la couleur de ses cheveux dorés devenus roux bruns avec les années.

Nous, les enfants,  comme tous les enfants, je suppose, dans une famille nombreuse, n’étions pas toujours très gentils  ou charitables  entre nous .
Un jour, au repas, je ne sais qui, avait ainsi traité Thierry,  à la suite de je ne sais plus quelle dispute, de « roux carotte bouclé » . Il est aussitôt, entré alors dans une rage folle  d’autant plus qu’une tante célibataire s‘est cru obligée d’en rajouter une en lui disant : »Il faut avoir bon caractère ».
 Cette remarque déplaisante a mis le feu au poudre . Il a quitté la table en criant et est monté dans sa chambre en claquant la porte violemment.

Mes parents auraient du intervenir en nous réprimandant nous, ses frères et sœurs et la tante de ce manque de gentillesse à son égard.
Ils se sont tus.
Il était roux et alors ?
Il était beau comme un dieu.

Plus tard  sa vie devint un enfer quand en humanité ,il fut mis en pension dans une école réputée pour son enseignement  et tenue par des bénédictins où là, lui et d’autres élèves   furent  l’objet d’abus sexuels commis par l’un de ces curés.
Mes parents n’en ont jamais  rien su …

Le monstre n’a donc  jamais été interpellé par quiconque, ni par l’Eglise catholique  ni par la justice.

Je ne vous raconte pas la fin de l’histoire, elle est trop triste.
Tu vois Thierry , Je ne t’ai jamais oublié.

Je ne sais que dire après cette lecture, je suis sans voix, et si horrifiée par les,abus en tout genre subis par des enfants .
Merci de ta confiance Charlotte et une énorme pensée à ton frère Thierry et à tous ceux qui comme lui ont eu leur enfance volée

Comme ton texte est émouvant, Charlotte, et comme ton frère a dû souffrir de toutes ces moqueries et ensuite de ce que tu nous laisses deviner...

Merci à toi pour ce témoignage.

C'est très courageux de ta part de parler  de ton frère "martyr" si j'ose aller jusque là. Le mal qu'on a fait dans les belles et chics écoles catholiques et que l'on tait encore maintenant est une atteinte monstrueuse aux droits des enfants. Le mal que l'on se fait en famille, même par de petites phrases "insignifiantes" aussi.

Je suis aussi révoltée que toi par tout cela. J'espère que ton frère a pu surmonter...

Il y a de quoi se révolter après la lecture d'un tel récit.
C'est un sujet très vaste que cet article 5.
Tu nous offres là un poignant témoignage.

Un texte dont on termine la lecture en serrant les dents, et j'ai du dégoût pour la lâcheté de ce curé qui a fait basculer le destin de ton frère. Un témoignage poignant Charlotte.